Rose pour les filles, bleu pour les garçons : la lente évolution des jouets sur les questions de genre
S’il y a bien un domaine dans lequel les stéréotypes de genre font de la résistance, c’est celui des jouets. En grande surface, magasin spécialisé ou dans les catalogues de Noël, impossible de passer à côté, le clivage garçon/fille est encore bien ancré.
On retrouve ainsi le traditionnel code couleur. Du bleu pour les garçons. Du rose pour les filles. Mais ce sont aussi et surtout des différences dans les jouets proposés qui interrogent. On remarque que les jouets mis en avant ne vont pas mettre l’accent sur le même type de comportement ou aider à développer les mêmes qualités selon le sexe de l’enfant.
Les filles sont ainsi invitées à jouer à la dinette, à s’occuper d’un poupon ou à se maquiller. Elles restent plutôt dans la passivité, apprennent à communiquer, à prendre soin de leur apparence ou des autres. Les garçons quant à eux vont être invités à jouer au petit chimiste, à bricoler ou à sauver le monde comme leurs superhéros préférés. Ils sont amenés à agir et à s’intéresser avant tout à des domaines « typiquement masculins » : les travaux manuels et les matières scientifiques.
Cette différence de taille a donc de lourdes conséquences sur la construction des enfants. Car on va ainsi les inciter à cultiver certaines qualités et à en inhiber d’autres. Les différences garçons/filles ne semblent donc pas innées, mais bien apprises, et ce, dès la plus tendre enfance.
Des parents parfois impuissants
Si les mentalités évoluent doucement sur les questions de genre, ne pas reproduire les stéréotypes à la maison relève parfois du casse-tête pour les parents. Car ils se retrouvent souvent bien impuissants face aux goûts de leurs enfants qui, influencé.e.s par la télé et les modes des cours de récré réclament elles.ux-mêmes ce type de jouets.
Et s’ils sont attentifs aux achats qu’ils font et aux jouets qu’ils placent entre les mains de leurs enfants, c’est parfois l’entourage qui fait entrer le sexisme à la maison. Un petit body rose pour les filles, un body bleu pour les garçons que les grands-parents offrent à la naissance… Une poupée offerte à une petite fille par sa tante. Un camion offert à un petit garçon par son oncle. Il est parfois délicat de faire comprendre aux autres que ces clichés de genre là, on n’en veut pas.
Les parents se heurtent enfin à une offre encore limitée de jouets non genrés. Car si les marques sentent qu’une partie de la société a soif d’évoluer, elles doivent aussi penser à celle qui ne voit aucun mal à ce clivage. D’un point de vue business, elle a tout intérêt à le perpétrer. Le fait de genrer les jouets a en effet un « avantage insoupçonné » pour les marques : il permet de vendre plus de jouets. Dans une même famille, les frères et sœurs ont ainsi besoin de jouets différents qu’iels ne partagent ni ne s’échangent. Bingo pour les marques ! Dur dur pour les parents donc…
Des initiatives et des jouets non genrés pour faire bouger les choses
Les rayons jouets « non genrés » sont-ils l’avenir ? Malgré ce constat accablant, on peut tout de même se raccrocher à quelques lueurs d’espoir pour espérer voir la société évoluer sur les questions de genre. En 2019 par exemple, on vous parlait du magazine Tchika qui lançait son hashtag #UnPouponPourUnGarçon et incitait parents comme entourage à casser les codes pour leurs cadeaux de Noël.
Le gouvernement français signait dans le même temps une charte d’engagements pour une représentation mixte des jouets. En 2022, il existe d’ailleurs de plus en plus d’alternatives aux jouets genrés. Et ça, on dit oui !