Lancée par Priscillia Routier Trillard début septembre, The Sorority est une application virtuelle visant à favoriser l’entraide entre les femmes et les minorités de genre dans la vie réelle. Face aux harcèlements, aux agressions sexistes et sexuelles, dans l’espace public comme à la maison, ces femmes pourront compter sur un coup de pouce direct d’une personne autour d’elles. Cette application mobile gratuite entend ainsi crée un espace de sécurité et de bienveillance à travers le monde. On vous en parle.
La technologie, un outil pour agir dans la vie réelle ?
The Sorority est la technologie qui nous incite à passer à l’action dans la vie réelle. Cette application, lancée début septembre 2021, permet aux minorités de genre de s’entraider concrètement en cas de harcèlement, d’agression ou de violences sexistes et sexuelles. Si une femme est en danger, « ses sœurs » feront tout pour arrêter l’agresseur à temps.
The Sorority (la sororité en anglais, soit la solidarité entre femmes) est un projet réalisé par Priscillia Routier Trillard, une Parisienne de 33 ans. Son idée a germé en mars 2019, lorsqu’elle vivait un deuxième burn-out. Épuisée, la jeune femme rencontre une médecin qui lui dit les mots qu’il fallait : « Arrête, je te crois. Ce que tu as est réel. Je vais t’aider. » À partir de là, elle comprend la force de la bienveillance, et lit énormément, notamment « Âme de sorcière ou La magie du féminin » d’Odile Chabrillac. Ce livre qui traite de la sororité va la marquer et l’inciter à appliquer le concept de manière concrète.
« J’ai constaté que les femmes étaient soumises à un grand nombre d’inégalités, d’injustices et de violences dans leur vie de tous les jours : au travail, à l’école, dans la rue, chez elles. Et je trouvais cela fou que nous continuions tou.te.s à y participer. Il fallait prendre conscience que cela n’était pas normal et qu’il était temps d’agir ensemble », explique Priscillia.
Priscillia Routier Trillard fait alors ses débuts en tant qu’entrepreneuse avec une amie graphiste, et deux développeurs web. Grâce à une campagne de financement sur KissKissBankBank, l’équipe récolte 11 000 euros. Après un bêta test, l’application est disponible gratuitement sur iOs et Android depuis le 1er septembre. Aujourd’hui, l’app The Sorority compte déjà près de 17 000 utilisatrices.
Comment l’application fonctionne-t-elle ?
L’application a deux fonctions principales : l’une est consacré à la sécurité et l’autre à la bienveillance. Sur la première, la « Map », un système de géolocalisation déployé pour que les femmes se détectent entre elles. Si l’une d’entre elles se sent en danger, elle peut appuyer sur le bouton d’alerte, qui enverra une notification aux utilisatrices autour d’elle. Elles reçoivent alors la photo de la personne en danger, son prénom, sa localisation, peuvent l’appeler directement ou communiquer avec sur le chat. Ou contacter les autorités compétentes.
L’outil « message écran » est aussi un outil particulièrement utile lors d’une agression. Il permet d’afficher un texte sur son smartphone à destination des gens présents. On trouve également une alarme sonore afin d’attirer l’attention et dissuader les agresseurs.
Le deuxième volet de l’app appelle à créer une communauté de confiance et de bienveillance. Les utilisatrices peuvent alors trouver avec la fonction « Recherche » des « sœurs » autour d’elles, selon leurs centres d’intérêt, discuter via le chat et partager une réelle relation sororitaire. C’est comme un réseau social féministe.
Pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas s’inscrire pour aider ?
L’application est réservée aux femmes ou aux minorités de genre. L’identité des utilisatrices est vérifiée au moment de l’inscription, avec notamment une demande de selfie en direct pour l’authentification. Mais pourquoi des hommes bienveillants ne pourraient pas également venir en aide à ces femmes ? The Sorority cherche premièrement à éviter qu’un (ex)conjoint violent investisse l’application et ne profite de la situation.
Ainsi, l’appli n’est ouverte qu’aux femmes et aux minorités de genre. Aussi, il est question de créer un espace sécuritaire, un « safe space ».
« Pour créer une safe place, un espace non mixte nécessaire pour se reconstruire, s’écouter, s’épauler, s’entraider et avancer ensemble », indique Priscillia Routier Trillard
Pour l’heure, l’app est accessible dans toutes les villes de France. Mais après la demande des utilisatrices, Priscillia compte bien développer son application à l’étranger, en Belgique, en Suisse, au Canada et au Maroc.
« Au Maroc par exemple, The Sorority était très demandé. On essaie de faire au mieux en fonction des besoins. On trouvait également ça super important d’être présent dans des villages. Quand l’on est coupée de sa famille, de ses ami.e.s, avec un conjoint violent, dans un village paumé, on peut utiliser l’application, savoir que l’on est pas seule », explique l’entrepreneuse à TerraFemina
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