Impossible de passer à côté de cette actualité : depuis quelques jours un gynécologue du Val-d’Oise (désormais à la retraite) est accusé de 75 viols et 14 agressions sexuelles. Une affaire qui fait écho aux terribles déclarations des victimes du gynécologue Émile Daraï, praticien à l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris.
S’il fallait une preuve supplémentaire que les violences obstétricales et gynécologiques existent, les témoignages de toutes ces femmes sont accablants. Pour l’heure, les enquêtes sont toujours en cours. Aujourd’hui, la rédaction vous explique en détail les différentes formes que prennent les violences obstétricales et gynécologiques. Et surtout, comment les dénoncer si vous en êtes victime.
Violences obstétricales et/ou gynécologiques : définition
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il vous faut garder à l’esprit que « violences obstétricales » et « violences gynécologiques » sont deux choses différentes. Le premier terme concerne les actes et/ou propos abusifs qui sortent du cadre de l’intérêt de la patiente au cours de sa grossesse et de son accouchement. Le deuxième terme englobe tout le suivi gynécologique de la femme depuis sa première consultation.
En ce qui concerne les violences obstétricales, difficile de donner une définition réellement précise puisque le terme n’apparaît même pas dans les textes de loi. Contactée par Magicmaman.com, la juriste et spécialiste de la question Marie-Hélène Lahaye le précise :
« Tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente (femme en train d’accoucher, ndlr). »
Une définition que nous pouvons bien entendu appliquer à toutes les femmes qui viennent simplement pour un suivi gynécologique.
La violence vient aussi de l’attitude du personnel soignant
Il faut savoir que les violences obstétricales et gynécologiques ne concernent pas que les actes médicaux à proprement parler. Elles désignent également l’attitude du personnel soignant : moqueries, manque de respect, grossophobie, sexisme, infantilisation. Et surtout, le fait de ne pas prévenir et expliquer son geste à la patiente avant de le faire.
Quoi qu’il arrive, vous devez toujours pouvoir donner votre consentement libre et éclairé lorsqu’un médecin vous dit « je vais procéder à tel acte ». Et, bien entendu, vous avez le droit de le refuser !
Dans le cadre des violences obstétricales, beaucoup de futures mères n’osent dénoncer, car elles pensent que c’est « dans l’intérêt du bébé ». Là encore, il faut que vous sachiez que vous avez tout à fait le droit de refuser certaines choses avant l’accouchement. Si votre intuition vous dit qu’un geste, qu’une douleur n’est pas normale, vous avez le droit de stopper le/la praticien.ne. Il en va de même pour les femmes avec suivi gynécologique qui subissent des touchers rectaux ou vaginaux douloureux par exemple.
Eu égard aux actualités évoquées en introduction de cet article, il va sans dire que les agressions sexuelles lors des consultations gynécologiques et obstétricales sont évidemment des violences. Paroles déplacées, regard lubrique, baisers sur les parties intimes, gestes inappropriés… doivent aussi être impérativement dénoncés.
Que faire si je suis victime de violences obstétricales ou gynécologiques ?
Vous n’avez pas osé intervenir durant votre rendez-vous avec le/la praticien.ne ? Mais en sortant du rendez-vous, vous sentez que quelque chose ne va pas ? Quelque part, vous en êtes même certaine… Ne pensez surtout pas que le problème vient de vous. Si vous avez un mauvais pressentiment, une mauvaise impression, c’est que quelque chose ne va réellement pas. C’est la première étape de dénonciation : accepter le fait que VOUS n’avez rien fait de mal. Et que OUI, il faut le dénoncer pour que cela ne vous arrive plus et n’arrive pas aux prochaines patientes de ce médecin.
Si vous venez d’être victime de violences sexuelles lors de l’examen, la seconde étape est d’appeler une personne en qui vous avez totalement confiance et demandez-lui de vous accompagner à la gendarmerie ou au commissariat le plus proche afin de porter plainte immédiatement. Avoir un soutien dans ces moments là peut s’avérer très précieux. Si vous vous sentez d’y aller seule, faites.
Sachez également, que vous soyez victime de violences obstétricales ou gynécologiques, vous pouvez contacter le médiateur de l’hôpital. Et s’il s’agit d’un plus petit cabinet, vous pouvez adresser un courrier à l’Agence Régionale de Santé afin de denoncer les faits. Il vous faut impérativement des preuves écrites de toutes vos démarches.
Vous pouvez également vous rapprocher des associations de victimes. Le collectif « Stop aux violences obstétricales et gynécologiques » par exemple. Et/ou vous inscrire dans un groupe de paroles afin de partager ce que vous avez vécu. Et ainsi, vous libérer d’un poids qui risque de vous ronger si vous n’en parlez à personne. Osez parler, prenez le temps qu’il vous faut, la honte doit changer de camp !
On vous présente « Balance ton utérus« , un compte engagé pour les victimes de violences gynécologiques et obstétricales. On aborde aussi le sujet de la violence ordinaire gynécologique envers les femmes rondes. Et enfin, notre article sur comment venir en aide aux victimes de violences sexuelles.