La rue est devenue le terrain de jeu favori des adultes immatures. Armés de leur lourdeur légendaire, ils enchaînent les techniques de séduction douteuses et diffusent un vent de terreur dans les villes. En plein jour ou à la tombée de la nuit, ces individus acharnés se répandent comme une pandémie de peste noire. « Et mademoiselle, t’es bonne », « T’es charmante, tu me files ton numéro ? »… ces phrases désobligeantes ponctuent le quotidien de nombreuses femmes. Le harcèlement de rue est un véritable fléau qui laisse de lourdes séquelles psychologiques chez les victimes. Les chiffres sont alarmants et jettent un froid dans le dos. D’après une étude réalisée par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et publiée en avril dernier, 100 % des femmes ont déjà été harcelées dans les transports en commun. Pour clouer le bec de ces rapaces envahissants, rusez et redoublez d’inventivité.
La rue : un milieu hostile
Le blog « Paye ta shnek », a recensé les témoignages de plus de 15 000 femmes confrontées au harcèlement de rue. Chaque histoire résonne comme un cri du cœur. Ce défouloir 2.0 illustre les propos « crus » et les actes dégradants infligés aux victimes. On peut y lire : « Dommage que Pâques soit passé, j’aurais bien deux œufs à te faire manger » ou « Tu sais pas où y’a un Hôtel Ibis, que j’te fasse goûter mon Pastis ». Deux discours qui suscitent dégoût et aberration.
Depuis quelques mois, la toile est devenue la vitrine de ces immondices. Pour alerter le grand public, des comptes Instagram ont germé. « Dis bonjour sale pute » ou encore « Dans la bouche d’une fille » mettent par exemple en lumière des paroles bouleversantes. Une lutte virtuelle s’amorce petit à petit et éveille les esprits.
Des mesures pour lutter contre ce fléau
Se balader sans se faire siffler, porter une jupe ou un décolleté en toute sérénité… À cause de ce fléau, de nombreuses libertés sont amputées. D’ailleurs, la moitié des Françaises ont déjà changé de tenues par crainte d’être interpellées ou harcelées. À chaque sortie solitaire, le stress et le sentiment d’insécurité nous collent à la peau. Devant la multiplication de ces actes, le gouvernement a décidé d’agir. En 2018, une loi contre le harcèlement de rue a été créée. Elle pénalise les « propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste », lorsqu’ils sont « dégradants, humiliants, intimidants, hostiles ou offensants ».
Ces faits sont passibles de 90 € d’amende, voire de 1 500 € en cas de circonstance aggravante (lorsque la victime a moins de 15 ans, notamment). Une mesure qui a porté ses fruits puisque plus de 700 contraventions ont été dressées en 2019. Pourtant, certains parviennent encore à échapper aux filets judiciaires et partent en quête de nouvelles proies.
Vous marchez tranquillement dans la rue, tête baissée, musique activée, vous êtes dans vos pensées. Un parasite vient se mettre en travers de votre route pour vous lancer une disquette du style : « Hé mademoiselle, ton père travaille chez Nintendo si j’en crois ton corps de DS ». Si vous êtes confrontées à ce genre de scénario, sortez de l’ignorance et misez sur des détournements atypiques. On vous a concocté une liste haute en couleur.
1 – Misez sur l’anti-charme
Munie d’une bonne dose d’humour et dans un calme olympien, retournez-vous vers lui et sortez votre plus belle grimace. Un doigt dans le nez, les yeux qui louchent, des bulles de bave qui sortent de votre bouche, un rot qui s’échappe de façon presque naturelle… Autant de mimiques qui calmeront les pulsions de monsieur. En effet, ce comportement très inattendu est un véritable répulsif.
2 – Grondez-le comme un enfant
Il n y a rien de plus méprisant que d’être considéré comme une petite créature puérile. Si le harceleur est insistant, qu’il vous suit partout, qu’il répète « Alors, t’es intéressée ? », patientez puis retournez-vous face à lui et prononcez un « NON » colérique. Mettez-vous dans la peau d’une maman fâchée face à un bambin capricieux. Levez votre index et faites un décompte en disant « Attention, à 3, j’appelle le 17 ». Faites vibrer votre rage et élevez la voix, déversez toute la haine qui vous traverse.
S’il essaye de vous contredire ou de vous insulter, coupez-lui la parole. Vous pouvez lancer des phrases rabaissantes comme « Vilain garçon, c’est pas bien d’aboyer comme ça sur de jeunes femmes, t’as pas honte ? ». Soit il vous prendra pour une folle, soit il ne saura plus ou se mettre. Mais dans tous les cas, cette technique est infaillible pour le faire fuir.
