Les médias se veulent de plus en plus inclusifs. La société s’habitue doucement à la diversité… Mais derrière cette apparente évolution, en avons-nous vraiment fini avec la grossophobie ? Si à première vue, tout a changé, dès que l’on gratte un peu le vernis une grossophobie internalisée apparaît, aussi bien chez les personnes minces qu’en surpoids.
Des discours et des idées reçues encore bien ancrés en nous
Si redonner de la visibilité aux corps gros fait partie intégrante de la lutte contre les discriminations, cette action prise isolément n’a aucun intérêt. Car la grossophobie est une construction complexe qui ne s’arrête pas au simple manque de diversité dans les médias.
Ce sont des idées, des discours, des affirmations assénées à longueur de journée que l’on finit par percevoir comme étant des vérités. Ainsi, on peut, et avec la plus grande sincérité du monde, se dire pro-diversité et même plus, « gros-friendly ». Mais si aucun travail de réflexion et de déconstruction des stéréotypes n’a été mené derrière, si on continue de croire, voire même de perpétrer certaines idées reçues, on reste grossophobe, bien que cela puisse être difficile à admettre.
Prenons en exemple cette situation classique. Un individu ouvertement grossophobe reproche à une personne en surpoids de manquer de volonté. Il souligne également le danger que cela représente pour sa santé. Une personne « gros-friendly » va alors venir à sa rescousse, là encore, avec toute la bonne volonté du monde. Elle va ainsi affirmer que la personne en surpoids a peut-être des problèmes hormonaux, que ce n’est pas de sa faute si elle est grosse. Elle va ensuite souligner que l’on peut être gros et en bonne santé. Un discours que l’on retrouve d’ailleurs dans la bouche de certains militants eux-mêmes.
Il est pourtant le reflet d’une grossophobie internalisée et même banalisée. Car le souci n’est pas que l’on soit responsable ou non de son surpoids, que l’on soit ou non en bonne santé. Le problème ici est l’infantilisation, la violence psychologique, la dénonciation, l’ingérence et comme souvent, la déshumanisation des personnes en surpoids.
Dire que l’on peut être gros pour de bonnes raisons ou en bonne santé, entrer dans cette conversation, ce n’est ni plus ni moins que valider cette attitude de déshumanisation et d’infantilisation du gros. Car que l’on soit responsable de son surpoids et en mauvaise santé ne légitime pas quoiqu’il arrive ce comportement.
Je soutiens les gros mais je ne veux pas en être
La grossophobie internalisée se révèle aussi souvent dans son propre rapport au corps. On peut ainsi être pro-diversité et dénoncer la grossophobie tout en étant terrifié à l’idée de grossir. Et lorsqu’on demande pourquoi tu as peur de devenir gros, tous les clichés grossophobes refont généralement surface.
Ainsi, on veut bien accepter de soutenir les gros mais on fera tout pour ne pas le devenir, car au-delà des inquiétudes concernant les risques pour la santé, ce sont aussi et surtout tous les stéréotypes associés au surpoids qui font peur. Une attitude qui révèle donc là aussi des idées reçues encore bien ancrées chez la plupart des gens.
Mais n’allons pas croire que ce problème est l’apanage des gens minces. Les gens en surpoids eux-mêmes peuvent avoir ce réflexe. On peut ainsi être gros et avoir des idées reçues ou jugements vis-à-vis de ceux qui sont plus gros que nous. On veut bien accepter la diversité ou soutenir l’inclusivité, mais jusqu’à une certaine limite seulement…
Ce qu’il faut retenir donc, c’est que la grossophobie internalisée ne s’efface pas en quelques photos mises en avant ici et là dans les médias. C’est une déconstruction lente et périlleuse qui doit s’opérer.
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