7 femmes qui ont reçu le Prix Nobel et qui méritent une mise en lumière

Le Prix Nobel est le couronnement ultime pour les érudits de cette terre. Il ne se contente pas d’honorer une œuvre « marquante », il sacralise toute une brillante carrière. Cependant, malgré sa valeur symbolique, le Prix Nobel finit souvent dans les bras d’un homme. Ce constat s’applique à tous les domaines et plus particulièrement les sciences. Même si les femmes sont encore noyées sous des acclamations portées « au masculin », elles ont aussi su dépasser le plafond de verre pour vivre une courte heure de gloire. Voici 7 femmes qui ont reçu ce Prix Nobel, le Graal du savoir.

Anne L’Huillier

Cinquième femme à décrocher le Prix Nobel de physique, Anne L’Huillier a été fraîchement décorée pour ses travaux très prometteurs sur le déplacement des électrons à l’intérieur des atomes et des molécules. Physicienne franco-suédoise de renom, Anne L’Huillier a un CV prestigieux.

Professeure à l’université de Lund en Suède, elle est aussi membre influente de l’Académie Royale sur ces terres scandinaves. Qualifiée de « pionnière de la physique attoseconde », elle a aussi ouvert de nouvelles perspectives sur les fondamentaux de la physique quantique. Source d’inspiration pour toute la communauté scientifique, Anne L’Huillier fait partie de ces femmes qui résorbent doucement les inégalités de genre accrochées au Prix Nobel.

Toni Morrison

Parmi les femmes qui ont obtenu l’honorable Prix Nobel, celle-ci est un emblème. Acclamée à l’international pour son rôle dans la littérature contemporaine, Toni Morrison se démarque par sa plume militante nuancée. Première écrivaine noire à obtenir un tel titre, elle se fait la voix des Afro-Américains.

Ses œuvres gravitent essentiellement autour de quatre thèmes : race, identité, héritage culturel et poids des coutumes. Dans ses livres « phénomènes », elle laisse entrevoir des héroïnes féminines puissantes, qui courent toutes après la liberté. « Beloved », l’un de ses « bestsellers », raconte par exemple le parcours tortueux de Margaret Garner, une esclave en fuite, qui paye fort le prix de cette « évasion ». Ses récits doivent leur génie à un style narratif lyrique, une profondeur psychologique toujours maîtrisée et à une capacité à mettre en lumière des réalités crues.

Jane Addams

Issue d’un milieu assez modeste, Jane Addams a pris sa revanche sur la vie en se consacrant pleinement au féminisme et à la justice sociale. Surtout connue pour son travail humanitaire, elle a permis d’enclencher plusieurs réformes cruciales aux États-Unis.

Activiste aux multiples casquettes, elle s’est soulevée tantôt pour le droit de vote des femmes, tantôt pour l’abolition de la pauvreté. Elle a d’ailleurs ouvert « Hull House » à Chicago, l’une des premières maisons de refuge et de soutien social pour les immigrant.e.s et les pauvres. Toujours vouée à façonner un monde meilleur, elle a grandement amélioré les conditions de vie des populations défavorisées, les invisibles de la rue. Pacifiste dans l’âme, c’est tout naturellement qu’elle est devenue le visage du Prix Nobel de la paix en 1931.

Rosalyn Sussman Yalow

Rosalyn s’inscrit dans la très étroite liste des femmes lauréates au Prix Nobel de médecine. Née à New York en 1921, elle est issue d’une famille juive qui a fui l’Allemagne nazi. Dès son plus jeune âge, elle manifeste une passion fiévreuse pour les mathématiques, discipline exclusivement masculine à l’époque.

À l’université, son goût pour la physique s’affirme et la pousse à explorer des questions laissées sans réponse. À force de persévérance, elle fait une découverte révolutionnaire : elle perce à jour les rouages de l’insuline. Aux côtés de son bras droit Berson, elle va même plus loin en développant la radioimmunologie. Un système qui permet des avancées significatives dans le diagnostic de maladies telles que le diabète et l’insuffisance cardiaque.

Elfriede Jelinek

Fine observatrice de la société, Elfriede Jelinek retranscrit ses analyses avec des mots à la fois tranchants et justes. Écrivaine autrichienne réputée pour ses œuvres audacieuses, elle dissèque la psychologie humaine sans prendre de gants.

