Les initiatives pour la dénoncer ont beau se multiplier, la grossophobie semble pour l’heure être encore largement tolérée. Après tout, le gros est responsable de sa situation estiment certains… Il n’attire ainsi aucunement la pitié. Certaines personnes en surpoids en arrivent alors à penser que « les gros sont les derniers qu’on peut encore insulter en toute impunité ».
Dans la rue, à l’école… La haine des gros est un passe-temps comme les autres !
Il n’y a qu’à voir les témoignages d’anonymes ou les discours haineux dont sont victimes les personnalités en surpoids à chacune de leurs apparitions publiques, la grossophobie est encore de nos jours largement répandue et même tolérée.
Interrogée par le magazine belge Moustique, Cynthia, 39 ans, estime ainsi que « les gros sont les derniers qu’on peut encore insulter en toute impunité ». Il faut dire qu’elle subit de plein fouet la grossophobie depuis ses 12 ans. Elle raconte ainsi les insultes au quotidien. Un conducteur qui lui lance un « Sauvez Willy » en passant à son niveau. Ou encore une vendeuse H&M qui lui répond que « les vêtements des grosses, c’est dans un autre magasin » lorsqu’elle demande où se situe le rayon grande taille.
Mais elle n’est pas la seule à vivre cette violence des mots et parfois même des gestes au quotidien. Émeline, 23 ans, raconte le calvaire que lui faisaient subir ses camarades à l’école dès l’âge de 9 ans. « On me poussait contre les murs ou par terre. On me faisait des croche-pieds. On me bousculait et on m’appelait « grosse vache » ou « bonhomme Michelin ». ». La grossophobie dont est victime Émeline redouble d’intensité au collège et au lycée. « Ils mettaient des pointes de compas ou de ciseaux sous ma chaise pour « me faire dégonfler ». ».
La grossophobie décomplexée : en famille aussi
Dans la rue, à l’école… la grossophobie est aussi présente à la maison. Sur le compte Instagram « Phrases Assassines », des anonymes en témoignent. On a ainsi pu lire :
« « Tu ressembles à un gros sanglier ». J’ai toujours complexé sur mon poids. Avant je faisais 85kg et depuis j’ai perdu 20kg. Il y a quelques jours, ma mère m’a dit que j’avais toujours été grosse et en a profité pour me lancer cette phrase en plein dans ma gueule. Depuis qu’elle m’a dit ça, je ne mange quasiment rien et je pleure à chaque fois que j’y repense. »
Après la mère, la grossophobie chez le père :
« « Il est courageux de sortir avec toi ». Lors d’une discussion sur mon nouveau copain. Mon père faisait référence à mon surpoids, il voit ça comme quelque chose à cacher. Donc pour lui sortir avec quelqu’un en surpoids relève du courage. »
Ou encore :
« « Tu ne te trouves pas déjà assez grosse comme ça ? ». J’étais dans la cuisine en train de manger un petit gâteau. Mon père est arrivé et m’a dit ça. Pourtant je me sentais bien dans mon corps à ce moment-là. »
Les gros sont les derniers qu’on peut encore insulter sans crainte, vraiment ?
Cynthia l’affirme : « Si on insulte un Juif, un Noir, un Arabe, il peut potentiellement y avoir des poursuites. Les gros, sans problème. »
C’est un sentiment que partagent certaines personnes victimes de grossophobie. Pourtant, il est primordial de rappeler que le racisme et la grossophobie ne sont absolument pas comparables. Aussi, s’il est vrai que le racisme et l’antisémitisme sont condamnés par la loi, dans les faits, c’est rarement le cas.
Difficile par exemple de prouver que l’on a été discriminé à l’embauche à cause de son origine ethnique. Il n’y a, d’autre part, qu’à parcourir internet pour comprendre que les sanctions encourues ne freinent aucunement le racisme.
Alors, les gros sont les derniers qu’on peut encore insulter en toute impunité ? Si on peut parfois le penser, dans les faits, ce n’est pas tout à fait vrai donc.
Et vous, avez-vous été victime de grossophobie ? Racontez-nous votre expérience sur le forum.