Vous avez décidé d’héberger chez vous un parent âgé car iel n’est plus en capacité de vivre seul.e ou de subvenir à ses besoins ? Cette décision, qui risque de bousculer votre quotidien, s’accompagne probablement de nombreuses incertitudes et interrogations. Voici donc quelques conseils pour appréhender au mieux l’arrivée de votre parent à la maison.
Une adaptation en plusieurs temps
L’aménagement d’un espace personnel
Il est essentiel de réserver à votre parent un espace bien à lui/elle. L’idéal serait de lui procurer une chambre meublée et décorée avec des objets personnels auxquels iel tient. Si vous en avez la possibilité, lui faire profiter d’une petite salle de bain ou d’un coin toilette réservé à son usage personnel serait un joli bonus.
Grâce à ces gestes, votre proche pourra s’approprier ce nouveau « chez-soi » plus sereinement. De la même manière, si iel possède un animal de compagnie, l’héberger facilitera sûrement ce changement de vie, afin d’éviter le sentiment de solitude.
L’organisation d’une nouvelle vie
Héberger un parent âgé ne représente pas uniquement un aménagement du logement. Cette nouvelle vie implique aussi de nouvelles règles de vie commune pour assurer une agréable cohabitation. En effet, vivre avec ses parents ne veut pas dire tout faire à leur place. Cela représenterait une charge mentale encore plus importante pour vous et un sentiment de dépendance et d’inutilité pour votre proche.
Iel ne doit pas se sentir comme un.e intru.e dans le foyer. Vous pouvez donc réfléchir aux tâches qui peuvent être accomplies par votre parent en fonction de son autonomie. Préparation des repas, entretien du logement, aides aux devoirs d’un.e enfant, soins aux animaux du foyer, jardinage, les options ne manquent pas. Également, vous pouvez proposer à votre parent une activité régulière en société qui lui permettra de garder un lien social (club de cartes, de randonnée, animation dans une association…).
Quels changements apporter à votre logement ?
Héberger un parent âgé nécessite souvent une adaptation du logement. Cela lui permet de garder de l’autonomie et de se sentir à l’aise dans ce nouvel environnement. Alors, il vous faudra passer en revue toutes les pièces principales de votre habitation : cuisine, salle de bain, chambre et salon.
S’il suffit parfois de quelques ajustements, il se peut que cela nécessite de plus gros aménagements : lit médicalisé, douche à l’italienne, monte escaliers, élargissement des portes, cuvette… Au-delà de ces aménagements, Michèle Zaragoza responsable de « l’Espace Idées Bien chez moi » interrogé par Femme actuelle précise :
« Désencombrez : enlevez les petits meubles dans les couloirs, retirez les tapis ou scotchez leurs bords, éliminez les fils électriques qui serpentent au sol… »
Préserver son intimité autant que celle de son parent
Il est important que votre vie personnelle ne soit pas sacrifiée avec l’accueil de votre parent âgé chez vous. Même si cette nouvelle viendra bousculer l’équilibre familial, votre priorité doit demeurer sans la préservation de l’intimité de chacun.e. C’est-à-dire que malgré les concessions adoptées, les règles de vie commune doivent servir le bonheur de tout le foyer. Il ne faut pas culpabiliser de souffler, de penser à soi et d’accepter de l’aide extérieure.
De la même manière, votre parent ne voudra sûrement pas se sentir surprotégé.e. Généralement, la perte d’autonomie est un cap difficile à passer pour les seniors. Alors, les priver des libertés qu’il leur reste est dangereux. Pour éviter cet écueil, il faudra avoir une discussion dans laquelle chacun.e posera ses limites et besoins.
Comment bien s’entourer ?
En accueillant un parent âgé chez vous, vous faites la preuve d’un grand geste pour la famille, vous devenez aidant.e. Ce n’est pas une raison pour porter seul.e le poids de l’aide. Cet accueil, aussi beau soit-il, reste une responsabilité qui doit se partager. Chacun.e peut apporter son aide, même si ce n’est que ponctuellement.
