Un comportement n’est pas jugé et perçu de la même manière selon le genre de son auteur.e : c’est ce phénomène que les féministes appellent le « double standard ». Au sein de notre société patriarcale, utiliser ce concept permet d’offrir de la visibilité sur une injustice. Car les biais sexistes sont souvent inconscients et omniprésents. Les dénoncer constitue un premier pas dans la lutte contre ces doubles standards. Ce phénomène a de lourdes conséquences sur les femmes, et encore plus sur celles situées à l’intersection des discriminations. Explications.
Un double standard invisible
Sur le papier, tous les humains sont égaux en droit. Mais en réalité, il est évident que de nombreuses discriminations persistent envers toute personne n’étant pas dans le groupe social dominant. Les violences sexuelles ciblent les femmes et les minorités de genre, l’écart salarial sur la fiche de paye continue, les violences policières ciblent majoritairement les personnes racisées… Pour les minorités de genre, le patriarcat apporte de nombreux obstacles bien visibles.
Si aujourd’hui ces discriminations sont plus visibles, c’est parce que notre société est en train de défaire les tabous traditionnels. On aurait alors tendance à voir beaucoup d’amélioration dans la vie des minorités de genre. Mais ce qu’on ne voit pas, ce sont les doubles standards qui font obstacle à toutes les avancées.
Prenons l’exemple d’une mère qui cherche à obtenir la garde de son enfant après un divorce. Si elle a été « égoïste », absente ou silencieuse durant sa maternité, elle sera jugée de mauvaise mère. Ce sera plutôt un frein à l’obtention de sa garde. Tandis qu’on attend déjà ces manquements chez les pères : « c’est un daddy cool, qui apprend la parentalité comme il peut ». Ce qui signifie que les mêmes comportements ou résultats sont appréciés différemment selon les genres. La raison ? Des biais sexistes persistent. C’est ce que les militantes féministes l’ont qualifié de « double standard ».
Le double standard dans la sexualité des femmes
Dans le patriarcat, le double standard se fait sentir davantage sur les questions de sexualité. Nous connaissons tou.te.s les jugements sur les femmes ayant une vie sexuelle active, et la valorisation des hommes accumulant les conquêtes. Ce double standard sexiste s’inscrit parfaitement bien dans la culture du viol. Pour rappel, la culture du viol consiste en des comportements ou des gestes qui mènent principalement à la banalisation des violences sexuelles. Et l’écrasante majorité des agressions sexuelles se font par les hommes et sur les femmes.
Le double standard sexiste pourrait s’illustrer par cette situation bien connue des femmes et des minorités de genre. On dit souvent aux femmes cisgenres de surveiller ce qu’elles portent, de faire attention aux endroits et heures où elles sortent, afin d’éviter d’être agressées.
On ne fait pas allusion à ce genre de précautions lorsqu’on s’adresse aux hommes cisgenres. Cette attitude encourage le double standard et par le fait même la culture du viol. La logique serait d’orienter les efforts envers les hommes pour qu’ils arrêtent de commettre des agressions plutôt que vers les femmes pour qu’elles évitent de devenir des victimes. Piqûre de rappel : ce n’est jamais la faute de la victime.
Un double standard collectivement entretenu
Dès leur plus jeune âge, nos enfants se voient martelé.e.s de diktats sexistes. On leur donne des codes, de manière consciente ou non. Comment il.elle.s doivent se comporter, s’exprimer, réagir émotionnellement, se vêtir, jouer ou même gesticuler, en fonction de leur genre. Ces inégalités de traitement sont ancrées dans les perceptions collectives des individus.
De plus, elles sont souvent entretenues par les discours médiatiques et politiques, ou dans les publicités et réseaux sociaux. Nous sommes tou.te.s adhérent.e.s de ces préjugés, à degrés divers. Et ces biais sont confortablement installés dans nos normes.
Il est donc primordial de se rappeler cela : appliquer un double standard est une discrimination. Lorsque deux individu.e.s ne sont pas jugé.e.s de la même manière pour le même acte à cause de leur genre, de leur race, de leur religion ou autre groupe, cela est discriminatoire. Et cette pratique se réalise de manière consciente ou non. Elle reste invisibilisée, niée.
Ainsi, mettre un mot sur cette inégalité invisible est fondamental. Les conséquences du double standard sont bien réelles. Il autorise et justifie l’acte de violence envers les personnes discriminées. Et la culpabilité est systématiquement renversée vers les personnes violentées. Alors, ne laissons plus passer un seul biais sexiste autour de nous !
Et vous, avez-vous déjà détourné une situation de double standard ? Venez en parler librement sur le forum de The Body Optimist !