La parole continue de se libérer sur les réseaux sociaux. Depuis début juin, sur Twitter, des milliers de victimes témoignent des agressions sexuelles qu’elles ont subies durant leur adolescence ou leur enfance à travers le hashtag #Iwas.
Des témoignages forts et poignants
Dans le sillage du célèbre #Metoo, du #BalanceTonPorc ou encore plus récemment du #JeSuisUneVictime, des victimes de viols, agressions sexuelles et harcèlement sexuel, parfois très jeunes racontent leur agression sur Twitter via le #Iwas. Lancé le 1er juin aux États-Unis et relayé en France depuis le 3 juin, ce hashtag dévoile aux yeux de tous des témoignages glaçants. Ceux de jeunes femmes, et hommes, ayant subi des violences sexuelles il y a plusieurs années.
Des témoignages qui ne cessent de se multiplier. Accompagnés de deux simples mais explicites mots « I was » (« J’étais » ou « J’avais »), nombreuses sont les victimes à oser aujourd’hui parler de leur vécu et de leur âge au moment des faits. En nombre, les récits décrivent souvent des agresseurs que les victimes connaissaient : parents, ex-petits amis, compagnon d’amis… bien souvent sans que ces derniers ne soient à ce jour condamnés…
#Iwas 7, quand j’ai essayé d’en parler autour de moi, on m’a traité de pute. J’étais une pute de 7 ans qui avait provoqué un adulte pour me violer. Parents need to listen to their kids not blame them. Le viol c’est pas une honte, c’est un crime.
— Aissatou ???????? (@SlutandSassy) June 4, 2020
J’ai longtemps hésité mais bon…#Iwas 7 or 8 et c’était notre femme de ménage de l’époque. Presque tous les soirs. Even my parents don’t know that
— Un Sérère✊?✊?✊????❤️ (@Mansour_mmss) June 4, 2020
#Iwas 13, parfois les personnes les plus proches de vous peuvent s’avérer être celles qui vous mettent à terre.
— Nana (@daverio_fiona) June 7, 2020
#Iwas 12.
Ils étaient 4, tous des camarades.
J'ai demandé de l'aide, mais personne n'est venu.
Mon père n'a pas voulu le savoir "c'est un truc de filles" et ma mère m'a insulté me disant "tout garçon veut découvrir le corps d'une fille".
Je pense parfois que c'est de ma faute pic.twitter.com/WgKNzoBJKG— Léou ?♀️? (@THEMamanLeou) June 4, 2020
#iwas 24
J’ai subi des attouchements dans mon sommeil pdt un festival par mon « mega pote » Dieu soit loué, malgré mon état, je me suis réveillée avant le pire.
Mais vous comprenez, il avait prit du LSD, il n’était plus lui même, « je ne dois pas lui en vouloir »— Régicide (@lr_clmb) June 6, 2020
#Iwas 5 – 6 ans, j'ai des flash-backs depuis bientôt 2 ans, j'en ai 19.
— Calamita (@stacalamita) June 6, 2020
#Iwas 15,16
« Ce n’est pas un viol, c’etait juste de la manipulation tu as fini par dire oui »
C’etait mon copain, c’etait DES viols— BLACK LIVES MATTER (@chouffyy) June 6, 2020
#Iwas 15, j’étais bourrée et endormie, il en a profité pour faire ce qu’il voulait de moi, c’était mon meilleur ami
— ma☀️ (@MNSPRH) June 4, 2020
#Iwas . De mes 6 à mes 14ans. C’était le cuisinier de mon père et je ne pouvais pas parler car j’étais tétanisée et je ne voulais pas faire « d’histoires ». Ce n’est pas vous le problème, c’est eux. Parlez c’est, important. Ça ne devrait pas exister.
— sgiò de peretti (@mcdeperetti) June 6, 2020
#Iwas 13. Lors d'un anniversr il m'a enfermé dans une chambre avec lui. M'a touché sans que je ne puisse me débattre. M'a bloqué les mains et la bouche. Tout le monde savait dans la pièce d'à cote. Personne n'est intervenu. Je suis finalement passer pour la folle/menteuse.
— Agate Gigout (@AgateGigout) June 5, 2020
Pendant des années , j’ai cru que parce que j’avais été agressee par une femme , « ça comptait pas » si c’est votre cas , c’est un acte ignoble peut importe la personne qui le fait , vous n’êtes pas seuls , vous êtes des putains de battants , et vous méritez de guérir! #Iwas
— Anaelle ?? (@ladynaba) June 3, 2020
Il est temps pour moi de l’ouvrir aussi. #Iwas 11 (almost 12) quand ça a commencé, et 16 quand tout s’est terminé.
