Vous le savez peut-être déjà, ce 8 mars est un jour spécial et très important pour toutes les femmes du monde. Aujourd’hui c’est la Journée internationale des droits des femmes. Inégalités salariales, invisibilisation des femmes dans l’histoire, stéréotypes de genre, violences faites aux femmes… partout dans le monde, les femmes ont toujours des droits à conquérir et à défendre. Ce jour est destiné à faire le point sur la condition de la femme dans notre société et la faire évoluer.
Mais savez-vous pourquoi la célébrons-nous aujourd’hui ? Par qui elle a été initiée ? Et pourquoi est-elle si importante ? Un long chemin reste à parcourir, y compris dans les pays où les droits des femmes semblent mieux reconnus. La rédaction vous éclaire à ce sujet.
Quelles sont les origines de cette journée ?
Chaque 8 mars vous participez peut-être aux manifestations et aux événements pour la lutte pour les droits des femmes. C’est très bien ! Mais savez-vous réellement pourquoi c’est le 8 et pas le 10 mars ? Cette journée puise ses origines en Amérique du Nord et en Europe dans le XXe siècle. Époque durant laquelle de nombreux mouvements sociaux dirigés par des féministes voient le jour.
Les femmes réclament leurs droits civiques, le droit d’exercer une fonction publique et dénoncent les discriminations dans le travail. Aux États-Unis, le 28 février 1909 fut, sous l’impulsion de femmes socialistes américaines, la toute première journée nationale, qui célèbre l’égalité des droits civiques pour les femmes. La « National Woman’s Day ».
Suite à cela, en 1910 lors de la conférence internationale des femmes socialistes, la journaliste militante allemande, Clara Zetkin, appelle toutes les femmes à célébrer cette journée. Ainsi, l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark et la Suisse, rendent hommage à ce mouvement la première fois, le 19 mars 1911.
En parallèle en Russie, une « Journée internationale des ouvrières » est célébrée le 3 mars 1913 puis le 8 mars 1914. Les femmes manifestent dans les rues de Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger « le pain et la paix ». Cette manifestation marque le début de la révolution russe et la date du 8 mars sera officiellement célébrée à partir de 1921. Après la Seconde Guerre mondiale, le 8 mars est célébré dans de nombreux pays.
C’est en 1977 que les Nations Unies officialisent la Journée internationale des droits des femmes, incitant ainsi vivement tous les pays du monde à fêter les droits des femmes.
Depuis quand la France célèbre-t-elle le 8 mars ?
Mais qu’en est-il de la France ? Eh bien, si vous ne le saviez pas, c’est grâce à notre chère Yvette Roudy, ancienne ministre déléguée aux droits des femmes, que la France célèbre la Journée internationale des droits de la femme aujourd’hui.
Connue pour sa lutte pour la mixité des emplois, la féminisation des médias et son combat contre les violences conjugales et le sexisme dans la pub, elle impulse, dans la politique, ses valeurs féministes. Un militantisme qui a donné lieu, le 8 mars 1982, à une réception à laquelle ont été conviées 450 femmes représentantes des milieux socio-professionnels et à un discours du président François Mitterrand abordant des mesures en faveur des droits des femmes. C’est ainsi que le 8 mars devient la Journée internationale des droits des femmes en France.
« Si lundi 8 mars 1982 toutes les femmes cessaient de travailler en même temps, je pense que l’on prendrait conscience que la nation dépend du travail des femmes », écrit à l’époque la ministre des Droits de la femme
Pourquoi le 8 mars est une date cruciale ?
Si certaines structures interprètent (très) mal ce jour et l’utilisent pour nous matraquer avec des publicités, des opérations marketing sexistes vantant les mérites du dernier vernis à ongles… Cette journée est dédiée aux droits des femmes et n’est pas un 14 février bis.
C’est avant tout un moyen militant pour lever le voile sur les discriminations et les inégalités que subissent les femmes au quotidien dans notre société et de faire un bilan sur les évolutions. Car aujourd’hui encore en 2023, comme le précise La Ligue des droits de l’Homme sur son site, nulle part les droits des femmes ne sont définitivement acquis.
