Tout au long de l’histoire, les femmes ont apporté des contributions remarquables au domaine de la science. Sauf que leurs réalisations restent souvent éclipsées ou attribuées à leurs homologues masculins. Et malgré les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes, un phénomène persistant connu sous le nom « d’Effet Matilda » continue d’influencer la reconnaissance et la visibilité des femmes dans le domaine scientifique. Découvrons ce phénomène sociétal et comment promouvoir une véritable égalité des chances dans le monde scientifique.
Qu’est-ce que l’Effet Matilda ?
Si on demande aux Français.es de citer des noms de femmes scientifiques, iels citeront bien sûr Marie Curie. Mais les autres ? Il y a plein de brillantes chercheuses qui ont réalisé des découvertes majeures ! Malheureusement, leur génie a souvent été occulté et relégué dans l’ombre de leurs homologues masculins.
Et c’est cette tendance à l’appropriation du travail des femmes par leur mari, leur supérieur ou leur collègue masculin qui est connue sous le nom « d’Effet Matilda ». Si pour certaines leurs contributions sont reconnues des années plus tard, pour la majorité, les femmes restent effacées de l’histoire…
D’où vient l’Effet Mathilda ?
C’est au début des années 1980 que Margaret Rossiter, une historienne des sciences américaine, théorise ce concept. Elle souhaite rendre hommage à Matilda Joslyn Gage, une militante féministe du XIXe siècle qui avait observé cette récurrence d’appropriation de la pensée intellectuelle des femmes.
L’Effet Matilda fait ainsi écho à l’Effet Matthieu. Une théorie qui aborde le maintien de la domination des plus riches sur les plus pauvres dans le système. Et au fil du temps, ce concept a découlé sur d’autres domaines comme l’éducation, l’économie et la science.
Trotula de Salerne, la première touchée par cet effet au Moyen-âge
L’un des exemples les plus anciens remonte au Moyen Âge. Lorsqu’un traité de médecine gynécologique rédigé par la doctoresse italienne Trotula de Salerne fut attribué à un médecin homme au XIe siècle.
Pourquoi ? Car à cette époque, l’idée qu’une femme puisse exercer cette profession était inconcevable. Par la suite, à la Renaissance, des femmes furent même accusées de sorcellerie et traduites en justice ! Tout simplement parce qu’elles ont découvert des remèdes miraculeux qui semblaient bien plus efficaces que ceux prescrits par les médecins hommes. Eh oui, ça paraît fou et inimaginable, mais cet effet est bien réel…
3 femmes scientifiques touchées par l’Effet Matilda
L’effet Matilda a contribué à renforcer à tort le stéréotype selon lequel les professions techniques et scientifiques sont principalement masculines. Cependant, de nombreux exemples de femmes brillantes dans le domaine des sciences existent pour contredire cette idée reçue.
Des pionnières telles qu’Émilie du Châtelet, Ada Lovelace, Katherine Johnson et Françoise Barré-Sinoussi ont marqué l’histoire avec leurs contributions significatives et ont prouvé que les femmes ont toute leur place dans ces domaines. Alors voici l’histoire de 3 femmes qui ont marqué l’histoire grâce à leur génie !
Marthe Gautier
C’est une scientifique française qui a réalisé une découverte très importante dans le domaine de la génétique. En 1959, elle a identifié une anomalie génétique appelée « trisomie 21 » (ou syndrome de Down). Elle a remarqué que les personnes porteuses de ce syndrome ont une copie supplémentaire du chromosome 21, au lieu des deux normalement présentes.
Cette découverte a été révolutionnaire, car elle a permis de mieux comprendre les causes de ce syndrome et d’ouvrir la voie à de futures recherches médicales. Ainsi, grâce à son travail, de nombreuses avancées ont été réalisées pour aider les personnes porteuses de trisomie 21 et améliorer leur qualité de vie.
Cependant, lors d’un séminaire de recherche au Canada en 1958, un homme a injustement annoncé cette découverte comme sienne. Ignorant ainsi le travail réalisé par Marthe Gautier. Ce n’est qu’en 2018 qu’elle a finalement été honorée de la Légion d’honneur, après une longue attente.
Jocelyn Bell
Jocelyn Bell est une scientifique britannique qui a fait une découverte importante dans le domaine de l’astronomie. En 1967, alors qu’elle était étudiante en doctorat, elle a détecté des signaux mystérieux venant de l’espace. Ces signaux étaient très réguliers et provenaient d’une source inconnue. Après de nombreuses observations et analyses, elle a réalisé qu’elle avait découvert les premiers pulsars, des étoiles à neutrons qui émettent des pulsations régulières.
Cette découverte a eu un grand impact dans le domaine de l’astrophysique et a ouvert de nouvelles perspectives de recherche. Cependant, en 1974, c’est son superviseur de thèse, Antony Hewish, qui a reçu le prix Nobel de physique pour cette découverte…
Lise Meitner
Lise Meitner est une des pionnières de la recherche sur la physique nucléaire. Dans les années 1930, son collègue Otto Hahn et elle effectuaient des expériences sur les noyaux atomiques. Iels ont découvert qu’en bombardant un noyau d’uranium avec des neutrons, il pouvait se diviser en deux parties plus petites. Cela s’appelle la fission nucléaire.
Cette découverte a ouvert la voie à des développements importants dans le domaine de l’énergie nucléaire. Et a également joué un rôle crucial dans le développement de la bombe atomique. Malheureusement, bien que Lise Meitner ait été une contributrice majeure à cette découverte, son collègue Otto Hahn a reçu seul le prix Nobel de chimie en 1944 pour leur travail. C’est injuste, car Meitner aurait également mérité d’être récompensée pour ses contributions.
Ainsi, l’Effet Matilda met en lumière un problème persistant dans le domaine scientifique : la marginalisation et l’invisibilisation des contributions des femmes. Il est donc essentiel de reconnaître et de célébrer le travail des femmes scientifiques pour favoriser une plus grande équité dans ce domaine. En mettant en lumière l’effet Matilda, nous espérons encourager un changement de mentalité et une plus grande reconnaissance des femmes dans les Sciences (et partout ailleurs) !