Oui, ça a duré 5 ans. Ça a commencé par un jeu, puis des menaces, de la manipulation, des violences, physiques et morale.— théo (@TheoCullieret) June 6, 2020
#Iwas 4, voire moins, quand ca a commencé. 14 quand ça s’est arrêté, à son décès. Nous ne sommes pas le problème.
— DF Deuj ✨ (@Deujna) June 4, 2020
#Iwas 9.
C'était un membre de ma famille, à un repas de famille. Il m'a emmené dans le garage pour me montrer "une surprise"…
" Ce qu'il s'est passé, faut le garder pour toi. Ta mère va penser que t'es une salope."
J'étais sûrement soûle ou habillée comme une p*te non?— Pauline (@paulinecrr1995) June 6, 2020
#Iwas 10.
Je pense qu'on doit tous endurer les flash-backs, ces souvenirs horribles que ton cerveau ne cesse de te rappeler. Ces scènes qui se repassent encore et encore, année après année en étant totalement impuissant.
— valou ◢ ◤ (@Valou_cht) June 5, 2020
#Iwas 13, les profs se sont moqués #Iwas 16, les gens autour ont rien fait
Et c’est tout ce que j’ai le courage de dire pour le moment— lyssa (@sparklediehexe) June 6, 2020
#Iwas 6 environs. C'était mon cousin. Il en avait 14. Je me suis réveillée la nuit. Il ne dormait pas. Et m'a demandé de l'aider à finir ce qu'il était en train de faire. Ça c'est moi à cette époque. Cette photo me rappelle et me tétanise.
Là aussi j'avais trop bu sûrement. pic.twitter.com/khpwmrpZNq— Culomba (@CulombaS) June 5, 2020
#Iwas 5 to 13
On m’a volé mon enfance, mon innocence, mon corps.— meme (@Amelie_segrs) June 5, 2020
Des témoignages indispensables pour éveiller les consciences
Tous ces récits intimes parfois difficiles à lire, sont édifiants mais nécessaire à lire. Des actes courageux qui permettent en effet de montrer l’omniprésence, malheureusement encore, de la culture du viol et du victim blaming. Cette culpabilité que l’on fait peser sur les épaules de toutes celles qui ont subi des violences sexuelles, et qui contribue à déresponsabiliser l’agresseur.
Preuve en est : d’après une enquête de l’Institut Ipsos dévoilée il y a un an, pour près d’un Français sur six les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées et elles penseraient « oui » quand elles disent « non » à une relation sexuelle. Des chiffres aussi hallucinants qu’alarmants !
#Iwas est ainsi l’occasion de briser le silence pour certain.e.s qui n’avaient jamais évoqué ces violences auparavant et de rappeler un principe pourtant simple mais visiblement encore mal intégré à savoir : non = non. Silence = non. Oui puis change d’avis = non. Oui avec alcool/drogue = non. La tenue et la réputation ne justifie pas le viol. Le seul coupable c’est le violeur, jamais la victime !
Pour ceux qui lancent des "c'est pas grave" sur #Iwas :
• NON une main aux fesses ce n'est PAS NORMAL
• NON forcer qqn à faire qqch ce n'est PAS NORMAL
• NON être sifflée, insultée ou suivie ce n'est PAS NORMAL
• OUI n'importe quelle action ou mot déplacé(e) peut blesser— eug (@EugenieMuys) June 5, 2020
Toutes celles et ceux qui ont été victimes d'attouchements sans leur consentement DONC de VIOL : vous n'êtes JAMAIS RESPONSABLES.
Ce n'est PAS DE VOTRE FAUTE.
Vous n'avez RIEN FAIT POUR MÉRITER ÇA.Soyez FIERS de qui vous ÊTES DEVENUS !
Nous on est FIERS DE VOUS.#Iwas— Magne (@Quintxssence) June 3, 2020
L’initiative de ce hashtag a d’ailleurs été saluée et encouragée par la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa :
Je salue le courage de toutes celles & ceux qui dénoncent les violences sexuelles subies plus jeunes avec #iwas
Les victimes de viols ont désormais 30 ans après leur majorité pour porter plainte.
? https://t.co/7LUx3IDHAD les forces de l'ordre vous écoutent 24h/24— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) June 4, 2020