Sur la toile on vogue entre contenus déjantés, photos décalées, vidéos en faveur des causes oubliées… une véritable caverne d’Ali-Baba qui délie les voix et fait vibrer la créativité de personnes lambdas. Mais comme un joyau au milieu de cette fourmilière d’idées, Laetitia Ky se démarque. Cette jeune ivoirienne façonne sa crinière noire et la transforme en message fort. De mèche avec le féminisme, elle se sert de ses coiffures originales pour mettre un terme à la haine raciale, aux violences conjugales et à l’ère patriarcale.
Laetitia Ky, l’artiste millénaire qui sculpte ses cheveux
Suivie par plus de 345 000 abonnés, Laetitia Ky a forgé une nouvelle forme de militantisme qui mêle art capillaire et affirmation de soi. Bien loin de s’arracher les cheveux pour réaliser ses oeuvres, elle puise simplement son inspiration au coeur de la société actuelle. D’un revers de main et deux trois coups de brosse elle met à plat sujets tabous et préjugés.
L’ivoirienne de 23 ans passe au peigne fin les phénomènes sociaux récents mais aussi ceux qui restent ancrés depuis trop longtemps dans les moeurs. Sur son feed, elle dénonce avec objectivité le body shaming, la haine envers la communauté noire ou encore les mutilations génitales.
Dénouer les noeuds de la société, son objectif premier
Véritable Picasso des temps modernes, Laetitia passe près de 3h à dompter ses cheveux pour qu’ils se transforment en véritable tableau aux multiples scénarios. Sa passion pour cet art peu commun a pris forme lorsqu’elle avait 5 ans. Près de 20 ans plus tard, ses cheveux ont grandi. Désormais ils laissent entrevoir des sculptures plus imposantes et éveillent davantage les prises de conscience. L’émancipation féminine en guise d’emblème, elle donne naissance à des situations évocatrices allant du mouvement #MeToo à octobre rose en passant par le body positivisme.
Dans ses tresses se dessinent des formes féminines, et un sexe déversant du sang rouge vif. Une incarnation des menstruations à la fois esthétique et symbolique. Sous cette photo, elle y mentionne les injustices faites envers les femmes. Elle veut renverser les diktats de la société qui enrôle les femmes dans cette envie de se rapprocher d’un idéal.
Véritable as du peigne, elle épingle les paroles dégradantes envers le corps féminin et met en lumière le charme de ces courbes ensorcelantes.
“J’ai parfois blâmé ce corps, cette biologie qui fait de moi une femme. Ce vagin, cet utérus, ces seins et tous ces éléments qui font de moi une femme… cette biologie qui me fait vivre tant de discriminations. Mais il n’y a pas de raison de le blâmer parce que c’est un beau cadeau. Aujourd’hui, je veux le célébrer”.
Ce discours inspirant et sans filtre est une ode à toutes les femmes, qu’elles soient rondes, fines, petites ou grandes.
La jeune africaine n’a pas froid aux yeux et revendique certaines de ses sculptures comme le miroir de certains déboires. Comme ces deux silhouettes qui s’embrassent et se reflètent dans un oeil baigné de larmes. Cette réalisation n’est autre qu’un écho à l’adultère.
À chaque publication, une note personnelle de Laetitia, un fragment de son opinion qui nous invite à la réflexion. Ici, on peut lire : « Nous disons toujours aux femmes : Ne sortez pas avec un homme marié, voler les maris des gens est mauvais, évitez de rompre le mariage… Les hommes ne sont pas des objets inanimés qui peuvent être volés comme une voiture. Ils sont parfaitement conscients de leurs actions. Lorsqu’ils décident de tromper leur partenaire, ils le font consciemment. Pourquoi blâmer l’autre femme alors que c’est lui qui s’est engagé envers son partenaire ? »
Dans le grand bain de la vie, Laetitia Ky nous inonde d’ondes positives et nous plonge dans un militantisme féministe novateur. Son compte est une caricature de notre époque mais surtout une arme puissante pour démanteler les âmes intolérantes et fermées d’esprit.
