Brun musclé, blonde mince : la représentation de « l’homme et la femme parfaits » selon l’IA confirment-elle les stéréotypes ?

Qu’est-ce que la « perfection physique » ? Une question aussi ancienne que l’humanité elle-même à laquelle l’intelligence artificielle (IA) tente aujourd’hui d’apporter une réponse. Dans une récente étude, des chercheurs ont demandé à une IA de générer des images représentant « l’homme et la femme parfaits » selon les standards contemporains. Le résultat : une femme blonde et mince, et un homme grand et musclé. Une représentation qui suscite autant d’admiration que de débats.

Des standards physiques (très) stéréotypés

Les chercheurs ont utilisé des algorithmes d’intelligence artificielle pour créer ces fameux portraits « parfaits ». Le processus consistait à entraîner le modèle avec des données issues des réseaux sociaux, des publicités et d’autres médias populaires. En d’autres termes, l’IA a ingéré des tonnes d’images et de contenus censés refléter ce que nous valorisons en termes de beauté aujourd’hui. Résultat ? Une blonde aux proportions de mannequin Victoria’s Secret et un Apollon à l’allure de super-héros Marvel.

La blonde idéale : fragile, douce… et un brin datée

Le portrait féminin généré par l’IA coche ainsi toutes les cases du stéréotype de la « femme parfaite » tel qu’on le perçoit dans la pop culture occidentale. Cheveux blonds, silhouette fine mais courbes aux bons endroits, peau claire et sourire éclatant. Une vision qui pourrait passer pour flatteuse, mais qui trahit un conditionnement persistant. Pourquoi blonde ? Depuis des décennies, cette couleur de cheveux est associée à la féminité, la jeunesse et même l’innocence dans l’imaginaire collectif. L’IA ne fait que compiler ces images et en extraire une synthèse… terriblement clichée.

Et la minceur ? Là encore, l’obsession sociétale pour un corps féminin « parfait » a tout influencé, des magazines de mode aux influenceuses Instagram. Pourtant, cet idéal n’a rien d’universel. Dans certaines cultures et époques, des silhouettes plus rondes étaient synonymes de santé et de beauté. Mais l’IA n’a visiblement pas été programmée pour explorer cette diversité…

L’homme parfait : un héros de blockbuster

Côté masculin, le verdict est tout aussi attendu : grand, brun, musclé, avec une mâchoire carrée digne de figurer dans un film d’action. Ici, l’idéal semble puiser dans des figures classiques de la virilité, popularisées par des icônes comme James Bond, Superman ou les stars du cinéma hollywoodien. Le muscle, symbole de force, reste l’attribut clé. Mais pourquoi ? Parce que nos sociétés associent encore (à tort) la puissance physique à la valeur d’un homme.

De plus, l’idée que la virilité doit se traduire par un corps athlétique est amplifiée par les industries du fitness et du cinéma. Loin d’être neutres, ces choix reflètent des tendances globalisées où certains traits sont perçus comme plus « universellement attrayants » que d’autres. Et cela, au détriment de la diversité physique et ethnique.

Une perfection influencée par les réseaux sociaux

Ces créations reflètent-elles une vérité universelle sur ce que signifie « être beau » ? Pas du tout. Elles sont le produit d’un bombardement incessant de standards irréalistes dans nos sociétés. L’IA n’est pas magique : elle apprend à partir des données qu’on lui donne. Si ces données sont biaisées (et elles le sont souvent), l’IA reproduira ces biais. Et dans ce cas, les stéréotypes sexistes et eurocentrés semblent avoir fait leur grand retour, confirmant que la technologie n’est pas aussi neutre qu’on pourrait le croire…

L’analyse de ces données montre par ailleurs que les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la définition de ces standards. Les images qui y circulent privilégient souvent des corps sculptés, des peaux lisses et des visages impeccables. Ces idéaux, largement filtrés et retouchés, influencent la manière dont l’IA interprète la beauté. Ce phénomène met en lumière l’impact des plateformes numériques sur notre perception de l’apparence idéale. Les algorithmes de l’IA ne font qu’amplifier les biais préexistants en reproduisant des normes déjà dominantes.

L’IA : outil de changement ou amplificateur de biais ?

Ces représentations de la « perfection » ignorent évidemment tout un pan de l’humanité. Où sont les personnes âgées ? Les physiques dits atypiques ? Les diverses ethnies ? Les handicaps ? En résumant la beauté à des critères étroits et standardisés, l’IA perpétue l’idée que seuls certains types de corps méritent admiration et valorisation. Ces portraits ne disent pas seulement ce que nous trouvons beau : ils reflètent aussi ce que nous valorisons dans nos sociétés. La jeunesse, la minceur, la force, la symétrie. Mais ils passent sous silence des qualités plus subtiles qui définissent la beauté humaine : l’authenticité, la confiance, ou encore le caractère unique de chaque individu.

Ces résultats suscitent ainsi des inquiétudes. En valorisant des normes physiques souvent inaccessibles, ils peuvent renforcer des complexes et accentuer la pression sociale liée à l’apparence. Les mouvements en faveur de la diversité corporelle dénoncent régulièrement ces idéaux étroits, rappelant que la beauté ne se limite pas à une silhouette ou à une couleur de cheveux.

La question qui se pose est donc la suivante : l’intelligence artificielle peut-elle contribuer à élargir notre vision de la beauté, ou est-elle condamnée à en renforcer les stéréotypes ? Cela dépend entièrement de la manière dont nous entraînons ces algorithmes. Imaginez si, au lieu de nourrir l’IA avec des images filtrées et idéalisées, on lui fournissait une base de données représentant toute la diversité humaine. Cela pourrait créer des représentations plus inclusives et nuancer ces portraits stéréotypés. Il reste un long chemin à parcourir pour que la technologie cesse de refléter nos biais et commence à défier les normes limitantes.

Les « hommes et femmes parfaits » générés par l’IA ne sont pas une révélation, mais plutôt une confirmation de nos tendances culturelles. Ils rappellent que, même à l’ère de la technologie avancée, les stéréotypes ont la vie dure. La bonne nouvelle ? Ces résultats sont une opportunité de réfléchir à la manière dont nous définissons la beauté et de nous demander : ne serait-il pas temps de mettre à jour nos standards ? Si l’IA peut nous montrer où nous en sommes, c’est à nous, humains, de décider où nous voulons aller.

Anaëlle G.
Anaëlle G.
Adepte des réseaux sociaux, j'ai toujours passé mon temps à naviguer sur les sites de mode, santé et beauté pour les femmes. On a toutes besoin de se sentir belles quelle que soit sa taille et c'est ce qui me plaît chez The Body Optimist.
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