Les discriminations envers les personnes en surpoids font régulièrement l’objet des gros titres. On ne compte plus les cas de harcèlements sur le web, d’agressions physiques, de différences de traitement de la part du corps médical, de moqueries et d’insultes… Plus insidieuse encore, le « hogging ». Cette pratique, assez méconnue du grand public, fait également des ravages psychologiques sur les victimes.
Le hogging, un pari sexuel nauséabond
Concrètement, le hogging est un « jeu » qui a vu le jour dans les fraternités américaines. Il s’agit d’un pari abjecte entre étudiants. Le vainqueur est celui qui aura eu une relation sexuelle avec la fille/femme la plus grosse présente à la soirée ou dans le bar. Si nous en entendons beaucoup parler comme étant pratiquée outre-atlantique, les écoles de commerce françaises ne sont pas non plus en reste.
L’humiliation ne s’arrête d’ailleurs malheureusement pas là. Il arrive fréquemment que les autres « joueurs » fassent irruption dans la pièce. Moqueries et humiliation publique de la jeune femme sont alors au rendez-vous, jusqu’à ce qu’elle s’en aille, morte de honte.
Pourquoi les femmes en surpoids sont ciblées ?
Les hommes se livrant à ce pari considèrent que les femmes en surpoids sont désespérées ou plus faciles à se laisser convaincre. Cet acte met en lumière le culte de la masculinité dominante, à son paroxysme. L’effet de groupe favorise généralement ce genre de comportements misogynes malsains et humiliants.
Dans bon nombre de films ou séries, les personnes grosses – quant elles sont représentées – le sont comme des personnes désespérées, privées de sexualité ou de relations amoureuses. Les hommes pratiquant le hogging considèrent ainsi faire une faveur à la femme grosse. Et c’est là que la gravité de l’acte prend tout son sens. Les auteurs de ce pari nauséabond estiment que la femme doit « s’estimer heureuse » d’avoir eu une relation sexuelle, vu qu’elle est grosse.
Une pratique mise en lumière via les réseaux sociaux
Si pendant longtemps ce qui se passait de honteux et discriminatoire, notamment dans les fraternités américaines, restait caché et méconnu du grand public, aujourd’hui les réseaux sociaux servent de plateforme de libération de la parole et de prévention. Une vidéo virale sur TikTok, postée par Megan Mapes où elle raconte sa propre expérience, a notamment pour vocation d’alerter.
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Assimilé à un harcèlement sexuel, le hogging est passable de sanctions pénales. Malheureusement, les femmes victimes sont bien souvent détruites psychologiquement et n’osent pas raconter l’épisode traumatisant qu’elles ont vécu. Le harcèlement revêt dans ce cas une dimension morale et physique. Cela met en lumière l’importance de sensibiliser l’opinion publique aux pratiques grossophobes et de représenter les personnes en surpoids dans les médias.
Grossophobie, stop !
La grossophobie a de lourdes conséquences, notamment psychologiques, sur les personnes qui la subisse. Humiliées, elles vont développer une crainte de sortir de chez elles et de se confronter au regard des autres. Dans les cas les plus graves, il est à déplorer une désociabilisation et un isolement social.
Avec le hogging, la réflexion s’ouvre sur des sujets tels que la déconstruction de schémas et les différents préjugés auxquels nous sommes habitué.e.s. Tant que certaines catégories de personnes, minoritaires ou non, seront considérées comme ayant moins de valeurs, ces comportements abjectes continueront. Preuve en est qu’il est important que les acteurs majeurs de l’information et de la communication à grande échelle ouvrent leurs « standards » de beauté, de réussite, et laissent une place à tout.e individu.e dans l’espace public.
Comment lutter contre le hogging ?
L’information est importante, la lutte contre les préjugés également. Nous ne sommes pas tou.te.s égaux.ales face au poids, à l’alimentation. Qu’importe notre morphologie nous avons le droit au respect et a une sexualité épanouie. La première chose à faire, à l’échelle individuelle, est ainsi de dénoncer les pratiques grossophobes auxquelles vous pourriez assister. On pense notamment à ne pas rire aux blagues sur les gros.ses, non ce n’est pas « juste de l’humour ». Ou aussi à ne pas pointer du doigt une personne grosse dans la rue, dans une soirée, etc.
L’évolution des mentalités collectives passe par la prise de position individuelle. Tous les corps ont le droit de vivre et n’ont pas à être hiérarchisés dans la société ou stigmatisés.