Si vous culpabilisez devant les personnes à la peau nette et au visage tout droit sorti d’Athènes, l’espoir renait pour faire disparaître ces filtres Instagram. Derrière le #Filterdrop, une initiative de la make up artiste Sasha Pallari qui a réussi à remonter aux oreilles du géant de la Silicon Valley. Explications.
Une publicité dangereuse pour les consommateur.rice.s
Une peau sans pore ni acné, des lèvres repulpées… les filtres sur Instagram font la belle part à la chirurgie esthétique digital et cela depuis trop longtemps. Le pire ? Quand des personnes utilisent ces déformations du visage pour faire la promotion de produit de beauté pour la peau. Une publicité mensongère qui a fait tirer la sonnette d’alarme à Sasha Pallari sous le #Filterdrop.
En cause précisément ? Les photos de l’influenceuse Elly Norris pour la marque de bronzage Skinny Tan et celle de Cinzia Baylis-Zullo pour Tanologist Tan. Ces publicités 2.0 utilisaient un filtre très populaire sur Instagram, le « Perfect Tan ». Sasha s’est alors empressée de déposer des plaintes contre ces deux publicités auprès de l’ASA, l’Advertising Standards Authority.
« Je me suis dit : quelqu’un se rend-il compte du danger que cela représente ? Je ne veux pas que les enfants grandissent en pensant qu’iels ne sont pas assez beaux.elles à cause de ce qu’iels voient sur les réseaux sociaux », a-t-elle déclaré à la BBC
L’ASA a répondu que les influenceuses avaient effectivement enfreint les règles du code de la PAC relatives à la publicité trompeuse et à l’exagération.
No filter is the new filter
Depuis, de nombreux.ses Instagrammeur.se.s ne cessent de s’emparer du mouvement pour en faire autre chose : accepter leur beauté au naturel. En mettant des photos avant/après filtres sous le #Filterdrop, des milliers de publications ont vu le jour. Une manière de décomplexer les jeunes (principalement) qui se comparent aux célébrités très retouchées sur leurs photos.
Une enquête menée par Girlguiding, une organisation britannique à but non lucratif, fait d’ailleurs état d’un fait assez « alarmant » : un tiers des jeunes filles ne publient jamais un selfie sans un filtre qui change leur apparence. Lors de cette même enquête, 39 % ont déclaré regretter ne pas avoir la même apparence dans la vie réelle qu’en ligne.
Une libération de la parole sous le #Filterdrop
Pour Sasha Pallari, maquilleuse et mannequin, cela n’a rien d’étonnant. À travers le hashtag #Filterdrop, elle souhaite justement que les internautes « valorisent ce qu’iels sont plutôt que ce à quoi iels ressemblent ».
La vidéo de Sasha Pallari sur la campagne #Filterdrop a suscité un véritable engouement. On y retrouve de nombreux témoignages où beaucoup avouent ne pas réaliser jusqu’à quel point iels étaient psychologiquement attaché.e.s aux filtres jusqu’à ce qu’on leur demande de ne pas les utiliser. On parle alors de dysmorphie et cela peut aller très loin. Pour Sasha Pallari, ces filtres ne devraient tout simplement pas exister, car ils ne montrent pas la réalité.
Que fait Instagram ?
Souvent pointé du doigt pour sa modération très vague, Instagram, contacté par la BBC, a réagi. L’entreprise explique « nous voulons que les effets de la RA (réalité augmentée) soient une expérience sûre et positive pour notre communauté. C’est pourquoi nous permettons aux gens de créer et d’utiliser des effets, mais nous ne les recommandons pas dans notre galerie d’effets« .
Plus globalement, rappelons qu’il ne faut pas croire tout ce que vous voyez sur les réseaux sociaux. En 2023, il serait bien temps d’accepter notre peau avec toutes les caractéristiques qui font notre singularité.
Grâce à #Filterdrop, les influenceur.se.s se montrant au naturel peuvent ainsi reprendre le contrôle des standards de beauté plus réalistes. Iels peuvent aussi inciter leurs followers à accepter leurs visages tels qu’ils sont. Une notion importante d’acceptation de soi à rappeler encore en 2023 !