La Journée internationale des droits des femmes, qui se tient le 8 mars, est souvent suivie d’un œil lointain. Mais cette fois-ci, pas question de faire comme s’il s’agissait d’une date « ordinaire » et de soutenir timidement le mouvement. En plus de descendre dans la rue proclamer l’égalité à grand renfort de banderoles courroucées, les syndicats et associations invitent ces mesdames à se mettre en « stand by » à tous les niveaux. L’objectif ? Prouver que les femmes ne sont pas seulement des personnages secondaires de la société, mais qu’elles en sont aussi les piliers. Faire grève pour la Journée internationale des droits des femmes, ce n’est pas se « la couler douce », mais protester et montrer que vous existez.
Tâches domestiques, travail… un appel à une grève générale
En France, les grèves se succèdent, mais ne se ressemblent pas. Celle qui se présage pour le 8 mars est particulièrement symbolique et ambitionne de « mettre la société à l’arrêt ». Le collectif #GrèveFéministe, qui regroupe, entre autres, le Planning Familial, Osez le féminisme et la CGT, en est l’instigateur. Il n’invite pas seulement les femmes à suspendre leur activité professionnelle « à la carte », il les convie aussi à cesser les tâches domestiques et de consommation.
Si vous faites grève pour la Journée internationale du droit des femmes, il faudra donc laisser votre étoffe de fée du logis au placard et raccrocher votre casquette de « maman-nounou ». L’intérêt de ces abandons de poste temporaires ? « Démontrer que les femmes, loin d’être une variable d’ajustement, sont un rouage essentiel de la société« , comme l’évoque le collectif entre les lignes d’un communiqué. Beaucoup estiment que les femmes sont plutôt bien loties en France et qu’elles n’ont pas à se plaindre. Pourtant, elles ont encore un épais plafond de verre au-dessus de leur tête et peinent à avoir la même reconnaissance salariale que leurs homologues.
Rappelons que les femmes touchent 24,4 % de moins que les hommes à travail équivalent. Ce manque criant d’équité se traduit aussi entre les murs des foyers. Alors que les femmes dépensent presque 3h de leur journée à « nettoyer, balayer, astiquer », ces messieurs ne consacrent que 1h17 à ces corvées. Cendrillon la souillon, Nanny McPhee ou encore Maïté aux fourneaux, les femmes campent plusieurs rôles (dont elles se passeraient bien). Cette image de la femme-pieuvre aux bras tentaculaires et multi-usages doit se décrocher des mentalités. C’est pourquoi, le collectif revendique la « revalorisation des métiers féminisés », la « mise en place d’une éducation non sexiste » et un « partage égal des tâches domestiques ».
Une grève sur le même modèle que l’Islande en 1975
Il ne vaut mieux pas sous-estimer cette grève prévue pour la Journée internationale des droits des femmes. Elle risque de se faire ressentir et pas seulement autour de la table familiale. Il y a de fortes chances qu’elle bouscule de nombreux secteurs comme c’était le cas en Islande en 1975. L’entité #GrèveFéministe s’est d’ailleurs largement inspirée de ce mouvement d’envergure qui avait été suivi par 90 % des salariées au pays des aurores boréales.
Dans un élan de sororité et sur fond d’un ras-le-bol commun, les femmes avaient réussi à « figer » une partie de leur nation et à susciter une prise de conscience collective. Cinq ans après cette désertion volontaire des femmes, une Islandaise prenait les rênes du pays et devenait la première présidente élue au suffrage universel direct. D’autres pays avaient emboîté le pas aux Islandaises en décrétant une grève « homogène » lors de la Journée internationale des droits des femmes.
C’était le cas en Espagne en 2018 où les femmes avaient délaissé leur fonction. Plus de 5 millions de femmes s’étaient mis sur « off » pour acter le changement et faire « ramer » leur pays. Hasard ou non, depuis que le pays de Cervantes a été paralysé par ce « jour sans femmes », il multiplie les projets à leur destination. Congé menstruel, application pour mesurer le partage des tâches ménagères, loi sur la parité homme-femme… l’Espagne frôle le grade de l’élève modèle. Pas sûr que la France puisse en faire autant. Cependant, faire grève en cette Journée internationale des droits des femmes n’est pas une action « dans le vent ». Elle permet de prouver qu’une société désinvestie par les femmes ne peut pas tourner correctement. Ces mesdames lui confèrent une énergie motrice, sans laquelle elle finirait en piteux état.
Comment vous préparer à faire grève pour la Journée internationale des droits des femmes ?
Faire grève pour la Journée internationale des droits des femmes n’est pas du tout un prétexte pour se glisser les pieds sous la table et se tourner les pouces. C’est une démarche militante, au même titre que manifester à travers rue avec des slogans musclés. Cette année, ne vous contentez pas de publier des citations de Simone Veil sur votre feed Insta en signe de solidarité. Laissez la chaise de votre bureau vide, lâchez vos accessoires ménagers, gardez vos distances avec la cuisine et confiez vos enfants à votre partenaire de vie. Le 8 mars, c’est décidé, vous serez « indisponible » et resterez sur le « mode avion » toute la journée.
Toutefois, pour ne pas finir dans l’embarras et perdre encore plus vos droits au boulot, vous devez un minimum « anticiper ». D’abord, essayez de mobiliser vos collègues. Contrairement aux grèves de la SNCF qui concernent un seul et même « groupe », celle-ci s’applique de façon indépendante, selon le « bon vouloir » de ces mesdames. Comme le dit la loi, vous ne pouvez pas faire grève seule.
Il vous faut des alliées, des partenaires de lutte, sinon vous risquez d’écoper d’une absence injustifiée ou de voir vos jours de congé sacrifiés. Tentez de convaincre vos collègues de rejoindre le mouvement et d’évacuer leur poste le temps d’une journée. Pour faire grève en cette Journée internationale des droits des femmes, rapprochez-vous également des syndicats de votre entreprise. Ce sont de précieux intermédiaires si vous ne voulez pas passer en « face to face » avec votre employeur.se.
Faire grève pour la Journée internationale des droits des femmes, c’est rendre visible celles qui œuvrent dans l’ombre et souligner leur importance en les retirant « provisoirement » du paysage. Ce 8 mars, la société sera « amorphe » et les femmes sur le front de l’égalité.