3 – Simulez une crise de démence
Dans le même registre que la méthode précédente, surjouez et devenez pendant un temps, une actrice de cinéma. Bégayer, faites trembler votre corps, prononcez des incantations incompréhensibles… en définitive, devenez le pire cauchemar de votre harceleur.
Pour aller encore plus loin et l’effrayer davantage, vous pouvez amplifier votre discours en hurlant des phrases comme « Écartez-vous ! Ça recommence ! ». Sur l’instant, il ne comprendra pas ce coup de bluff et il sera forcément déstabilisé.
4 – Mettez-lui la honte en public
Dans le métro ou dans le bus, les mains baladeuses sont nombreuses. Si, un jour vous subissez ce genre de scénario, ne vous laissez pas faire. Parfois, les transports sont bondés, il est alors très complexe d’identifier l’individu pervers. La seule solution pour le trouver, prenez son bras et brandissez-le devant tout le monde. Vous êtes légitime de l’incendier en public. Vous pouvez sortir : « Quelqu’un a une laisse ? Parce que je crois que ce chien s’est perdu » ou « Avis à tous les passagers, à qui appartient cette main ? Elle était sur mes fesses ». Après ce numéro, le harceleur sortira de la rame avec les joues écarlates.
5 – Utilisez un dicton sorti de nulle part
Nos grands-parents raffolent de ces dictons classiques et indémodables. « C’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace », « Petit à petit, l’oiseau fait son nid », « L’habit ne fait pas le moine »… Ces petites citations, parfois complètement loufoques, peuvent s’avérer très utiles.
Pour répondre à un homme un peu lourd, ce genre de phrases préconçues fonctionne en effet très bien. S’il vous dit « Pourquoi tu réponds pas ? Vas-y fais pas ta timide là ! », répondez presque de façon philosophique « Qui vole un œuf, vole un bœuf ». Cette phrase sans aucun sens fera cogiter le harceleur et le laissera sans voix. Il se creusera les méninges pour savoir ce qu’elle signifie.
6 – Posez-lui une question gênante
Si lui se permet de vous demander des choses personnelles telles que votre numéro de téléphone, ne vous gênez pas pour lui retourner des questions gênantes. « T’as arrêté de faire pipi au lit à quel âge ? », « Tu vas aux toilettes combien de fois par jour ? », « Tu te laves les mains de temps en temps ? », « T’as déjà embrassé un de tes potes sur la bouche ? »… Laissez libre cours à votre imagination et tentez de trouver les pires requêtes possibles. Montrez-lui que vous avez confiance en vous et s’il tente d’en placer une, continuez votre cinéma.
7 – Faites-le répéter ses insultes
« Réponds salope » : c’est l’insulte la plus prononcée dans la rue. Elle est utilisée dans 24 % des cas envers les femmes. Pour reprendre les rênes en main et mener la barque, faites semblant de ne pas avoir compris ce qu’il vous disait et approchez-le en disant : « Pardon ? Vous avez dit quoi, je n’entendais pas j’avais mes écouteurs ». Logiquement, il devrait vite remballer sa fierté et perdre un peu confiance.
8 – Balancez une série de chiffres sur le harcèlement de rue
Une petite séance pédagogique s’impose. Pour lui apprendre quelques notions du harcèlement de rue et lui montrer que vous maitrisez le sujet, faites-le culpabiliser. « Ça te dérange pas trop de faire partie des 75% de harceleur présent en France ? », « T’aimes les prunes ? Parce que si tu t’arrêtes pas tu risques de t’en prendre une »… Autant de petites piques véridiques qui stoppent les ardeurs.
Vous pouvez dénicher d’autres techniques de défense pour mettre K.O le harcèlement de rue en écoutant le podcast YESS par exemple. Cette pépite auditive rassemble des témoignages forts de femmes qui ont levé la voix contre ces obscénités et qui ont triomphé devant ce sexisme environnant.
D’autres militant·e·s ont aussi imaginé l’application « HandsAway » (« bas les pattes! »). Dès qu’une femme est importunée, elle peut y déclencher une alerte géolocalisée et se faire aider. Le téléphone est devenu le meilleur allié pour s’extirper des griffes de ces prédateurs acharnés. D’autres outils salutaires comme « Garde ton corps », « Sekura », « App-elles » ou « Sorority » permettent également de trouver très rapidement un lieu sûr et de lancer l’alerte.
Début mars, la ville de Nîmes a lancé un dispositif inédit pour protéger les victimes. Sur les vitrines de 150 commerces locaux, l’autocollant « Où est Angela ? » règne. Ce nom de code signifie que la boutique peut faire office de refuge pour les personnes harcelées ou violentées. Ce concept bienveillant pourrait s’étendre dans d’autres régions.