Grossophobie : les fat admirers sont-ils les alliés des femmes grosses ?

On les appelle les fat admirers. Ces hommes qui aiment les femmes rondes devraient, en toute logique, être les alliés des victimes de grossophobie. À y regarder de plus près pourtant, leur vision des femmes rondes ne pourrait que les stigmatiser encore davantage et participer à leur discrimination.

Fat admirers, ces hommes fascinés par les corps ronds

La frontière est parfois floue entre les hommes qui préfèrent les rondes et ceux que l’on qualifie ou qui s’appellent eux-mêmes des fat admirers. Certains ne feront aucune différence entre les deux, d’autres verront pourtant en la seconde catégorie des fétichistes, pas seulement des hommes dont les préférences physiques se portent sur les personnes aux rondeurs généreuses.

Un fat admirer en effet, ce n’est pas un homme qui préfère les femmes rondes, c’est une personne qui voue un culte aux corps ronds, en surpoids, obèses. Ce corps est un objet de désir, d’admiration, de fascination. L’enveloppe généreuse, les courbes vertigineuses le font fantasmer. C’est une sorte de fétichisme.

Mais que voit-il au-delà du corps gros ? Voit-il la personne qu’il y a derrière ou ne voit-il que l’objet de son désir ?

La femme derrière la « grosse »

Dans la grossophobie, on retrouve souvent ce même mécanisme. Les personnes en surpoids ou obèses sont déshumanisées. Elles ne sont plus des êtres humains pour lesquels on peut avoir de l’empathie et du respect, mais des bêtes curieuses, des choses que l’on traite comme telles.

Cela se vérifie lorsqu’une blogueuse ronde se retrouve victime d’un pari odieux. Cela se vérifie encore lorsque dans la rue la femme en surpoids se fait appeler « la grosse », « baleine », « gros tas ». Ou encore lorsqu’à l’occasion d’un entretien d’embauche le recruteur ne voit que le corps gros et non la personne formée, diplômée et compétente qui se tient face à lui.

Mais que voit le fat admirer en la femme ronde si ce n’est, lui aussi, un corps gros ? Qu’importe que l’on perçoive les rondeurs de façon positive ou négative, si l’on ne voit pas l’être humain qui se cache derrière on fait le jeu de la grossophobie. Le fat admirer va même plus loin en sexualisant ce corps. En faisant de la femme ronde une femme objet, déshumanisée, il ne lui rend aucunement service.

Il n’est pas nécessaire de désirer les femmes rondes pour être leurs alliés (et inversement)

Il n’est pas nécessaire d’être sexuellement attiré par les femmes rondes pour lutter activement et efficacement contre la grossophobie. Les alliés des femmes rondes, ce sont ceux qui ne veulent plus voir de personnes en surpoids victimes de discrimination à l’embauche, de grossophobie médicale, de moqueries, qui militent pour que chaque individu quel que soit son poids puisse voyager confortablement, aller au cinéma et avoir un siège à sa taille, puisse s’inscrire à la salle de sport sans avoir peur du regard des autres et subir les mêmes examens médicaux que les autres patients grâce à du matériel adapté.

L’allié de la femme ronde, ce n’est pas celui qui désire son corps mais qui se fiche de sa condition, qui ne se sent pas concerné par les discriminations auxquelles elle doit faire face ou qui ne s’y intéresse que lorsque cela le concerne aussi, lui qui aime les corps gros dans un monde qui les rejette.

Si le fat admirer, comme notre société grossophobe, réduit la femme ronde à son gros corps, bien qu’il l’aime, bien qu’il assume ses préférences, il n’est en rien son allié.

Carole Guidon
Carole Guidon
Les rondeurs ne sont pas synonymes de laideur. Le corps gros n'est pas forcément un fardeau. Moi-même, je suis une jeune fille ronde et épanouie qui s'assume. J'aime la vie et les plaisirs simples. Et j'ai à cœur de militer au quotidien contre la grossophobie qui gangrène notre société. Derrière chaque corps se cache une histoire, heureuse ou douloureuse, mais toujours unique, qu'on gagnerait à accueillir avec respect et humilité.
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