« Commémorer la Journée internationale des droits des femmes, c’est avoir cette conscience globale des défis quant à l’atteinte de l’égalité chacun.e dans son domaine, la volonté et l’engagement d’accélérer les progrès en sa faveur », revendique Leila Rhiwi à Un Women
Cette journée est l’occasion de faire le point sur différents sujets. Entre autres, les inégalités hommes/femmes concernant les salaires, les stéréotypes encore existants dans la publicité, les médias et les produits, les évolutions sociales et les féminicides.
La Fondation des Femmes et l’association Genre et Statistique ont révélé le coût des inégalités : plus de 118 milliards d’euros. Une perte de richesse engendrée chaque année par la France en raison des inégalités femmes/hommes. Un chiffre vertigineux !
D’ailleurs chaque année, un thème est fixé par l’ONU et donne lieu à de nombreux débats et actions. Cette année 2023 tournera autour de la thématique « pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». Ce thème est associé au thème prioritaire de la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW-67), à savoir « L’innovation, le changement technologique et l’éducation à l’ère du numérique pour réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».
Un coup de projecteur sur les inégalités persistantes
La Journée internationale du droit des femmes fait l’effet « warning ». Elle alerte sur une situation toujours chaotique. C’est l’occasion de rappeler toutes les disparités qui gangrènent la société. Les hommes sont confortablement assis sur leur piédestal tandis que les femmes construisent à mains nues les échafaudages de leur propre ascension. Et le scénario n’est pas prêt de changer.
Selon les statistiques, les femmes doivent encore patienter 130 ans avant de voir leurs droits arriver au même niveau que ceux des hommes. Il faut dire qu’à trop procrastiner sur le droit des femmes, un fossé énorme s’est creusé.
À échelle mondiale, le salaire des femmes ne représente que 77 % de celui des hommes. Dans l’Hexagone, les femmes gagnent toujours 15,8 % de moins que les hommes à travail égal. Selon une étude de la Banque Mondiale menée sur 190 pays, les femmes ont seulement trois quarts des droits reconnus en matière de sécurité économique. Elles sont les victimes collatérales d’un système sous influence masculine.
Entretenir une mémoire collective
La Journée internationale du droit des femmes est aussi un hommage auprès de toutes les figures féminines qui ont fait bouger les lignes jusqu’à leur dernier soupir et qui se sont soulevées contre une société rongée par la misogynie. Aujourd’hui encore, le combat de ces militantes est plongé dans le silence.
Leurs actes visionnaires souffrent d’une ignorance savamment orchestrée. Il suffit de pousser les portes du Panthéon pour comprendre. Ce mausolée abrite la dépouille de 75 hommes et de seulement 6 femmes, dont Simone Veil et Marie Curie. La Journée internationale du droit des femmes permet de redorer le blason de celles qui ont participé à notre confort actuel.
Le droit des femmes en France et dans le monde, loin d’être acquis
Malgré quelques avancées partielles, les droits des femmes à échelle mondiale restent sous la menace. D’après un rapport publié par la fondation Jean Jaurès, ils ont même reculé aux quatre coins du globe sur l’année 2022. En juin 2022, la Cour Suprême des États-Unis révoquait le droit à l’avortement. Depuis, le sort des femmes en est remis au bon vouloir de chaque État. Et dans certains cas, l’avortement est réprimé dans la terreur.
Outre-Atlantique toujours, les anti-IVG réclament l’interdiction de la pilule abortive. Les hommes politiques ont une mainmise injuste sur le corps des femmes. Et ce ne sont que les prémices d’une longue saga punitive. Au-delà des frontières américaines, le constat n’est guère plus réjouissant. Il suffit de prendre le pouls en Iran pour remarquer cette oppression endémique. Le décès de la jeune Masha Amini, tuée impunément par la police des mœurs pour un voile mal ajusté a soulevé les foules du monde entier.