1 – Échanger avec d’autres aidant.e.s
Héberger son parent âgé à la maison peut s’avérer challengeant. En tant qu’aidant.e, il est nécessaire de rester en forme pour votre santé autant que celle de votre parent. Alors, veillez à ne pas vous surmener et ne pas en culpabiliser. C’est un équilibre parfois difficile à trouver.
Alors, n’hésitez pas à échanger avec des personnes qui se trouvent dans la même situation. Il existe en France de nombreuses associations qui soutiennent les aidant.e.s. Les rejoindre vous offrira l’occasion de vous informer et partager votre expérience.
2 – Faire appel à des services d’aide au maintien à domicile
Selon le degré d’autonomie de votre parent, vous pouvez faire appel à différents services en l’accueillant. Cette palette de services collectifs est rendue possible par des structures spécialisées dans les services aux personnes en perte d’autonomie.
Celles-ci interviennent pour aider à l’entretien du cadre de vie (ménage, repassage…), à l’aide aux courses ou à l’aide à la vie quotidienne (toilette, préparation des repas…). Qui plus est, ces prestations sont assurées par des auxiliaires de vie formé.e.s et expérimenté.e.s.
3 – Solliciter l’aide à sa famille ou ses proches
Enfin, ce n’est pas parce que vous prenez la décision d’accueillir votre parent âgé que vous devez prendre sa charge seul.e. Vos proches seront même sûrement heureux.ses de vous épauler dans ce nouvel équilibre. Alors, n’hésitez pas à demander de l’aide autour de vous. Vos proches peuvent vous soutenir de nombreuses manières.
Par exemple, iel peuvent parfois prendre le relais en restant avec votre parent le temps d’un après-midi, d’un week-end voire de quelques semaines. Iels peuvent aussi vous aider avec les repas, les courses, les navettes pour les activités et rendez-vous de votre parent. À vous d’établir avec elleux la place qu’iels peuvent et veulent prendre.
Quelles aides financières pouvez-vous obtenir ?
Sachez que les caisses de retraite et les mutuelles peuvent vous accorder des aides à l’adaptation du logement.
L’allocation personnalisée d’autonomie (APA)
Saviez-vous qu’il existe une aide réservée aux personnes âgées dépendantes ? L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) correspond à une réduction d’impôt de 50 % sur les dépenses engagées pour s’occuper de ses parents âgé.e. Bien que conditionnée, elle permet le maintien à domicile d’un parent, mais peut aussi s’appliquer en cas de séjour en maison de retraite.
L’APA peut aussi financer les soins prodigués par un.e aidant.e familial. Concrètement, dans ce cas, vous devenez employé de votre parent, même si vous êtes en congé de soutien familial. Cela étant dit, le statut d’aidant.e familial n’est pas accessible aux conjoint.e.s, concubin.e.s ou partenaires de pacs. Aussi, si vous n’étiez pas salarié.e avant de devenir aidant.e, vous devenez éligible au chômage.
La prestation de compensation du handicap (PCH)
Si vous accueillez chez vous un parent âgé en situation de handicap, vous pouvez solliciter la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Il s’agit d’une aide départementale attribuée par le CDAPH aux personnes handicapées vivant à domicile ou chez un.e aidant.e familial.
Estimer précisément le coût des soins
Dans le cas où vous engageriez des dépenses d’accessibilité pour héberger votre parent âgé, vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt de 25 %. Il en va de même pour les autres dépenses d’adaptation à la perte d’autonomie à la condition qu’un.e membre du foyer fiscal est en situation de handicap ou classé GIR 1 à 4.
Enfin, sous conditions de ressources, votre parent peut solliciter l’aide de l’Agence nationale de l’habitat qui couvre 35% à 50% des travaux (monte-escalier, douche…). Il lui faudra expliquer votre domicile constitue sa résidence principale.
Héberger un parent âgé n’est pas anodin, car cela engage de nombreux aménagements de votre intérieur comme de votre vie personnelle. C’est pour cette raison que cette décision n’est pas à prendre à la légère et nécessite une discussion entre tou.te.s les concerné.e.s. Mais une fois que vous serez convaincu.e de sauter le pas, vous ne manquerez pas de soutien tant psychologique que matériel et financier.