Depuis sa fondation en octobre 1972 sous le nom de Front National, le Rassemblement National (RN) a traversé plusieurs métamorphoses politiques et sociales. Connu pour ses positions nationalistes, le parti suscite toujours autant de débats concernant ses politiques, notamment vis-à-vis des droits des femmes. À l’approche des élections législatives (30 juin et 7 juillet 2024) qui opposent le RN au Nouveau Front Populaire (alliance des partis de gauche), la question revient : le Rassemblement National est-il en capacité d’oeuvrer en faveur des femmes ? Selon plusieurs grandes voix féministes, comme Elisabeth Badinter, non. Elles alertent sur « le danger que fait peser l’extrême droite sur la condition féminine ».
Positions politiques et critiques féministes
Le parcours du RN en matière de droits des femmes a été marqué par des positions controversées et des déclarations dites provocatrices. Dans les premières années de son existence, le parti incarnait une droite dite dure, régulièrement critiquée pour ses prises de position traditionnelles sur le rôle des femmes dans la société. Le discours initial du FN été alors perçu par certaines personnes comme rétrograde par les défenseur.se.s des droits des femmes.
Au fil des décennies, le parti a tenté de moderniser son image et notamment d’élargir sa base électorale. Sous la direction de Marine Le Pen, le RN a cherché à attirer un électorat plus diversifié, y compris des femmes, en mettant l’accent sur des questions telles que la sécurité, l’immigration et l’identité culturelle. Cette évolution stratégique a été accompagnée d’une adaptation des discours concernant les femmes, bien que la perception du parti sur les droits des femmes reste sujet à controverse.
Les positions du RN sur des questions clés comme l’avortement, l’égalité salariale et la lutte contre les violences faites aux femmes sont notamment souvent critiquées. Le 17 juin dernier, dans une vidéo, le président du Rassemblement National Jordan Bardella se décrit comme un « fervent défenseur des droits des femmes ». Pourtant, en matière de lutte contre les violences conjugales et les violences sexuelles, les féministes et les organisations de défense des droits humains reprochent au parti de ne pas accorder une priorité suffisante à ces problèmes.
« Où allons-nous ? Cela dépend de nous. Hier, beaucoup d’entre vous, et notamment des femmes, se sont abstenus ou ont voté pour des mouvements qui avancent masqués dans leurs intentions de retour aux traditions patriarcales. Mesdames, ne soyez pas dupes. Il peut être très vite trop tard. Nous n’aurons alors plus que nos yeux pour pleurer. Alors, agissons ! », écrivent plusieurs grandes voix féministes dans une tribune
Perspectives pour l’avenir
La question de la compatibilité entre les idées nationalistes du RN et les aspirations féministes est également liée à des contradictions internes au sein du parti. Bien que Jordan Bardella tente de moderniser l’image du RN, les tensions persistent entre différentes factions au sein du mouvement. Certain.e.s membres du parti, notamment parmi les plus conservateur.rice.s, continuent en effet de défendre des positions traditionnelles sur le genre et la famille.
Alors que certaines femmes peuvent être attirées par les positions sécuritaires et anti-immigration du parti, d’autres sont susceptibles d’être dissuadées par ses positions jugées régressives sur les questions de genre. Cette division parmi les électrices reflète, à vrai dire, une fracture plus large au sein de l’électorat français, où les opinions sur les droits des femmes jouent un rôle de plus en plus important dans le choix des candidat.e.s politiques.
Alors, le RN défend-il vraiment les droits des femmes ? Pour évaluer cette question, il revient à chacun.e d’examiner attentivement le programme de ce parti, ses propositions clés et les discours de ses leader.se.s, notamment ceux de Jordan Bardella. Ces éléments permettent à chacun.e de se forger une opinion informée. Lors des prochaines élections législatives (30 juin et 7 juillet 2024), chaque électeur.rice est appelé.e à voter en conscience, pour soutenir les politiques qui correspondent le mieux à ses convictions.