Dans son rapport sur les actes homophobes réalisé en 2019, l’association SOS Homophobie mettait en exergue des chiffres accablants. En un an, le nombre d’agressions envers la communauté LGBT+ a subi une hausse de 66 % ! Un fléau grandissant contre lequel l’application FLAG compte bien lutter.
Des violences inacceptables
Bien que nécessaire pour enrayer la pandémie, le confinement laisse aussi entrevoir une exacerbation des violences conjugales, intrafamiliales et une haine envers les personnes LGBT. Pour évincer cette recrudescence des actes anti-LGBT, l’association FLAG! a lancé le 24 avril un outil à la fois ingénieux et discret.
D’un revers de doigts, les victimes peuvent alerter un comportement abusif ou dégradant. Grâce à l’application FLAG, le signalement de ces violences est simplifié. Qu’ils s’agissent d’injures, d’agression verbale ou physique, de discriminations ou de violences intrafamiliales, victimes ou témoins peuvent tirer la sonnette d’alarme via leur smartphone.
Victime ou Témoin de LGBTphobies, sérophobies ou violences conjugales au sein d'un couple LGBT, FLAG! lance son application mobile de signalement anonyme soutenue par la @DILCRAH & marrainée par @MarleneSchiappa
?Ensemble rendons visibles ces violences
➡️https://t.co/nq1h7hCY9H pic.twitter.com/abidZ4jAOC— FLAG! (@flagasso) April 24, 2020
Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes est la marraine emblématique de ce projet.
« Beaucoup de jeunes vivent actuellement un enfer, soit parce qu’ils sont confinés avec des parents homophobes qui ne savent pas que leur enfant est gay, bi ou encore lesbienne, soit parce qu’ils ont déjà fait leur coming out et vivent alors parfois de véritables persécutions au sein de leur foyer.
Permettre aux victimes de violences conjugales ou intrafamiliales de trouver de l’aide est essentiel, particulièrement en cette période, et ces violences n’épargnent pas les couples LGBT+. Nous travaillons avec FLAG! pour ne rien laisser passer. »
Comment l’application marche-t-elle ?
Une fois sur l’interface, les utilisateurs entrent seulement des informations générales telles que leur âge, leur catégorie socio-professionnelle ou encore leur genre. Une fois le signalement entendu, la victime ou le témoin pourront échanger avec des interlocuteurs et seront orientés vers des structures appropriées. Pour garantir une entière sécurité, les témoignages restent anonymes, aucune fiche d’identité n’est à remplir. Cependant, le signalement sera daté et géolocalisé. « Ces informations vont être conservées par FLAG! et serviront à la création d’une étude sociologique sur les agressions », précisait à Numerama Johan Cavirot, président de l’association.
Au préalable, FLAG! avait tiré un constat alarmant le 19 février : seulement 4 % des victimes d’insultes ou d’agressions LGBTphobes osent briser la glace et en parler. Loin de faire grise mine, la couleur arc-en-ciel entend bien régner dans l’entraide et la solidarité. L’objectif : délier les paroles, entendre les cris laissés dans l’oubli, et faire barrière aux agissements dégradants.
Si pour l’heure, l’application est disponible uniquement sur Android, elle devrait rapidement s’étendre sur iOS et même être accessible au-delà de la période de quarantaine. Marlène Schiappa a par ailleurs annoncé le lancement d’un plan d’urgence. Au total, 300 000 euros ont été débloqués « afin de financer 6 000 nuitées d’hôtel pendant le confinement » pour « permettre aux jeunes confrontés à de la violence homophobe d’être protégés ».