Le Japon, souvent admiré pour sa culture riche et ses traditions uniques, est également une société où les normes de genre sont encore profondément ancrées. Certaines règles sociales, bien qu’informelles, s’appliquent exclusivement aux femmes, mettant en lumière les inégalités persistantes et les restrictions qui limitent leur liberté au quotidien. Retour sur ces normes qui continuent de définir, et parfois de restreindre, la vie des femmes japonaises.
Des codes vestimentaires stricts
L’apparence est l’un des domaines où les femmes japonaises ressentent le poids des attentes sociales. Dans de nombreux milieux professionnels, il est attendu qu’elles portent des tenues strictes et conformes, souvent accompagnées de talons hauts. Ce dernier point a donné naissance au mouvement #KuToo, une campagne féministe visant à dénoncer l’obligation tacite pour les femmes de porter des talons au travail.
De plus, les jupes sont fréquemment privilégiées pour les uniformes scolaires féminins, même en hiver, ce qui soulève des questions sur le confort et l’égalité des genres. Ces codes vestimentaires ne concernent que les femmes, laissant peu de place à l’individualité et au choix personnel.
Les comportements en public
Les attentes concernant le comportement en public sont également strictes pour les femmes. Elles sont souvent encouragées à parler doucement, à ne pas exprimer trop ouvertement leurs émotions, et à adopter une attitude modeste. Par exemple, il est mal vu pour une femme de manger tout en marchant dans la rue ou de rire bruyamment, des comportements considérés comme « non féminins ».
Dans les transports en commun, les femmes sont fréquemment confrontées à la nécessité de se protéger contre le harcèlement, donnant lieu à des wagons réservés aux femmes dans certains trains aux heures de pointe. Bien que cette mesure soit une réponse à un problème réel, elle met également en lumière les inégalités persistantes dans la sécurité publique.
Les rôles domestiques et professionnels
Les attentes concernant les rôles domestiques restent fortes au Japon. Les femmes sont souvent perçues comme les principales responsables des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, même lorsqu’elles travaillent à plein temps. Cette double charge, appelée « kajibura » (burnout domestique), pousse de nombreuses femmes à abandonner leur carrière après le mariage ou la naissance d’un enfant.
Dans le milieu professionnel, bien que les choses évoluent lentement, les femmes continuent de faire face à des obstacles liés au plafond de verre et à des pratiques discriminatoires, comme le « matahara » (harcèlement lié à la maternité). Les inégalités salariales et les opportunités limitées de progression sont autant de défis qui freinent leur autonomie.
Une prise de conscience croissante
Malgré ces restrictions, des mouvements féministes et des campagnes de sensibilisation émergent pour remettre en question ces normes de genre. Des initiatives comme #KuToo ou des discussions sur les réseaux sociaux permettent à de plus en plus de femmes de dénoncer ces règles et de réclamer une plus grande liberté.
De jeunes générations, mieux informées et connectées, commencent à défier les traditions pour adopter des modes de vie plus égalitaires. Les entreprises et les institutions, sous pression sociale et internationale, commencent à intégrer des politiques plus inclusives, bien que le changement reste progressif.
Les règles sociales qui concernent uniquement les femmes au Japon illustrent un manque de liberté qui reflète des inégalités systémiques. Cependant, avec une prise de conscience croissante et des initiatives pour briser ces normes, le Japon pourrait évoluer vers une société où les choix individuels ne sont pas dictés par le genre. Un avenir où les femmes pourront vivre pleinement, sans les contraintes imposées par des traditions obsolètes, reste à construire.