« La réa, c’est douloureux et moche » : cette infirmière raconte son quotidien

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense du déconfinement, Amandine, infirmière depuis 2013, se montre prudente : « Comme tous les soignants, je n’en pense pas grand-chose (…). On se prépare, mais notre quotidien n’a pas changé pour le moment« . En effet, depuis l’apparition du Covid, Amandine est passée en service réanimation. Une spécialité qu’elle a dû apprendre sur le tas. Bien loin de Grey’s Anatomy ou Docteur House, elle témoigne à travers son journal de bord sur Instagram : « La réa, c’est douloureux et moche« . Focus sur cette héroïne en blouse blanche.

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??[On se prépare]?? . . Le deconfinement tout le monde en parle, le 11 mai, même les familles de mes patients me demande « et vous alors Amandine ? Vous en pensez quoi du déconfinement ? »?? Comme tous les soignants j’en pense pas grand chose, on vera le comportement des gens surtout… Ce n’est pas la loi qui est importante finalement mais ce que le peuple en fait. ?À l’hôpital, des postes sont installés à chaque entrée : gel hydroalcoolique et masque chirurgical pour toutes les personnes qui pénètrent dans l’établissement. On se prépare, mais notre quotidien n’a pas changé pour le moment, comme nos salaires d’ailleurs mais c’est une autre histoire.? . . #deconfinement #covidaparis #infirmièrecovid #infirmierecovid19 #gelhydroalcoolique #masquevisage

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« Ma vie s’est arrêtée »

« Récits, anecdotes, réalité, bienvenue dans mon monde bienveillant et aseptisé« . C’est avec ces mots que nous accueille Amandine, jeune infirmière, elle-même en couple avec une autre infirmière. D’ailleurs, elles ne parlent plus que de ça à la maison : « on parle de notre boulot tout le temps. On vit réa Covid depuis un mois« . Sa seule bouffée d’air frais ? Pouvoir raconter ses journées sur son blog et sa page Instagram.

Plus qu’un métier, être infirmière est une vocation pour la jeune femme. Infirmière en chirurgie-gynécologie, on lui a demandé d’intégrer le service réa pour pallier à la vague de patients atteints du Covid dès la fin du mois de mars. « Ma vie s’est arrêtée. » raconte-t-elle. En effet, elle a dû s’occuper de patients en détresse respiratoire aiguë. Intubés, ventilés par des machines dans des états très critiques et « qui demandent des soins très spécifiques que je ne connaissais pas il y a encore trois semaines« .

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??[La grande semaine]?? . . Je travaille en 12 heures. C’est un rythme épuisant, qui ne convient pas à tout le monde mais qui a ses avantages.☝?Personnellement je ne me vois plus travailler autrement. Je commence à 7h du matin et je débauche à 19h le soir. ⏰ C’est vrai que c’est long. C’est la moitié d’une journée. Si on compte 1h de trajet le matin, 1h de trajet le soir (sans compter les « petits aléas » de la RATP en ce moment), 6h de sommeil, c’est vrai que ça ne laisse pas beaucoup de temps pour vivre et prendre soins de soi. ? . J’ai toujours le même roulement : une semaine je bosse 2 jours et la suivante 5 jours, puis celle d’après 2 jours et à nouveau 5 jours… Demain j’attaque ma grande semaine, donc 5 jours si vous me suivez.? . Je me sens en forme, mais j’espère de tout mon coeur que le service n’est pas en souffrance, que les patients sont stables et en bonne voie de guérison. ➡️Réponse demain. . . #guerrir #ensembleavecnossoignants #restezchezvous #covid_19 #unitecovid19 #unitecovid #reanimationcovid #soinsinfirmiers #jesuisinfirmière

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Forcée d’apprendre sur le tas, Amandine travaille dans des conditions très difficiles avec pour seul soutien ses collègues, qu’elle reconnaît à peine à cause des masques et des visières qu’ils sont dans l’obligation de porter toute la journée. Mais qu’importe, il faut tenir. Et c’est loin d’être facile lorsqu’on est infirmière en service réanimation.

Quotidien d’une infirmière en temps de Covid-19

Les séries médicales à succès nous donneraient presque une image glamour des urgences. Mais il n’en est rien, comme le raconte notre infirmière : « la réa, c’est douloureux et moche. Il y a beaucoup d’oedèmes sur la face, de la salive qui coule, des pansements partout pour protéger des escarres« . 

Elle se doit aussi de prendre soin des patients dans le coma : « on leur parle, mais ils ne répondent pas« . Elle les masse, les tourne et les lave toutes les 4 heures. Toujours en veillant a préparer psychologiquement les familles qui viennent rendre visite à leur proche. « On doit les prévenir que le visage qu’ils vont voir n’est pas le visage habituel de leur proche. Mais on a beau avertir, c’est toujours choquant. On les soutient, on leur dit que nous aussi nous sommes très affectés« .

Et il y a malheureusement ceux qui s’éteignent après des jours de lutte acharnée contre le Coronavirus. Amandine s’occupe alors de la toilette mortuaire, spécialement mise en place pour lutter contre l’épidémie : « la mise en bière se fait de façon immédiate et selon un protocole spécifique. C’est très spécial, très dur, un deuil impossible pour les familles« .

Baisse des admissions avant le déconfinement

En sortant de ses journées de travail harassantes, l’infirmière peut heureusement retrouver du réconfort auprès de sa compagne, mais aussi à travers les applaudissements à 20 heures. « J’ai l’impression qu’on m’applaudit. Je les prends pour moi, j’aime bien« .

Et parfois, elle a de très belles surprises en arrivant au travail : « nous avions ce patient pris en charge depuis trois semaines pour lequel nous n’avions plus aucun espoir. Et pourtant, il a commencé à aller mieux sans qu’on sache pourquoi. Hier, je suis allée le voir, il parlait, il avait conscience de ce qui se passait, il m’a reconnue, c’était très émouvant pour tout le monde« .

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??[Courage]?? . . Je tiens à transmettre beaucoup de courage à toutes les familles dont un proche est hospitalisé en secteur Covid19 actuellement. Les visites sont interdites.? Sachez que c’est dur pour vous de ne pas voir votre père, votre soeur ou vos enfants hospitalisés, mais c’est dur pour eux et pour nous aussi. Tous les soignants font leur maximum pour les soutenir, pour vous aider à garder le contact (merci les téléphones) et prendre soin d’eux comme ils le méritent, comme vous le feriez. Courage. Le plus dur est fait.? . . #soinsrelationnels #soutienauxsoignants #soignante #soignantsensouffrance #passionmetier #monmetiermapassion #courageatous #covid_19 #covid19

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Alors que nous entrons dans la première phase du déconfinement, Amandine a déjà pu constater une baisse des entrées en réanimation. Ses collègues et elle peuvent souffler un peu. Et même si elle ignore encore quand elle réintégrera son service d’origine, elle est certaine de ne pas vouloir travailler en réa et serre les dents en attendant. Celle qui n’a pas eu de congés depuis août 2019 et espère une revalorisation de son salaire confie : « je plafonne à 1600 euros pour des journées ultra-chargées, des dimanches, des jours fériés, des Noël loupés. Je crois que j’ai besoin d’un break. »

N’hésitez pas à lui laisser un petit mot sur sa page Instagram ou son blog. Un grand merci Amandine ! À vous et à tous ceux qui ont oeuvrés chaque jour au péril de leur santé, pour que le pays continu de tourner durant le confinement.

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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