Sexisme ordinaire : 6 conseils pour réagir aux remarques déplacées

« T’es énervée, t’as tes règles ou quoi ? », « Le foot c’est une discussion de mecs », « T’as une bonne descente pour une femme », « Quand on met une robe c’est pour se faire draguer »… Ces remarques déplacées déguisées en humour plus que douteux détonnent pourtant encore dans la sphère professionnelle et familiale, notamment à Noël. Des petites phrases piquantes du quotidien qui suscitent le rire graveleux des machos, mais qui se hissent sur le podium des comportements sexistes. À l’occasion de la Journée nationale contre le sexisme ce 25 janvier, découvrez comment faire face au sexisme ordinaire avec nos 6 conseils pratiques. À vos stylos, prête, notez ! 

Des railleries bien ancrées

Vous êtes tranquillement installée dans un bar et le serveur sert machinalement la pinte à votre compagnon alors qu’elle vous est destinée… « Il n’y a pas de mal », « Ce n’est pas grave » direz-vous. Même son de cloche lorsqu’un homme porte du rose ou adopte une attitude dite efféminée. Il aura droit à des regards de travers ou à des brimades du style « tu ne serais pas de la jaquette toi ? ».

Bien souvent, il est difficile d’identifier ces attitudes dégradantes tant elles sont enracinées dans la société. Un sondage réalisé dans cinq pays de l’Union européenne révèle que 60 % des femmes ont subi des atteintes sexistes au cours de leur carrière. Plus récemment, le 6e rapport du Haut Conseil à l’Égalité sur l’état du sexisme en France a révélé que 90 % des Françaises ont déjà « renoncé ou modifié leurs comportements pour ne pas être victimes de sexisme ». Des chiffres hors-normes qui prouvent que l’heure de la revanche a sonné. À l’heure du digital, les voix s’élèvent ainsi et les comptes Instagram sont dans les starting-blocks. En pôle position, les vedettes « Punchlinette » et « Réponse à tout » donnent des clefs pour riposter sans s’emporter.

Nommer le comportement

À force d’entendre des remarques sexistes à longueur de journée, on finit par les oublier. On préfère économiser son énergie et sa salive pour des sujets plus importants. Pourtant, il ne faut pas tomber dans le piège de l’évitement. Les techniques pour réagir sont nombreuses et dépendent du caractère de chacun.

Lâcher devant tout le monde, une petite phrase comme « tu ne serais pas en train de faire du sexisme ordinaire/paternalisme là ? » permet par exemple de faire culpabiliser l’autre. Identifier le problème à haute voix met une sorte de claque fictive à son compère et lui donne une bonne leçon.

Si cela arrive au travail, vous pouvez aussi balancer dans un calme olympien : « l’agissement sexiste est puni par le Code du travail depuis 2015 » ou rappeler des faits concrets comme : « tu as envie de finir comme le directeur général du label Because Music et de te faire licencier ? ». Un moyen simple et efficace pour contrer ces blagues grivoises.

Riposter à coup d’humour

Si pendant un stage, on vous sort le vieux cliché « Vous allez nous faire le café, comme vous êtes la seule fille », n’hésitez pas à rétorquer sereinement « Vous savez, depuis Georges Clooney, on n’a plus besoin d’être une fille pour savoir faire le café ! ». Cela peut paraître osé, mais l’humour reste une arme infaillible pour planter un stop devant les critiques sexistes.

La dérision a le don d’irriter l’adversaire macho qui se tient face à vous. Il pensait vous énerver, mais c’est raté ! Enclenchez le second degré, balancez des vannes pour obtempérer et ramenez la situation à votre avantage. D’ailleurs, le compte « Réponse à tout » recense des pépites de la répartie comique.

On peut notamment y lire « Elle a eu une promotion parce qu’elle est passée sous le bureau » et sa réponse « Si les promotions étaient vraiment cachées sous les meubles, tu ferais peut-être le ménage plus souvent ». Si vous êtes à court d’idées, ce compte est un abreuvoir de punchlines aussi croustillantes que puissantes. L’oncle qui tient des propos lourds à supporter pendant les repas n’a qu’à bien se tenir.

