Visiblement les stéréotypes de genre ont la vie dure, surtout ceux concernant les femmes, et ils ne sont pas sans conséquences. En effet, une étude d’Open Data MESRI réalisée en 2021, a démontré une faible présence des femmes dans les études et les professions scientifiques. La faute à qui ? Un conditionnement social stéréotypé. Pourtant, les femmes ne seraient pas si désintéressées par ces études et encore moins, incompétentes. On en parle.
Moins d’étudiantes dans les filières scientifiques en licence & master
Si les chiffres montrent qu’à l’université le nombre de filles et de garçons est presque égal dans les filières scientifiques (45,9 % de femmes en licence , 43,5 % en master, contre 54,1 % d’hommes en licence et 56,5 % en master), lorsque l’on se penche plus spécifiquement aux disciplines le constat est tout autre.
Les sciences de la vie et de la terre (SVT), la biologie et la chimie sont les licences scientifiques les plus féminisées. À l’inverse, les filières informatiques et mécaniques sont complètement désertées par les jeunes femmes.
En effet, 73,2 % des étudiantes s’orientent en sciences bio-médicale, 68,1 % en sciences de la vie, 65,2 % en licence de SVT et 60,4 % se spécialisent en chimie. Elles ne sont que 19,1 % en informatique et 18,3% en mécanique.
Même constat au niveau des masters. Plus de la moitié des étudiantes sont en biologie ou en chimie et elles sont moins d’un quart dans les domaines de l’informatique, les mathématiques ou la physique.
Moins de 30 % d’étudiantes en prépa, DUT et écoles d’ingénieur.e.s
Même constat alarmant dans les écoles d’ingénieur.e.s, en prépa et en DUT (Diplôme Universitaire de Technologie) scientifiques. Les filles sont sous-représentées. Elles ne sont que 28,7 % en écoles d’ingénieur.e.s, 30,8 % en prépa et 22,2 % en DUT.
Au niveau des spécialités, la tendance est quasi similaire à celle des universités. Les jeunes femmes sont en minorité dans les disciplines de l’informatique et du transports (17,2 %), dans les écoles d’ingénieur.e.s. Elles sont uniquement 16,9 % en prépa PTSI (Physique, technologie et sciences de l’ingénieur) et 8 % en prépa TSI (Technologies et sciences industrielles).
Tandis qu’elles dominent dans les spécialités de biologie, chimie, physique et sciences de la terre, en prépa scientifiques (70,7 %). Elles sont 70,7 % à se spécialiser dans le génie biologique et 57,9 % en chimie.
Orientation genrée : la faute aux stéréotypes
Mais pourquoi un tel écart ? Pourquoi les étudiantes ne s’orientent pas vers des filières mathématiques ou technologiques ? Par manque d’intérêt et d’incompétences, les clichés diront. Mais, ce n’est pas le cas. C’est la faute aux stéréotypes. On vous explique.
Dans certains pays, notamment ceux moins « avancés », subsiste une primauté masculine, selon laquelle les hommes seraient plus intelligents que les femmes. De fait, ils seraient plus légitimes à poursuivre des études supérieures et avoir une carrière professionnelle. Par conséquent, l’orientation scolaire est genrée.
Par exemple, l’excellence mathématique est dédiée aux hommes. Tandis que les femmes sont associées aux filières littéraires. Ainsi, ces sociétés stigmatisent les femmes et les contraignent à faire des choix stéréotypés.
Comment lutter contre les stéréotypes ?
Bien que de manière générale, les sociétés les plus « avancées » semblent de plus en plus, accepter que les femmes soient présentes dans tous les domaines. Et que celles-ci se détachent des stéréotypes et choisissent leurs études en fonction de ce qui les intéresse, des évolutions et actions de sensibilisation sont encore à mener.
Elyès Jouini, directeur de la chaire Unesco Femmes et Science, conseille notamment de mettre en place des programmes de mentorat et de faire intervenir des femmes scientifiques qui ont réussi dans des voies connotées masculines.
Afin d’améliorer l’information et la connaissance des élèves en termes de perspectives d’avenir, il lui semble nécessaire de réorganiser le système éducatif dans son ensemble et de mener à bien des campagnes de sensibilisation au sein des établissements, et dans les familles.
Les associations & entreprises se mobilisent
Mais, il n’est pas le seul à vouloir changer la donne. De nombreuses associations se mobilisent pour lutter contre les stéréotypes. Par exemple, l’association Elles bougent encourage les entreprises à sensibiliser les établissements scolaires aux métiers de l’industrie et des technologies auprès des jeunes filles.
Grâce à leur stratégie de marraines et filleules, les jeunes étudiantes, lycéennes et collégiennes, vont à la rencontre de ces femmes ingénieures, découvrent leurs métiers et leurs parcours et déconstruisent les stéréotypes de l’orientation genrée.
Notre société a encore des progrès à faire en termes de stéréotypes de genre. Toutefois, la mobilisation et la lutte de certaines entreprises et associations nous laissent espérer un avenir meilleur et plus égal. Et pour y arriver, brisons et déconstruisons, au quotidien, les stéréotypes !