Érigée en martyre, elle a pavé la voie aux manifestations. Les femmes défilaient cheveux au vent dans la rue pour réclamer plus de libertés. Mais au lieu de chercher un terrain d’entente, le régime autoritaire Iranien a préféré étouffer ces révoltes dans le sang et la tyrannie. 3000 kilomètres plus haut, en Ukraine, le destin des femmes est aussi en péril. Dans ce pays défiguré par les bombes, les soldats russes utilisent le viol comme armes de guerre. Une stratégie à vomir qui déshumanise les civils et les traumatise à vie.
Une situation critique aux quatre coins du globe
En Afghanistan, terre dirigée d’une main de fer par les Talibans, les femmes sont désormais privées d’études. Les Polonaises, elles, n’ont presque plus aucun accès à la contraception et sont contraintes de verser dans l’illégalité pour éviter les grossesses non désirées. Ces pratiques archaïques et poussiéreuses sculptent donc un Atlas miné par les inégalités rigoristes.
Et sous ses airs progressistes, la France se classe encore parmi les mauvaises élèves. Le cercle politique lui-même est pourri de l’intérieur. Huit ministres du gouvernement ont été épinglés ou sont mis en cause par la justice. Dont certains pour des faits de viol et de harcèlement. Malgré le grand bruit de #MeToo et les dénonciations en cascade, les têtes tombent, mais la justice reste à plat. Le sexisme a d’ailleurs connu un sacré sursaut. Tant que le patriarcat se greffera dans le paysage, la Journée internationale du droit des femmes résistera.
Que faire le 8 mars ?
Hormis quelques petits progrès « isolés » ou encore la grande cause du quinquennat, les femmes restent les grandes oubliées des débats politiques. Ainsi, si vous souhaitez contribuer à l’amélioration de la condition de la femme dans notre société, vous pouvez :
1 – Arrêter de dire « Journée internationale des femmes »
Ce défaut de langage crée la confusion générale. Ainsi, l’opinion publique souhaite une « joyeuse fête » aux femmes, comme si ce jour était une bénédiction. Cependant, il s’agit bel et bien de la Journée internationale des droits des femmes. Une date « hommage », mais pas seulement. L’égalité est une bataille perpétuelle qui ne se limite donc pas à un point rouge sur l’agenda.
2 – Participer à des manifestations
À l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, plusieurs rassemblements sont organisés. Ainsi, les organisations locales et nationales, associations féministes et syndicats ont lancé un appel à la grève et à manifester sous l’aile de la Grève Féministe. Pas moins de 90 manifestations sont prévues partout en France. Dont une bonne partie dans les rues de la capitale.
3 – Soutenir les activités et le travail de vos consoeurs
Pour la Journée internationale du droit des femmes, les musées se parent de collections féminines. Plusieurs initiatives culturelles mettent donc les femmes artistes à l’honneur. Il est ainsi possible d’admirer l’exposition « Femme(s) » au musée départemental Maurice Denis de Saint-Germain-en-Laye. Au Palais de la Porte Dorée de Paris, c’est la rage des Iraniennes qui mise en exergue.
4 – S’engager dans des associations féministes
Les associations féministes se comptent par dizaines sur le sol français. Au-delà de créer une sororité décapante, elles permettent aussi de s’investir dans des causes d’utilité publique. Osez le féminisme, les Aliennes, En avant toute(s), Pour une M.E.U.F… à chaque organisme sa cause.
5 – Porter un foulard violet sur son lieu de travail
Le collectif Nous Toutes appelle les femmes à arborer un foulard violet sur le lieu de travail pour dénoncer poliment les injustices salariales. En effet, le violet est un emblème du féminisme depuis un demi-siècle au même titre que les sorcières. Si vous en avez la possibilité, vous pouvez également vous mettre en grève et relayer votre soutien sous l’égide du hashtag #grèveféministe.
Partout dans le monde, les femmes ont toujours des droits à conquérir et à défendre. Chaque action féministe est une nouvelle pierre à l’édifice. Alors, on reste le poing levé !