Athlète, artiste, activiste ou encore pilote… les héroïnes noires ont marqué l’Histoire avec un grand H. Encore trop méconnue du grand public, la rédaction a décidé de vous raconter l’histoire de 4 de ces battantes, véritables héroïnes dont les noms méritent d’être célébrés.
1 – La tenniswoman Althea Gibson, 1927-2003
Vous connaissez sûrement les soeurs Williams. Mais avez-vous déjà entendu parler de la tenniswoman d’Athea Gibson ? Née en Caroline du Sud, elle est l’une des premières athlètes noires à avoir atteint un niveau international. Elle est même la première afro-américaine à remporter un titre du Grand Chelem, en 1956. Plus fort encore, elle remporte 11 titres, et est de nouveau sacrée à Wimbledon, en 1958.
Une statue lui est consacrée au Billie Jean King National Tennis Center de New York. Pour l’anecdote, il s’agit du plus grand stade de tennis au monde. Si elle excelle au tennis, on sait moins qu’elle est également une excellente golfeuse. Au début des années 60, elle est la première femme noire à intégrer la compétition du Women’s Professional Golf Tour. Une sacrée championne !
2 – L’activiste Angela Davis, 76 ans, née en 1944
Elle a littéralement voué sa vie au combat pour le droit des femmes et ceux des noirs aux États-Unis. Elle est une pionnière du combat black-feminist, l’équivalent de notre mouvement français afroféminisme. Ancienne membre des Blacks Panthers, collectif militant pour les droits des noirs dans les années 70, elle est recherchée et arrêtée plusieurs fois par le FBI. En cause : les actions de son parti qui se rebelle contre les arrestations répétées des noirs et les violences à l’encontre des Afro-Américains.
Angela Davis a le courage d’évoluer dans le milieu Black Panthers, presque exclusivement masculin. Elle est même devenue l’une de leurs leaders ! En effet, elle ose parler à voix haute dans une époque qui ne porte guère d’attention aux revendications des femmes. Et encore moins aux personnes noires.
Elle poursuit sa carrière universitaire et devient finalement directrice du département d’études féministes de l’Université de Californie. En 1998, elle fait son coming out sur la couverture du magazine Out. Elle devient par la même occasion un symbole auprès de la communauté homosexuelle. Une véritable battante !
3 – La pilote Bessie Coleman, 1892-1926
Contrairement à la croyance populaire, Amélia Earheart n’est pas la seule femme à briller dans le domaine de l’aviation. Bessie Coleman est même la première femme noire aviatrice au monde. Dixième d’une fratrie de treize enfants, elle grandit au Texas, auprès de sa mère qui travaille dans les champs de coton puis comme cuisinière. Désireuse d’échapper à ce destin, elle met de l’argent de côté et entre en classe préparatoire à la Colored Agricultural and Normal University. Par manque d’argent, elle est obligée de quitter l’Université au bout de la première année.
À ce moment précis, les États-Unis entrent en guerre aux côtés des Alliés durant la Première Guerre Mondiale. Découvrant les exploits des aviateurs dans la presse, Bessie Coleman décide de devenir pilote. Malheureusement, aucune école en Amérique n’accepte de former des élèves afro-américaines à cette époque-là.
Soutenue par l’avocat Robert S. Abbott, elle part alors pour Paris en 1920. Elle est âgée de 27 ans lorsqu’elle pose le pied en France. Et en 7 mois seulement, elle flirte avec l’excellence et passe avec succès tous les examens. Le 15 juin 1921, elle devient la première personne afro-américaine à obtenir la licence de pilote de la Fédération aéronautique internationale. Elle rentre aux États-Unis où elle est accueillie en héroïne, aussi bien par les noirs que par les blancs.
Très vite, elle participe à des shows de voltige et accumule les contrats dans le but de ramasser le plus d’argent possible. Avec cette somme, elle souhaite ouvrir une école de pilotage. En parallèle, elle brave aussi la ségrégation en n’acceptant de se produire que devant des publics mixtes. En 1926, elle achète son premier avion. Et alors qu’elle doit se produire le 1er mai à Jacksonville, elle se tue la veille, lors d’un vol d’essai.
Fauchée en plein vol, sa mémoire est honorée par de nombreux pilotes. Beaucoup de lieux publics portent son nom et elle a droit à un timbre à son effigie en 1995. Aventurière dans l’âme, elle prouve qu’une femme peut devenir qui elle souhaite, qu’importe sa couleur de peau ou sa condition.
4 – Claudette Colvin, âgée de 81 ans, née en 1939
Si l’acte militant de Rosa Parks, en refusant de céder sa place à une blanche dans un bus, est bien connu, on a trop tendance à oublier que la première à l’avoir fait n’est nulle autre que Claudette Colvin. Elle est âgée de 15 ans, lorsqu’un certain 2 mars 1955, elle refuse de se lever pour qu’une femme blanche s’asseye à sa place dans le bus. Rappelons qu’à l’époque, les lois Jim Crow des États du Sud imposent la ségrégation raciale dans les transports publics.
Face à son refus, le chauffeur du bus s’arrête et appelle la police. Claudette Colvin est arrêtée, violentée et finalement déférée devant un tribunal pour enfants. Elle est condamnée pour « troubles à l’ordre public, violation des lois sur la ségrégation et agression« . Un dernier point qu’elle niera toujours.
Quelques mois plus tard, Rosa Park réitère cet exploit militant, dans la même ville de Montgomery. Encore à l’heure actuelle, Claudette Colvin ne regrette en rien son acte et est fière de dire qu’il a été l’étincelle d’un plus grand brasier. En 2017, Rita Dove, poète américaine, lui consacre un poème : Claudette Colvin Goes To Work. La même année, Todd Strange, maire de Montgomery, déclare que le 2 mars de chaque année sera le Claudette Colvin Day, une journée consacrée à sa mémoire.
Des héroïnes noires qui méritent amplement que leur nom soit répertorié dans les livres et leur combat, racontés à toutes les jeunes générations !