C’est un domaine dans lequel l’inégalité entre hommes et femmes est encore criante. Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler, elles doivent faire face à de nombreux obstacles avant et après leur entrée sur le marché du travail. Temps partiel subi, difficultés d’évolution dans leurs carrières, emplois précaires, un long chemin vers l’égalité reste encore à parcourir. En ce 1 mai, fête du Travail, on fait le point.
En plus d’un siècle le nombre de femmes françaises travaillant a doublé, passant de 6,8 millions en 1901 à 13,5 millions de nos jours. Si le marché du travail compte également plus d’hommes, leur nombre n’est quant à lui passé que de 12,9 millions en 1901 à 15,3 millions de nos jours.
Une bonne nouvelle pour les femmes puisque, rappelons-le, le travail doit permettre à chacun d’accéder à son autonomie financière et donc, à une certaine forme d’indépendance. Mais ces chiffres bien qu’encourageants cachent une réalité plus contrastée.
Certes, les femmes ont massivement investi le marché du travail, mais elles occupent encore et toujours des emplois très « féminins ». 48 % des travailleuses sont ainsi concentrées dans 4 des 24 catégories professionnelles que compte la France. La santé et les services sociaux, l’éducation, l’administration publique et le commerce de détail sont ainsi leurs secteurs de prédilection.
Discriminations et inégalités salariales perdurent
Si les femmes sont désormais nombreuses à travailler, la moitié d’entre elles continue donc à occuper des emplois dits féminins. Mais le regard que l’on porte sur leur travail peine lui aussi à évoluer. Ainsi, 37 % des femmes s’entendent dire qu’en faire plus permettrait que leur travail soit mieux reconnu contre 32 % des hommes seulement.
Même s’il n’est pas énorme, cet écart statistique révèle un sexisme toujours bien présent dans le monde professionnel, sexisme qui semble d’ailleurs avoir de réelles répercussions sur l’évolution des carrières. Un sondage Marie Claire réalisé par Harris Interactive auprès de 1001 personnes nous révélait ainsi que 44 % des femmes estimaient avoir des difficultés à progresser dans leur travail à cause de leur genre. 39 % affirmaient même avoir subi des remarques sexistes et soulignaient le manque de prise au sérieux de leurs compétences. Les femmes semblent donc encore et toujours être perçues comme des « incompétentes » par une partie des individus qu’elles côtoient dans le monde professionnel.
L’écart salarial fait lui aussi de la résistance. Selon une étude du Cese (Conseil économique, social et environnemental), la rémunération des femmes serait inférieure en moyenne de 27 % à celle des hommes. Est-ce uniquement parce que la carrière des femmes évolue moins vite que celle des hommes ? Pas forcément. Selon le sondage Marie Claire toujours, 42 % des femmes identifiaient des écarts de salaire en leur défaveur à travail équivalent !
Les enfants et le manque de diplômes, principaux freins à la réussite professionnelle
Les femmes, bien que toutes vulnérables aux discriminations de par leur genre, ne sont pas toutes logées à la même enseigne dans le monde du travail. Deux facteurs les exposent ainsi à encore davantage de difficultés. Le manque de diplôme, tout d’abord, est un frein considérable à l’insertion sur le marché de l’emploi. Cinq ans après la fin de leur scolarité, 1/3 des non diplômées et 1/4 des titulaires d’un CAP ou BEP occupaient encore des emplois en contrat aidé ou CDD.
Autre facteur à peser lourd sur la carrière professionnelle des femmes : les enfants. Selon l’étude du Cese, en 2008, 90 % des femmes qui n’avaient pas d’enfants de moins de 18 ans à charge travaillaient contre seulement 43 % de celles vivant avec au moins trois enfants dont le plus jeune avait moins de trois ans.
L’arrivée d’un enfant dans le foyer, avec les difficultés que cela engendre notamment en ce qui concerne le prix ou le manque d’offres pour la garde impacte donc davantage la vie professionnelle des femmes que celle des hommes. 40 % des mères qui se sont arrêtées de travailler après une naissance auraient d’ailleurs préféré ne pas le faire. Les femmes évoquent ainsi une grande difficulté à gérer vie professionnelle et vie familiale.
Outre le manque de diplômes et les discriminations sexistes dans le milieu professionnel, on comprend donc que les inégalités qui existent au sein du foyer sont elles aussi des obstacles à la réussite d’une carrière professionnelle. Car les femmes sont encore responsables des enfants et de la vie du foyer.
Permettre aux jeunes filles notamment les moins aisées de poursuivre des études. Rétablir une égale répartition des tâches dans le foyer. Dénoncer les discriminations sexistes… Voilà quelques-uns des grands travaux à mettre en œuvre pour espérer enrayer les inégalités hommes/femmes dans le monde professionnel.