Les hôtesses d’accueil en événementiel ont décidé de dénoncer publiquement les abus dont elles sont victimes. Depuis sa création, le compte Twitter et le hashtag #PasTaPotiche font le buzz. À juste titre, car les témoignages publiés sont tout bonnement honteux et inacceptables ! Voici ce qu’il se passe.
« La loi du talon »
C’est ainsi qu’a titré le journal Libération qui a consacré sa Une du 16 août 2019 à cette affaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur sur internet. Et pour cause. Le but du compte Twitter @PasTaPotiche est simple : « Contre le sexisme, les discriminations, les humiliations et la précarité, #PasTaPotiche pour un « MeToo des hôtesses d’accueil !« .
Et autant le dire de suite : il y a vraiment du travail à faire pour protéger les hôtesses d’accueil en événementiel ! Parmi les nombreux témoignages publiés sur ce compte Twitter participatif, on peut lire :
#PasTaPotiche J'ai été ponctuellement hotesse d'accueil lors d'évenements d'entreprise en étant étudiante. J'ai été 6h debout en soirée, dont 2h dehors en février sur le parvis de la défense, en talons, robe, collants et veste légère. Pas d'eau à disposition ni pause toilettes.
— Ghislaine Coadalen (@GhisCoadalen) August 18, 2019
Hôtesse d’accueil à temps partiel, dans un salon , un anglais me voit & me fait les yeux doux , jusque-là tout va bien .
Mais je me suis sentie insultée quand il m’a dit «YOU ARE PRETTY FOR A DARKSKIN » (tu es jolie pour une noire) . U should exploit ur body. Why #PasTapotiche— K-precious (@Kprecious6) August 21, 2019
Témoignage n°25 :
Mes boss : "les filles on vous a ramené des petits bonbons pour celles qui ont envie de tomber dans les pommes, mais attention, faites pas les gourmandes, c'est que pour celles qui font un malaise!"➡️Le monde du travail en 2019.
— #PasTaPotiche (@PasTaPotiche) August 21, 2019
Témoignage n°24 :
Je suis grosse et tu ne trouves pas d'agence qui propose des uniformes, même pour être en entreprise, au dessus du 48 voire 46 alors qu'on peut tout à fait être professionnelle en étant grosse.— #PasTaPotiche (@PasTaPotiche) August 21, 2019
Sexisme, grossophobie, racisme… Le plus souvent, ces messieurs se lâchent sans la moindre gêne, face à des jeunes femmes sans défense, ou presque.
Tout le monde le sait, mais personne n’agit
C’est Alice (le prénom a été changé) qui est à l’origine de la création du #PasTaPotiche et du compte Twitter du même nom. Étudiante en sociologie, elle est aussi hôtesse d’accueil à mi-temps. Elle se confie dans les colonnes de Libération :
Le pire pour moi, ça a été une soirée organisée par un grand patron. Il m’a touché le sein. J’étais tétanisée, je me suis sentie prise au piège comme une proie. Plus tard, il m’a saisie par les poignets et m’a obligée à danser. Après cette mission, j’en ai parlé à mon agence qui m’a dit qu’il s’en était déjà pris à d’autres hôtesses. On m’avait donc envoyée au casse-pipe en connaissance de cause. C’est de la mise en danger !
Comme l’explique Alice, les hôtesses interviennent dans un contexte festif. Et malheureusement, certains hommes se croient tout permis :
Souvent, ce sont des hommes ‘puissants’ (médecins, élus, avocats), pour qui nous ne sommes que « des petites hôtesses ». Le sexisme se double de mépris social. Et puis il y a parfois un contexte qui semble conduire à cela : quand votre fonction est uniquement « décorative », que vous ne faites strictement rien d’autre que sourire en « position de danseuse », on fait de vous une femme-objet.
Ce hashtag, elle l’a créé suite au buzz provoqué cet été par la pétition de Fatima Benomar qui souhaite mettre fin au poste d’hôtesse sur les podiums du Tour de France.
#PasTaPotiche : vers une action concrète du gouvernement ?
Le 17 août dernier, Alice a, elle aussi, lancé une pétition qui a déjà récolté plus de 24 000 signatures sur les 25 000 plébiscitées ! Mais ce n’est pas tout.
Pour venir à bout de ce traitement honteux de la part des entreprises et des clients, la jeune femme veut rencontrer Muriel Pénicaud (ministre du Travail) et Marlène Schiappa (secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes). Alice s’explique plus en détail :
La première étape est d’organiser une réunion de travail afin de mettre en place un plan de lutte contre le sexisme, les discriminations et la précarité dans le milieu de l’accueil.
De manière concrète, elle souhaite déjà que soit mise en place l’application de lois visant à empêcher les discriminations à l’embauche. Elle souhaite aussi abolir l’obligation de porter des talons et des tenues ultra-courtes en hiver.
On soutient à 100 % ce mouvement et on vous invite, vous aussi, à témoigner via le hashtag #PasTaPotiche et plus généralement sur nos forums, notamment dans la rubrique Témoignages.