Sujet récurrent des discussions sociétales, la perte de poids revient sur le devant de la scène à travers les photos avant/après qui prolifèrent sur les réseaux sociaux. Ces clichés divisent l’opinion publique, soulevant des interrogations sur leur impact réel sur la confiance en soi et l’estime personnelle. Si le body-positivisme et les mouvements féministes ont permis d’initier un dialogue plus ouvert sur la diversité des corps, les réseaux sociaux continuent de promouvoir des normes esthétiques rigides, où la transformation physique est glorifiée.
L’injonction à la minceur : une pression toujours présente
Malgré les avancées sociales, la pression à atteindre un corps parfait demeure omniprésente, particulièrement sur des plateformes comme Instagram ou TikTok. Les stories de salles de sport, les clichés de repas « healthy » et les hashtags comme #nopainnogain alimentent une culture de la perfection physique qui peut être écrasante. Cette quête incessante de la silhouette idéale contribue à renforcer un cercle vicieux, où l’apparence prime sur tout, et où le « moche » est écarté des représentations sociales dominantes.
Les photos avant/après illustrent cette dynamique. En mettant en avant une transformation, elles perpétuent l’idée que le changement est synonyme de valeur. Le hashtag #weightlosstransformation, qui cumule plus de 17 milliards de vues sur TikTok, en est la preuve flagrante. Mais si ces publications peuvent motiver certains, elles alimentent aussi des comparaisons toxiques et renforcent les insécurités, particulièrement chez les jeunes.
La toxicité des photos avant/après
Les clichés de transformation physique ont un coût psychologique souvent passé sous silence. Ils instaurent une hiérarchie des corps et favorisent des comportements obsessionnels envers le poids et l’apparence. Cette tendance va à l’encontre des efforts pour promouvoir l’inclusivité et la diversité corporelle, en imposant une norme implicite selon laquelle le corps « après » est toujours préférable au corps « avant ». Cela peut accentuer le rejet de soi chez ceux qui ne se sentent pas capables ou désireux de se conformer à ces standards.
@ellie_and_thetwins Trying to remember just how far i have come 🥺 #weightloss #weightlosstransformation #glowup #fyp ♬ original sound – Trends
Entre authenticité et marketing : où se trouve la vérité ?
Si prêcher la confiance en soi et l’acceptation des corps semble être une avancée positive, cela peut parfois relever d’une stratégie commerciale. De nombreuses marques surfent sur ces tendances pour améliorer leur image sans pour autant remettre en question leurs pratiques. Ainsi, les photos avant/après et les campagnes de mannequins plus size servent autant à séduire qu’à masquer les vrais enjeux.
Dans cet écosystème ultra-connecté, où tout est soumis au jugement public, l’hypocrisie est souvent difficile à discerner. Les transformations physiques présentées comme des triomphes personnels masquent parfois des pressions sociales intenses. Cela soulève une question essentielle : ces pratiques célèbrent-elles réellement l’individu, ou renforcent-elles une culture toxique de l’apparence ?
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Vers un changement de mentalité
Pour contrer cette tendance, il est crucial de réorienter le discours vers l’acceptation de soi, sans conditions. La diversité corporelle doit être perçue comme une richesse et non comme une exception. Les réseaux sociaux, qui amplifient souvent les normes toxiques, peuvent également devenir des outils de sensibilisation, à condition que les utilisateurs privilégient des contenus authentiques et bienveillants.
La perte de poids, si elle reste un choix individuel, ne doit plus être une injonction collective. Bannir les clichés avant/après de l’espace public pourrait être une étape essentielle pour promouvoir une culture où chacun se sent valorisé, indépendamment de son apparence.