Devenir un as de la répartie

Un des conseils les plus compliqués à appliquer pour endiguer le sexisme. Avoir de la répartie au bon moment n’est pas forcément évident alors il faut muscler son esprit pour réagir efficacement. Avant de bombarder votre cible macho d’arguments en béton, il est essentiel de s’échauffer à la maison.

Faites une liste des meilleures répliques à utiliser en cas d’attaques sexistes. Elles peuvent provenir de films, de la pop culture ou même de la bouche de célébrités. Sinon, imaginez une scène de sexisme ordinaire que vous avez vécu et à laquelle vous n’avez pas fait de cas, puis tentez de trouver des phrases coups de poing pour y répondre à présent. Plus vous vous adonnerez à cet exercice et plus les ripostes orales surgiront vite.

Si on vous sort par exemple : « Vous les femmes, vous avez trop pris la confiance depuis qu’on vous a donné le droit de vote », ne vous braquez pas et répondez du tac au tac « On ? Tu es une suffragette née au 19e siècle ?”. On doit quand même se l’avouer, malgré une bonne préparation, on n’est jamais à l’abri d’un blanc gênant… Mais plutôt que se laisser submerger par des émotions négatives, faites-vous confiance et prenez le temps de réfléchir posément.

Ne pas monter dans les tours

Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ? Pourtant, le calme et la sérénité ont la capacité d’énerver l’autre et d’offrir un revers de la médaille assez impressionnant. Ressentir de la colère après s’être mangé une ribambelle de remarques sexistes est tout à fait légitime. Prendre le temps de canaliser ce sentiment de haine et faire preuve de pédagogie est encore plus efficace.

La communication non violente peut aussi être une bonne alternative pour faire passer le message. On peut être honnête et dire par exemple : « cette blague sexiste m’a mise mal à l’aise et je préfèrerais que tu ne fasses plus ce genre de remarques en ma présence ». Et si votre collègue sort LA phrase classique : « mais, c’était une blague, t’as pas d’humour ou quoi ? », on lui réplique d’un ton détendu : « J’ai de l’humour, mais les blagues sexistes ne me font pas rire ». En éduquant l’autre avec ce petit air maternel en toile de fond, vous le ramenez au même grade que vous.

Se forger une carapace

Si, avec tous ces conseils, vos ami.e.s, collègues ou membres de votre famille ne retiennent pas la leçon et perpétuent le sexisme, il faut apprendre à se blinder. Se forger une armure pour désamorcer toutes les bombes sexistes qui vous tombent sur la tête peut parfois être la meilleure solution.

Des coachs en développement approuvent cette théorie. Dès que vous vous sentez blessée par une phrase sur votre lieu de travail ou pendant une soirée appartement, déchiffrez pourquoi ce sentiment de mal-être vous a traversé. Cela nécessite un long travail d’introspection, mais c’est aussi un moyen de prendre du recul sur ce phénomène.

Tant que le sexisme ordinaire existe, il faut apprendre avec. Si un homme vous dit « Bientôt, les femmes seront aussi fortes que nous, foutaises ! » et que vous ne voulez pas ouvrir un débat sans fin, laissez-le couler tout seul dans son monde patriarcal. Relativisez, vous avez la place que vous méritez.

Se trouver des allié.e.s

Pour rompre l’isolement, cherchez l’approbation de vos ami.e.s et tentez de les convaincre que vous êtes dans le juste. Ce genre de comportement parasite brise les neurones de nombreuses personnes, en silence. Beaucoup préfèrent se taire pour ne pas créer de conflits. Mais on ne gagne pas un combat sans aller au front.

Il faut franchir le pas de la confrontation et y aller au diapason. Si vous êtes cinq contre un, le match est gagné d’avance. Si vous êtes seule, la balle ne sera pas forcément dans votre camp. Des collectifs et associations, aussi, se dressent comme des arbitres et donnent un carton rouge à tous les actes sexistes.

Il existe encore 27 % d’écart salarial entre les hommes et les femmes, 80 % des tâches ménagères sont toujours assumées par les femmes. Prenez en note ces précieux conseils pour contrer ce sexisme étouffant. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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