La taxe rose correspond au surcoût concernant les produits et services destinés aux femmes. Il s’agit d’une stratégie marketing assez commune en France et dans le reste du monde, qui pousse les femmes à la surconsommation. Cela fait non seulement perdurer les stéréotypes sexistes, mais creuse également les inégalités socio-économiques entre les femmes et les hommes, encore aujourd’hui en 2021. Certains pays ont depuis longtemps réagi contre cette discrimination.
Quand le marketing pousse à la surconsommation du… rose
Le comble pour une femme ? Elle doit payer plus qu’un homme pour obtenir des produits et services basiques. Ceci traduit une triste réalité qui s’appelle la « taxe rose ». La « woman tax » en anglais désigne la différence de prix entre un même produit ou service « pour femme » et celui « pour homme ».
Concrètement, en supermarché, un rasoir bleu « pour homme » sera moins cher qu’un rasoir rose « pour femme » par exemple. Même si ce sont les deux mêmes produits, fabriqués avec les mêmes matières, par la même marque. Seule la couleur de leur emballage (et leur prix !) diffère. Bref, la taxe rose n’est rien d’autre qu’une arnaque (sexiste).
Mais alors pourquoi ? Cette discrimination est le résultat de stratégies marketing dénoncées dans les années 90 aux États-Unis. Elles cherchaient à attirer un public ciblé (les femmes) vers la consommation de leurs produits et services. Ainsi, l’argument des spécialistes en marketing genré est que ces produits donnent aux femmes « le sentiment d’être des clientes à part ».
Certes les femmes sont mises à l’écart, surtout quand on sait qu’elles gagnent environ 16 % de moins que les hommes, selon les derniers chiffres de la Commission européenne. Mais déjà en 2014, le collectif féministe Georgette Sand dénonçait cette taxe rose :
« Le marketing genré en segmentant le marché entre filles et garçons véhicule des stéréotypes, pousse purement à la surconsommation et inflige une taxation spécifique aux femmes », détaille le collectif Georgette Sand
Quels produits et services subissent la taxe rose ?
Cette taxe concerne les déodorants, les dentifrices, les rasoirs, mais aussi des médicaments, les jouets pour enfants ou même leurs fournitures scolaires… Pour découvrir l’ampleur du sexisme dans le marketing, vous pouvez aussi consulter le compte Instagram Pépite Sexiste. Il répertorie un grand nombre de produits subissant la taxe rose, en France et maintenant aussi au Maroc, en Espagne, au Mexique, ou encore aux États-Unis.
On note que les premiers produits visés par la taxe rose sont les protections hygiéniques. Ceci engendre une difficulté, voire une impossibilité de s’en procurer, par manque de moyens financiers. Et cette précarité menstruelle toucherait près de deux millions de personnes menstruées (principalement des femmes) en France.
Autre exemple : chez le/la coiffeur.se, les services sont souvent plus onéreux pour les femmes que pour les hommes, car elles ont traditionnellement les cheveux plus longs. Elles demandent des brushings, des permanentes, etc. On s’appuie alors sur cette tradition pour justifier un plus grand tarif pour les femmes. Mais la différence de prix s’appliquerait également lorsqu’une femme aux cheveux courts demande ce qu’un homme demanderait. Contre cette discrimination, un collectif militant – de coiffeur.se.s, chef.fe.s d’entreprises, artistes, et étudiant.e.s – s’est même créé : « Coiffure en lutte ».
En somme, ce sont surtout les produits et services de « beauté » et d’hygiène aux normes féminines qui sont taxés. Une des problématiques que cela soulève est que les domaines de la beauté ou du soin restent considérés comme réservés aux femmes. Ce qui renforce les stéréotypes de genre. En plus de renforcer les inégalités économiques entre ces deux sexes.
La taxe rose aujourd’hui
Face à l’absurdité de cette taxe rose, certaines régions ont réagi. Dans l’État de Californie, le marketing différencié en fonction des genres a par exemple été interdit dès 1996. Le Canada a supprimé les taxes sur les produits d’hygiène intime féminine en 2014. Quant au gouvernement français, l’idée de légiférer a été rejetée en 2015, après avoir conclu dans une enquête que le phénomène « n’est pas avéré ».
Il y a toutefois une once d’espoir : une Charte pour une représentation mixte des jouets a été créée en 2019 dans l’hexagone. Elle réunit notamment des associations, des fabricants, des distributeurs et des annonceurs pour encourager une meilleure pratique dans le secteur.
Et vous, avez-vous déjà remarqué cette taxe rose dans votre quotidien ? Venez partager vos trouvailles avec nos lecteurs et lectrices, sur notre forum, dans le coin Problèmes et astuces du quotidien.