Appréciée pour son extrême franchise et son regard clairvoyant sur le monde, Elfriede Jelinek décortique les structures de pouvoir qui gangrènent la société et les questions de genre. Armée d’une plume incisive, elle écrit des récits à la tonalité dénonciatrice et aux échos féministes. Son style courroucé lui a valu une place éloquente parmi les quelque 17 femmes ayant glané le Prix Nobel de la littérature.

Gabriela Mistral

Gabriela Mistral, de son vrai nom Lucila Godoy Alcayaga, était une poétesse chilienne, couronnée pour ses écrits poétiques empreints de profondeur émotionnelle et à forte résonance sociale. Première femme d’Amérique latine à remporter un Prix Nobel, elle s’est servie des jeux de syllabe et de la rythmique pour pointer des thèmes âpres.

Sa prose s’élevait, en toute subtilité, contre les injustices sociales et les souffrances humaines. En parallèle de ses déclarations lyriques, Gabriela s’attelait aussi à transmettre son amour des mots aux jeunes générations. Elle donnait des cours bénévolement aux enfants analphabètes de son pays. Sensible aux droits des femmes et à la reconnaissance des peuples indigènes, Gabriela était sur tous les fronts du respect.

Dorothy Crowfoot-Hodgkin

Parmi les femmes de talent qui ont récolté le Prix Nobel, Dorothy Crowfoot-Hodgkin, elle, excellait dans la chimie et plus particulièrement la cristallographie. Passée par les bancs d’Oxford et de Cambridge, deux universités très select, elle exprime rapidement une fascination pour les rayons X.

À mesure de ses recherches, elle fait plusieurs trouvailles fracassantes. Elle a été la première à déterminer la structure tridimensionnelle de nombreuses molécules complexes, notamment la pénicilline, la vitamine B12 et le fonctionnement de l’ADN.

Pourquoi les femmes ont si peu de Prix Nobel ?

Alors que les prix Nobel célèbrent leur 122 ans d’existence, les femmes se font encore discrètes sur le devant du podium. Malgré quelques minces espoirs, cette récompense élogieuse du savoir s’adresse majoritairement aux hommes. L’Académie des Nobel recense 6 % de lauréates et du côté des filières scientifiques, le chiffre frôle à peine les 2 %. Moins de 60 femmes ont été primées en un siècle. Tandis que plus de 890 hommes ont bénéficié de cette précieuse distinction. Le déséquilibre est criant.

Cette répartition très inégale pousse à croire que l’intelligence est une qualité purement masculine. Pourtant, de nombreuses femmes d’hier et d’aujourd’hui ont largement amélioré notre quotidien à travers leurs innovations. Sans leur coup de génie, nous n’aurions pas de connexion internet. Nous devrions laver notre vaisselle au labeur de nos mains. Ou nous ne pourrions pas effacer nos ratures sur nos interros. Et encore, ce n’est qu’un ridicule panel d’exemples. L’ingéniosité ne dépend donc pas de ce qui se trouve dans la culotte, mais s’amorce à l’intérieur du cerveau. Elle est innée.

Un problème de disparité en coulisse

En vérité, si les femmes sont si peu nombreuses à recevoir le Prix Nobel, c’est surtout à cause de comités tenus presque exclusivement par des hommes. Cette grande institution implantée en Suède, pays « modèle » souvent considéré comme le fief de l’égalité des sexes, se conjugue au masculin. Deux femmes sur onze membres sont à la tête des comités pour l’économie, trois sur dix en chimie, quatre sur dix-huit en médecine, une sur sept en physique et deux sur sept en littérature.

Au-delà de cette disparité en interne, l’invisibilisation des femmes dans les Prix Nobel est aussi un sombre reflet de la société, qui marginalise encore les « savantes ». Ce phénomène porte d’ailleurs un nom dans le milieu scientifique : l’effet Matilda. Il consiste à dénigrer l’impact des femmes dans la recherche et à décrédibiliser leurs compétences. Sous leur allure fanfaronne, les prix Nobel traduisent en fait des relents misogynes préjudiciables.

Ces femmes, couvertes d’un Prix Nobel, sont des figures admirables qui forcent le respect et qui incitent à la persévérance. Toutefois, la question se pose naturellement. Sont-elles dans le classement pour leurs œuvres progressistes ou pour donner une meilleure image de l’institution ? 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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