Depuis la crise du COVID 19, le télétravail est devenu la norme. D’ailleurs, beaucoup d’employé.e.s y ont pris goût et rechignent à franchir à nouveau les portes de l’openspace. Se lever une minute avant d’entamer la journée, travailler en pyjama pilou-pilou, faire son ménage sur la pause du midi… les arguments sont imbattables. Dès que les N+1 parlent de revenir en 100 % présentiel, une grande partie des personnes actives sont prêtes à plier leur carton et à quitter leur job. C’est ce que révèle une récente étude. Les offres d’emploi ont beau être alléchantes, si elles ne mentionnent pas de « travail hybride » ou de « télétravail fréquent », elles ne trouveront pas preneur.se.s. L’avenir du travail se jouera-t-il entièrement à domicile ? Les chiffres semblent prédire ce scénario.
Le télétravail, un critère essentiel
Avant la pandémie, le télétravail était presque un mot inconnu. Accordé seulement sous des conditions strictes, il relevait de l’exception. Mais désormais, le télétravail est ancré dans les habitudes et s’esquisse presque comme une nécessité absolue. Si certaines personnes préfèrent se rendre sur place pour avoir un minimum de lien social, la plupart des employé.e.s sont attaché.e.s au confort de leur foyer. Il faut dire que travailler depuis ses pénates, sans mettre un pied dans les transports est une vraie valeur ajoutée.
Faire des visioconférences vêtu d’un bas douillet Stitch et d’une chemise « corporate », voir ses collègues avec modération, pouvoir ajuster son agenda… voilà les nouvelles exigences des salarié.e.s modernes. Cependant, le télétravail incite parfois au farniente. Certain.e.s pantouflard.e.s aux pouces fatigués n’hésitent pas à user de tous les stratagèmes pour en faire le moins possible. Iels pratiquent la fraude au clavier pour garder leur souris active pendant qu’iels somnolent. Sur leur double écran, il y a, d’un côté leurs mails et de l’autre un épisode de Bridgerton. À cause de tous ces abus, les employeur.se.s abolissent doucement ce privilège et limitent le télétravail.
Ce retour forcé au bureau est assez mal vécu, à tel point qu’il se transforme en motif de démission. Selon une étude de SkillsHub, quatre personnes sur dix envisageraient de quitter leur emploi si elles devaient retourner au bureau à temps plein. Un cinquième d’entre elles songerait à déserter leur siège ergonomique si elles devaient se rendre au bureau trois jours ou plus par semaine. Ces données concernent seulement la population britannique. Mais en France aussi, les employé.e.s tiennent à leurs jours de télétravail et refusent de les échanger contre du présentiel. 63 % des Français.es choisissent un emploi qui offre la possibilité de travailler depuis n’importe où, sans contrainte de déplacement sur site.
Les raisons pour lesquelles le télétravail séduit
Le télétravail est synonyme de flexibilité horaire. Le temps perdu au volant ou accroché à la barre de métro est réinvesti intelligemment et laisse plus d’espace pour le bien-être personnel. Selon une étude de l’Observatoire du télétravail, les répondant.e.s disent économiser en moyenne 1h ou 1h30 en restant dans leur cocon. De précieuses minutes dépensées dans la vie de famille et les activités « plaisir ». C’est d’ailleurs la qualité numéro une attribuée au télétravail.
Selon 72 % des Français.es, le télétravail permet aussi d’être plus efficace dans ses tâches et d’avancer plus vite. Forcément, il n’y a pas les incursions des collègues bavards ni la cacophonie des sonneries ou le bruit de la machine à café qui fait de la concurrence à un marteau piqueur. Ce cadre feutré et familier est idéal pour rester focus. Cependant, en télétravail, nombreux.ses sont les employé.e.s qui se sentent « fliqué.e.s ». Entre les patrons qui appellent tous les quarts d’heure pour « faire le point », les réunions « surprises » et les logiciels « espions » greffés aux outils de travail… la confiance n’est pas unanime.
Le hic, le télétravail pas suffisamment encadré
Alors que le télétravail s’est largement imposé en quatre ans, cette pratique constitue encore une zone blanche juridique. Et c’est justement ce qui dessert les employé.e.s. Lorsqu’il est question de payer les factures d’énergie, d’investir dans un siège convenable ou de fournir un ordinateur qui ne remonte pas au moyen âge, les entreprises sont aux abonnés absents. Résultats : les personnes en télétravail doivent souvent sortir de l’argent de leur poche et puiser dans leur paye pour ne pas travailler depuis leur lit ou leur table basse.
Selon les chiffres, 42 % des télétravailleur.se.s indiquent que leur employeur ne participe pas aux frais induits par le télétravail. Pourtant, le site economie.gouv.fr est clair : « l’employeur doit prendre en charge les frais engagés par un salarié dans le cadre de son contrat de travail ». Iel doit aussi respecter le « droit à la déconnexion ». Mais force est de constater que ces deux obligations sont régulièrement bafouées.
Le travail hybride, le bon compromis
Le travail hybride, un mix entre distanciel et présentiel, semble être la meilleure formule pour avoir un bon équilibre de vie. Les employé.e.s peuvent ainsi profiter du calme de leur logement à temps partiel et aller au bureau raisonnablement. Ce modèle de travail nouvelle génération révolutionne le « métro, boulot, dodo » et contribue au bien-être des salarié.e.s à 360°. C’est ce que met en lumière un récent sondage publié dans les colonnes de The Guardian.
Meilleure qualité de sommeil, regain de sérénité, alimentation plus saine, productivité à son comble et épanouissement total… les retours sont formels. Le travail hybride est quasiment irréprochable. Cette pratique prometteuse fidélise également les employé.e.s et apporte un sentiment d’appartenance à la boîte. Les offres d’emploi qui contiennent ce terme risquent d’être rapidement prises d’assaut sur LinkedIn et ailleurs…
Le télétravail intégral ne fait plus rêver. Aujourd’hui, c’est le travail hybride qui retient majoritairement l’attention des salarié.e.s. Loin d’être une tendance passagère, cette formule à la croisée du cocon intime et de l’espace formel est amenée à se banaliser.