Il ne reste plus que 100 petits jours avant le coup d’envoi des jeux Olympiques 2024. Avancés comme l’événement sportif de l’année, ils n’ont pourtant pas l’air de galvaniser les jeunes générations. Malgré des tentatives de modernisation avec notamment l’inscription du skate, du breakdance ou du surf dans les compétitions, l’engouement pour les JO s’essouffle chez les moins de 25 ans. Questions écologiques et sociales latentes, coût des billets exorbitant et craintes de gros cafouillages, difficile de raviver la flamme… l’opération séduction semble perdue d’avance. Voici comment les JO sont appréhendés par les jeunes (c’est loin d’être glorieux).
Les sondages sont formels : les JO ne captivent plus les jeunes
Malgré tout le tapage médiatique et les innombrables coups de communication autour des JO 2024, les Français.es ne se ruent pas sur les places. Ils ont beau être présentés comme une « grande fête populaire » ou mieux, « un rendez-vous sportif immanquable qui se vit qu’une fois dans une vie », les JO repoussent plus qu’ils n’attirent, en particulier les jeunes. Auparavant certain.e.s auraient payé cher et même dépensé toutes leurs économies pour voir cette cérémonie sportive de leurs propres yeux. Mais cette année, l’euphorie ne prend pas. Même les postes de télévision risquent de rester noirs à l’heure de cette immense réunion d’athlètes, pourtant menée à domicile.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon un sondage d’OpinionWay publié dans les colonnes du média Le Parisien, 47 % des Français.es se disaient « indifférent.e.s » à cet événement. Partagé.e.s entre une fierté « patriotique » et la crainte de subir une pagaille monstre, iels ne sont pas plus hapé.e.s par les épreuves en perspective. C’est encore plus criant chez les jeunes gens qui paraissent totalement hermétiques à cette cérémonie iconique. Si ces JO 2024 avaient pour ambition de réconcilier les jeunes avec la pratique physique et de réveiller leur fibre sportive, ils ne provoquent plus la même magie qu’avant.
À une époque plus lointaine, les familles se rassemblaient à la hâte devant le poste de télévision pour épier attentivement les scores et supporter les athlètes en chœur. En 2024, la célébration se vivra à bonne distance et sans grand intérêt. Si les JO ne retiennent plus l’attention des jeunes, ce n’est pas un hasard. Qu’iels s’en détournent par convictions ou en signe de rébellion, iels ont tout.te.s de bons arguments pour renoncer à cette grand-messe du sport.
Une compétition jugée « inaccessible » et hors de prix
Première raison pour laquelle les JO 2024 rebutent les jeunes : le prix, clairement pas à la portée de toutes les bourses. Alors que les jeunes ont à peine de quoi se nourrir dignement, iels ne peuvent guère envisager de se payer une place dans les gradins ou sur les estrades lors de ces JO. Avec un budget de 635 euros en moyenne, dont une bonne partie qui part dans le loyer, les transports et l’alimentation, il ne reste plus grand-chose pour les « loisirs ».
Pour espérer encourager les athlètes « sur le terrain » et avoir la chance d’assister à ces JO, il fallait lâcher au minimum une quarantaine d’euros et au maximum, l’équivalent d’un SMIC. Rien que pour la Cérémonie d’Ouverture, le précieux sésame s’élevait à 2700 €, soit un salaire très confortable. Le député Alexis Corbière s’était révolté contre ces tarifs astronomiques sur X : « Pour ces JO 2024, l’important n’est pas de participer… Mais de faire partie des plus riches de la planète« .
Les jeunes se sentent donc un peu déconnecté.e.s avec les JO, qu’iels estiment réservé.e.s à « l’élite » et aux classes aisées. De manière générale, le sport demande un certain pécule, ce qui laisse un peu plus les jeunes en marge des JO. Que ce soit un abonnement à la salle, une séance de natation à la piscine ou une location de vélo à la journée, tout a un prix. Malgré les remises étudiantes ou les avantages dédié.e.s aux moins de 26 ans, le sport reste plus un « luxe » qu’un plaisir pour les jeunes.
Des jeunes « délogés » pour les JO, un choix qui indigne
Si les jeunes boudent les JO 2024, c’est également en signe de protestation. Certain.e.s ont été révolté.e.s de voir des logements du Crous, par ailleurs difficiles à obtenir, réquisitionnés pour l’évènement. Au total, ce sont plus de 2000 étudiant.e.s qui ont été délogé.e.s et qui ont dû plier bagage alors qu’iels avaient enfin trouvé un pied-à-terre. Des habitations durement acquises qui serviront à accueillir pompiers, personnels soignants et membres de la sécurité civile. Une décision précipitée vécue comme une injustice collective.
Pour rappel, la crise de l’immobilier n’épargne pas les jeunes qui se sont engagé.e.s dans un parcours post-bac. Au total, il manquerait 250 000 logements pour les quelque 3 millions d’étudiant.e.s français.es. Ces étudiant.e.s, gentiment expulsé.e.s de leur logement, ont simplement eu 100 € et deux places pour les épreuves en « lots de consolation ». Une compensation bien maigre qui n’a fait qu’attiser la colère des jeunes.
Les jeunes qui avaient encore foi dans les JO l’ont certainement perdu en découvrant cette « mise à la porte » soudaine des étudiant.e.s. Les déloger en période inflationniste apparaît, à leurs yeux, comme un « j’men foutisme général », une insulte envers les jeunes générations. Cette annonce a définitivement repoussé les jeunes qui avaient ne serait-ce qu’une once de respect pour les JO.
« C’est un paternalisme et un mépris envers la jeunesse de considérer que les gens qui vont être expulsés ne vont pas protester parce qu’ils ont 100 euros et des places pour les JO », a annoncé Adrien Liénard, trésorier de l’Union nationale des étudiants de France (Unef)
Avec les JO, les jeunes retiennent surtout l’impact écologique
Si les JO 2024 interpellent les jeunes, ce n’est pas forcément pour leur palmarès prestigieux d’athlètes, leurs infrastructures hors normes ou leur caractère symbolique. Les jeunes ont plus tendance à s’attarder sur un autre critère, qui ne relève pas forcément de l’évidence : l’empreinte écologique des JO. Selon un sondage OpinionWay pour makesense, 73 % des jeunes âgé.e.s de 18 à 30 ans veulent agir pour sauver la planète. Iels envisagent de suivre les pas de Greta Thunberg, figure de proue de la cause écologique. Avec ce militantisme green en toile de fond, les JO s’esquissent alors plus comme une énième bavure pour la planète qu’un moment de célébration nationale.
Certes, le Comité a tout mis en œuvre pour faire le moins de « dégâts » possible, notamment en utilisant les énergies renouvelables, en végétalisant les menus des athlètes et en proposant des gobelets réutilisables. Il s’est même engagé à financer des projets de reforestation pour compenser les émissions de gaz à effet de serre « inévitables ». Mais ça n’a visiblement pas suffi à rassurer les jeunes, qui gardent en tête le lourd impact écologique des JO, estimé à 1,58 million de tonnes d’équivalent de CO2.
Si les JO 2024 ne conquièrent plus les jeunes, c’est parce que ce public est de plus en plus exigeant et regardant sur « l’envers du décor ». Iels voient bien au-delà de l’esprit de compétition. Pour elleux, les JO 2024 sont aussi synonymes de rivalité et de performance. Ils n’incarnent plus leur « vision » du sport.