Le 26 août 1970 signait la naissance du Mouvement de libération des femmes. Une manifestation destinée à lutter contre toutes les formes d’oppressions, de misogynie et de sexisme envers les femmes. Mais qui est derrière ce mouvement féministe ? À quoi sert-il ? Existe-t-il toujours ? Décryptage.
C’est quoi le Mouvement de libération des femmes ?
Le mouvement de libération des femmes (MLF) est né de la remise en cause de la condition et de la place de la femme au sein de la société. Le MLF est l’expression de revendications féministes et incarne la lutte contre toutes formes d’oppression et de misogynie envers les femmes, découlant du système patriarcal.
Derrière cette abréviation se dessinent des militantes qui veulent mettre fin au patriarcat. Elles revendiquent l’égalité entre les femmes et les hommes pour tous les droits, qu’ils soient moraux, sexuels, juridiques ou économiques. Elles exigent notamment, leur droit de disposer librement de leurs corps et militent pour le droit à la contraception et à l’avortement. C’est la révolution !
Un mouvement féministe inspiré des États-Unis
Si le MLF s’inscrit dans le paysage français, il prend son inspiration des manifestions militantes et féministes des États-Unis. En effet, déjà en 1960 aux États-Unis, les féministes revendiquaient leurs droits et luttaient contre le sexisme et le patriarcat au travers du mouvement « Women’s Libération Movement » (WLM), en français « Mouvement de libération des femmes ».
Le 26 août 1970, date de création du MLF en France, le WLM célébrait les 50 ans du droit de vote des femmes. À cette occasion 50 000 New-Yorkaises sont descendues dans les rues pour revendiquer l’égalité femmes-hommes et ont manifesté contre le devoir conjugal. Un événement qui a traversé les frontières et a résonné dans l’esprit de 9 militantes françaises.
En soutien à la Women’s Libération Movement, Monique Wittig, Christine Delphy, Christiane Rochefort et Anne Zelensky-Tristan décident de déposer une berge de fleurs au pied de l’Arc de Triomphe, à Paris, à la femme du soldat inconnu. Elles brandissent des banderoles sur lesquelles y sont inscrits des slogans militants comme « Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme.”
Un acte militant dont les médias et les journaux s’emparent et titrent la naissance du Mouvement de Libération des femmes.
Comment s’organise ce mouvement ?
Si cet événement a clarifié la naissance de ce mouvement, des réunions non mixtes s’organisaient déjà dans le but d’aborder ces questions. Toutefois, c’est la première assemblée générale de 1970 qui marque le point de départ du MLF.
Le credo ? Obtenir un avortement libre et gratuit et accéder à la contraception. Lutter contre le sexisme et les violences conjugales et sexuelles.
Ainsi, ce mouvement s’inscrit dans une vision émancipatrice de la femme et vise à créer une rupture de l’ordre social établi. Les féministes s’inspirent, notamment, de la pensée révolutionnaire et marxiste. Elles utilisent des slogans drôles et pertinents pour se faire entendre, comme « un homme sur deux est une femme », « travailleurs de tous les pays… qui lavent vos chaussettes ? » et « une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette ».
Certaines vont même signer le Manifeste des 343, publié dans le Nouvel Observateur le 5 avril 1971. 343 femmes, dont Catherine Deneuve, Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi déclarent avoir avorté. En signant ce manifeste, elles luttent pour l’instauration de l’avortement, qui à l’époque était complètement interdit.
Qu’est devenu ce mouvement féministe ?
Malheureusement ce groupement s’essouffle vers la fin des années 70. Le MLF fait face à des divergences d’opinions, qui séparent les militantes. Mais, des groupes régionaux s’emparent des combats initiaux et les portent au niveau politique.
L’arrivée de François Miterrand au pouvoir, en 1981, permet la création d’un ministère délégué aux Droits de la femme avec Yvette Roudy ainsi que celle de la Journée internationale des droits de la femme, qui permettent de faire avancer la cause du MLF. Aujourd’hui, de nombreuses associations combattent et dénoncent au quotidien le sexisme ambiant présent tant, dans notre société en général, qu’au sein des familles.
Si le Mouvement de libération des femmes n’existe plus en tant que tel, les mouvements féministes continuent leur combat à travers le monde. Leurs revendications se font entendre, notamment au travers des mouvements 2.0 comme #metoo ou #balancetonporc. De nouveaux enjeux féministes voient également le jour, tels que le voile et la religion. Le féminisme est-il en mutation ? Échangeons à ce sujet, sur notre forum.