GHB : c’est quoi exactement ? Que faire pour que cela cesse ?

Le GHB, plus communément appelé « la drogue du violeur », est un puissant psychotrope aux propriétés sédatives et amnésiantes. Depuis début octobre, les femmes victimes de viols, d’agressions sexuelles dans les bars ou discothèques à partir de cette substance dangereuse commencent à témoigner. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient. Si des solutions émergent partout en Europe, #Balancetonbar prouve que ce n’est pas assez, et que la situation est urgente.

Des bars de Bruxelles aux quatre coins de la France

Depuis début octobre, les témoignages de victimes du GHB explosent. Nantes, Besançon, Grenoble, Strasbourg, Paris, Tours… des dizaines de témoignages affluent dans chacune de ces villes avec le hashtag #BalanceTonBar. Sur les réseaux sociaux, patrons d’établissements de nuit et gouvernement sont interpellés par plusieurs personnes relatant des faits d’administration de substances comme le GHB en soirée, suivis, pour beaucoup, d’agressions sexuelles.

C’est à Bruxelles que les langues se sont fait entendre en premier, début octobre. Plusieurs femmes rapportent avoir été droguées dans deux bars du quartier d’Ixelles, le Waff et El Café. Les témoignages se dirigent en particulier vers les employés de ces établissements, barmans pour la plupart. Ces témoignages glaçants sont depuis rassemblés par le compte Instagram Balance ton Bar.

De plus en plus de femmes se souviennent, et osent parler. Entre septembre et octobre, les autorités britanniques ont recensé pas moins de 198 cas d’agressions au GHB. À Montpellier, 50 témoignages ont été reçus en quelques semaines par l’association générale des étudiants montpelliérains.

C’est quoi le GHB, « la drogue du violeur » ?

Le GHB (ou acide gammahydroxybutyrique), est une molécule d’acide 4-hydroxybutanoïque. C’est un puissant psychotrope qui était à l’origine utilisé dans la confection de médicaments. Cette drogue de synthèse a des propriétés sédatives et amnésiantes. Elle provoque plusieurs effets, pouvant entraîner des conséquences mortelles. Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale du Canada (CAMH), « Le GHB est un dépresseur du système nerveux central, c’est-à-dire qu’il a un effet sédatif et qu’il ralentit la respiration et le rythme cardiaque »

Pourquoi cette substance a-t-elle hérité du surnom de « la drogue du violeur » ? Tout simplement parce qu’on ne la voit pas. Une fois synthétisée, sous forme de poudre ou de liquide, elle est incolore, inodore et insipide, soit quasiment impossible à repérer. C’est donc très facile d’en verser discrètement dans les verres d’alcool lors de soirées à l’insu de sa consommatrice. De plus, une fois ingéré, le GHB agit en très peu de temps. Grossièrement, la personne qui en a pris va avoir premièrement une sensation euphorique, avant d’être engourdie puis absentée (black-out, un trou noir).

Aujourd’hui il est difficile de dire si ces tentatives de soumission chimique au GHB augmentent par rapport aux années précédentes. Le ministère de l’Intérieur n’a encore pas noté d’augmentation du nombre de plaintes liées au GHB. Mais dans l’immense majorité des cas, les victimes ne portent pas plainte. Ce qui est sûr, c’est que l’usage du GHB comme drogue récréative se démocratise. Ce n’est pas cher, et ça se trouve facilement.

Que faire en cas de doute dans mon verre ou celui de mon ami.e ?

Il est important de préciser qu’il n’est pas normal que ça soit aux potentielles victimes de se prémunir des risques. En guise de piqûre de rappel : vous n’êtes jamais responsable des violences que vous avez subies. Le lieu où vous étiez, l’heure qu’il était, la tenue ou l’attitude que vous aviez n’a rien à voir avec cet agresseur qui est entièrement responsable de son agression. C’est lui et rien que lui qui a agi. Également, l’administration de substances est passible de 5 à 7 ans d’emprisonnement + de 75000 à 100 000 euros d’amende.

Si vous êtes témoin d’une personne qui drogue un verre ou une personne à son insu, prévenez immédiatement la police. En amont, vous pouvez être attentif.ve à certaines réactions dans un verre, comme par exemple, les bulles qui coulent dans le fond. Si vous avez le moindre doute sur l’état d’un.e ami.e, restez en sa compagnie et surveillez le/la pour vous assurer qu’il.elle reste conscient.e.

D’autres solutions contre le GHB

Contre ce fléau, d’autres solutions ont également émergé. À Montpellier par exemple, une association étudiante a proposé dès septembre la mise en place de couvercles de verres, afin de protéger les verres des consommateur.trice.s de l’introduction de toutes substances. Cette initiative arrive également dans la ville de Lille, par le biais de l’association « Oser Dire Non ».

Aussi, l’entreprise états-unienne Undercover colors présentait déjà en 2014, un tout nouveau vernis à ongles, censé lutter contre les intoxications en boîte de nuit. Un dispositif très facile d’utilisation : une fois appliqué sur les ongles, il suffit de tremper ses doigts dans son verre pour détecter la drogue. Au contact de certaines substances, dont le GHB, l’ongle vire au noir et avertit ainsi la victime que son verre est contaminé. Le même concept a été mis au point par des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, avec une paille dotée de minuscules capteurs détectant la présence de GHB dans le verre.

Pour vous, quelle serait la solution pour que ces évènements ne se reproduisent plus ? Venez partager vos impressions avec nos lecteurs et lectrices, sur le forum de The Body Optimist.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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