Déconstruire les normes sexistes : l’affaire de tou·te·s ?

Vous connaissez tou.te.s cette phrase qui dit : « il faut de tout pour faire un monde ». Apparemment, dans ce « tout », le sexisme envers les femmes était nécessaire pour bâtir notre monde. Être une femme a toujours été un combat au quotidien, au travail, à la maison ou dans l’espace public. Se faire respecter, obtenir le droit de vote, avoir le même salaire, accéder au même poste que les hommes… sont des droits pour lesquelles les femmes ont dû se battre durant des décennies. La faute à qui ? Une société baignée dans des préjugés et des stéréotypes dans lesquels se complaisent certaines personnes.

Aujourd’hui on veut, et pour tous les autres jours, dire stop aux stéréotypes et au sexisme banalisé. Lutter contre le sexisme est l’affaire de tou.te.s.

Du sexisme jusque dans nos neurones

Si les préjugés et les stéréotypes sur l’intelligence des femmes sont encore présents en 2022, c’est bien parce que des études rudimentaires ont été menées et ont cultivé des mythes. Pour enfoncer le clou encore plus fort et trouver des raisons soi-disant valables à l’infériorisation de la femme, pourquoi ne pas utiliser des mythes scientifiques non avérés, anciens et farfelus pour le prouver ?

L’une des considérations les plus anciennes prétend par exemple que si le cerveau de la femme est plus petit que celui de l’homme, c’est la preuve de son infériorité intellectuelle. Pire encore, en 1980 les scientifiques s’intéressaient aux différences du corps calleux, élément du cerveau pour communiquer entre l’hémisphère gauche et droit, entre hommes et femmes. La conclusion a été qu’il était plus important chez la femme et a servi à justifier toutes sortes de stéréotypes.

Ainsi, si les femmes sont soi-disant plus émotives et intrinsèquement « illogiques », ce serait à cause de l’hémisphère droit « émotionnel » qui interfère avec le traitement dans l’hémisphère gauche, plus froid et rationnel.

Bien que dans les faits, le cerveau de la femme est en effet en moyenne 10 % plus petit que celui des hommes, cette hypothèse pose problème. Si l’on réfléchit ainsi, les cachalots et les éléphants, qui ont un cerveau plus grand que celui des hommes, devraient ainsi être plus intelligents. Or, ils ne sont pas réputés pour être plus futés que les humains. N’oublions pas non plus que le cerveau d’Einstein était plus petit que celui de l’homme dit moyen. Avons-nous besoin de vous rappeler son intelligence ?

En outre, des études montrent qu’il n’existe pratiquement aucune différence moyenne entre l’intelligence ou les traits de comportement des hommes et des femmes.

Moralité, arrêtons de cultiver les clichés de la blonde et de l’homme plus brillant que la femme. Car, oui ces clichés perdurent toujours en 2022 et deviennent une réalité même pour les enfants. En effet, une enquête américaine réalisée en 2020, auprès d’hommes, de femmes et d’enfants âgé.e.s de 9 à 10 ans, sur les stéréotypes de genre, a montré invariablement que de nombreux.ses participant.e.s portaient en eux/elles le stéréotype implicite qui associait plus le génie aux hommes qu’aux femmes.

Une société baignée dans le sexisme

Si le sexisme et les inégalités existent encore et toujours, c’est bien parce qu’ils fleurissent dans notre société. Et que nous grandissons parfois avec, au travers de notre éducation. Si certain.e.s pensent encore que nos modes et schémas de pensées ne sont dictés que par notre cerveau et notre sexualité, détrompez-vous. Notre cerveau est plastique et se construit par les différentes expériences autour de lui.

Si dès votre plus jeune âge on vous explique que « le rose c’est pour les filles » et « le bleu pour les garçons », ce n’est pas parce que vous êtes une femme ou un homme que vous pensez toujours ainsi, c’est à cause de votre éducation.

« Encore aujourd’hui, le domaine des jouets est peut-être un des plus genrés dans l’éducation des enfants. Il existe un monde ludique « de garçons » et un monde ludique « de filles ».  (…) Le problème avec cette binarité, c’est qu’on pousse les enfants à développer des rôles de genre traditionnels. (…) », explique en ce sens Manuella Spinelli, autrice de « Éduquer sans préjugés », à La maison des marternelles

Gina Rippon, neuroscientifique, explique d’ailleurs que dès la naissance les comportements d’enfants sont sexuellement catégorisés. Les petit.e.s sont comme elle le dit si bien, « de minuscules éponges qui absorbent des informations sociales », et l’adoption de ces comportements genrés paraît finalement « normale ».

Les médias & la publicité : le combo sexiste

Mais les couleurs ne sont pas les seuls stéréotypes que porte notre société. La publicité et les médias ont depuis longtemps joué un rôle majeur dans la sexualisation et l’infériorisation de la femme.

Les médias permettent de gérer la relation entre notre cerveau et notre environnement. Ils sont des agrégateurs d’images, et en aucun cas le reflet exact du réel. Éric Macé, chercheur associé au CADIS (EHESS) et enseignant à la faculté de sociologie de l’université de Bordeaux parle, à ce propos, de « médiation médiatique ».

Les médias représentent une voie majeure de socialisation. Les représentations qu’ils génèrent constituent un mode de connaissance, mais contribuent dans le même temps à l’élaboration des identités individuelles et sociales, à la diffusion de normes, conduites et valeurs.

Ainsi, les images sont un moyen puissant dont dispose l’être humain pour commencer à construire et ordonner son monde intérieur. L’image a le pouvoir de transformer le.a spectateur.rice et peut entraîner le.a jeune lecteur.rice à s’identifier aux modèles proposés.

Or, dans notre société, et ce depuis l’Antiquité, la femme est associée à un objet de désir, aux tâches domestiques, à la mère au foyer et nous en passons. Résultat : notre société regorge de personnes stéréotypées, même en 2022.

Pourquoi déconstruire les stéréotypes de genre ?

Dans notre société, les stéréotypes de sexes sont très dommageables pour les filles. Les fonctions dites « masculines » attribuées aux hommes sont clairement plus valorisées socialement, par rapport à celles associées aux femmes. Les clichés masculins tournent autour de la force, le courage, l’action, l’entrepreneuriat, la raison, l’héroïsme… Or, le principe des stéréotypes et d’opérer de manière exclusive. Si les hommes ont ces qualités, alors les femmes pas du tout.

Inversement, les qualités associées aux femmes penchent du côté de la douceur, des soins, de la fragilité, de la crédulité et de la passivité. Tous ces stéréotypes ont alors des conséquences sur la perception de soi et des autres et contribuent au maintien des inégalités homme/femme :

  • les filles et les femmes sont vues et se voient comme faibles, voire même comme des « objets », ce qui mène à des agressions sexuelles de la part des garçons
  • les femmes sont sous-représentées ou pas du tout représentées dans les fonctions à responsabilité. Leur rémunération est plus faible que celles des hommes pour le même poste et les mêmes compétences.
  • les enfants (et adultes), qui ne rentrent pas dans les « cases », peuvent être victimes d’exclusion, de harcèlement et de violences.

Ainsi, il est très important et nécessaire d’apprendre aux enfants, dès leur plus jeune âge, la différence culturelle et de déconstruire avec eux les clichés. Cela évitera des généralisations outrancières et réductrices. En éduquant autrement, vous pourrez lutter, à votre échelle, contre les inégalités de traitement et les violences faites aux femmes et aux personnes appartenant à des communautés différentes. Déconstruire les normes sexistes est l’affaire de tou.te.s !

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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