Les inégalités entre les hommes et les femmes sont un sujet de société majeur dont il est de plus en plus souvent question dans les débats. Et si on pouvait espérer qu’une meilleure communication autour de cette thématique aide à faire évoluer les mentalités, il n’en est rien. C’est en tout cas ce que semble indiquer une enquête d’envergure réalisée par l’Ifop sur le sujet des tâches ménagères.
73% des femmes réalisent plus de tâches ménagères que leur conjoint
Alors que les discussions autour des violences faites aux femmes et des inégalités hommes/femmes prennent de plus en plus d’ampleur dans l’espace médiatique, on découvre à travers une vaste enquête menée en avril 2019 par l’institut de sondage Ifop que les mentalités ont encore bien du mal à évoluer.
Réalisé auprès de 5026 Européens pour Consolab, le sondage nous révèle ainsi qu’en termes de répartition des corvées domestiques, du chemin reste encore à faire, et ce, dans tous les pays européens. Ainsi, 73% des femmes contre 16% des hommes avouent réaliser plus de tâches ménagères que leur conjoint.
Et lorsqu’on leur demande si elles font beaucoup, un peu plus, un peu moins ou à peu près autant que leur conjoint, les femmes sont 69% en Italie, 44% en France et en Espagne et 43% en Allemagne et au Royaume-Uni à répondre beaucoup plus.
Les tâches ménagères sont d’ailleurs un sujet de discorde dans le couple. 48% des femmes et 42% des hommes avouent ainsi se disputer avec leur conjoint à ce sujet.
Des disparités entre les femmes et selon les corvées
Si toutes les femmes semblent victimes de l’inégale répartition des corvées domestiques dans le couple, elles ne semblent pas toutes impactées au même degré. Ainsi, plus le revenu d’une femme est modeste, plus elle semble exposée à ce type d’inégalité. François Kraus, Directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » confirme cette donnée :
« Globalement on observe que plus les femmes ont un revenu faible, un statut social modeste, moins elles sont en situation de pouvoir négocier et de contraindre leur conjoint de faire les tâches domestiques. »
Toutes les tâches ménagères ne sont pas non plus logées à la même enseigne. Si 75% des hommes sortent les poubelles sans « rechigner », ils sont 71% à refuser de faire le repassage. Cette étude confirme donc qu’il y a des corvées vues comme féminines et d’autres comme masculines. Mais pourquoi une telle inégalité dans cette répartition des tâches ménagères ? S’il ne s’agit certainement pas là de la principale explication, François Kraus souligne comment cette problématique dépasse le simple cadre des corvées domestiques. Il estime :
« Pour certaines femmes, c’est un attribut de féminité que d’avoir un intérieur propre. Une maison sale, ou mal entretenue, peut donc être vécu comme une remise en cause de leur identité. »
Une analyse qui n’a rien de surprenant. Les enfants apprennent dès le plus jeune âge à travers les jouets leurs rôles d’hommes et de femmes. Il peut donc être difficile de se détacher d’un modèle qui a été inculqué si tôt. Il devient pourtant urgent de tendre vers une meilleure répartition des tâches ménagères. La charge mentale qui pèse sur les femmes est un problème majeur qu’il n’est plus question d’occulter.