7 clichés qu’il faut arrêter de véhiculer sur le meilleur ami gay

Si à l’origine, l’image du meilleur ami gay était plutôt flatteuse pour la communauté LGBT+, elle a rapidement été ternie par les stéréotypes. La pop culture a d’ailleurs pris un malin plaisir à grossir les traits de ce statut un peu spécial et à instrumentaliser le « meilleur ami gay ». Dans la plupart des séries des années 90, il possède tout de la caricature. Il est très maniéré, exubérant et toujours de bon conseil quand il est question de style ou d’affaires de cœur. Une vision rétrograde qui pousse à croire que le meilleur ami gay n’est qu’un supplément de popularité ou un accessoire. Pour s’en faire une interprétation plus juste et honorable, voici 7 clichés à surpasser sur le meilleur ami gay. 

C’est un excellent conseiller mode

Dans Sex and the City, la célèbre Carrie Bradshaw sollicite toujours son meilleur ami gay Stanford pour affûter son look et perfectionner ses tenues. Elle le traîne dans toutes ces cessions shopping comme s’il s’agissait de son personal shopper. Cependant, le meilleur ami gay est loin d’être un détecteur de mauvais goût ou de fashion faux pas.

Il ne connaît pas nécessairement tout de la dernière Fashion Week et des tendances en devenir. Même si certains ont un sens aiguisé de la mode, ce n’est en rien une généralité. Le fait de prendre le meilleur ami gay pour un fin connaisseur du style ou un gourou du lèche-vitrine est très réducteur. Cela induit qu’il est seulement attiré par des « hobbies » ordinairement attribués aux femmes et qu’il aime forcément soigner son apparence. C’est certainement l’un des clichés les plus criants sur le meilleur ami gay.

C’est un confident de premier choix

Au gré de la pop culture, le meilleur ami gay est également hissé en brillant thérapeute sentimental. Dès qu’une de ses amies hétéros traverse une rupture, une tromperie ou un autre coup de tonnerre amoureux, il accourt comme s’il avait un radar de coeur brisé. Il est aux premières loges des potins et autres révélations secrètes. Il écoute les monologues de ses amies en détresse en prenant soin de prescrire des conseils particulièrement édifiants.

Si dans la fiction, le meilleur ami gay est toujours prêt à tendre une oreille attentive, dans les faits, il reste humain. Ce qui sous-entend qu’il a aussi des limites et qu’il n’est pas une vulgaire éponge émotionnelle. Perpétuer cette croyance revient à minimiser leur bien-être. N’allez donc pas croire que le meilleur ami gay adore entendre les détails de vos plans d’un soir ou les tourments de votre couple.

Il est toujours dans le « m’as-tu vu »

Selon les clichés, le meilleur ami gay aime se faire remarquer. Que ce soit à travers ses vêtements, ses mimiques ou sa manière de parler, il en fait des tonnes. Il a toujours besoin d’être au centre de l’attention. En résumé, c’est quelqu’un d’exubérant et de très sociable qui trouve tous les prétextes pour braquer les projecteurs sur lui.

Mais le meilleur ami gay n’est pas forcément du genre à twerker debout sur une table ou à porter des vêtements aux allures de panneaux de signalisation. Il peut avoir un côté démonstratif et opulent comme il peut être réservé. Ce stéréotype les incite à trahir leur vraie nature pour coller à l’idée que la société se fait d’eux.

Il sert de « passe-temps » : un des clichés les plus réducteurs sur le meilleur ami gay

Certains clichés suggèrent que le meilleur ami gay est seulement là pour amuser la galerie ou rendre les soirées plus vivantes. Il n’est sollicité que pour ses talents « d’ambianceur ». Il se résume modestement à cette fonction « récréative », c’est tout.

Cependant, cantonner le meilleur ami gay à un objet de divertissement est insultant et discrédite toute sa valeur personnelle. Le fait de les comparer à un « loisir » plus qu’à une personne dotée d’émotions révèle également qu’ils ne sont jamais pris au sérieux. Ce sont juste des figurants dans le quotidien « monotone » des hétéros. Forcément, cela insinue que les amis gays existent principalement pour le plaisir des autres, alors qu’ils ont leur propre vie à vivre.

C’est un drama-king dans l’âme

Si l’on se fie à la satire renvoyée par le petit écran, le meilleur ami gay a tendance à surjouer ses problèmes et à toujours voir le pire dans les choses les plus banales. Il est au summum du mélodrame. Il passe du rire aux larmes en une fraction de seconde et excelle dans l’art des tirades implorantes. Si son crush ne lui a pas répondu dans la seconde, il s’imagine tout de suite un scénario catastrophe. Encore plus terrible si on daigne lui poser un lapin.

Selon ces clichés, le meilleur ami gay est instable émotionnellement et cherche sans cesse la pitié des autres. Il saute d’une émotion à l’autre sans transition, faute de contrôle. Une idée dégradante qui nourrit la théorie de l’orientation sexuelle troublée, par ailleurs totalement conservatrice.

C’est facile de se lier d’amitié avec lui

Dans les films et séries, il suffit d’un seul contact d’une dizaine de minutes pour élire un meilleur ami gay. La plupart des personnes s’imaginent que les hommes gays ont l’attachement facile et qu’ils disent « amen » à n’importe quelle inconnue.

Selon cette perception, il est possible de choisir son meilleur ami gay comme on pêche une peluche à la fête foraine ou comme on sélectionne un gâteau à la boulangerie. Mais ce ne sont pas des biens en libre accès sur le marché des amitiés. Penser que l’on peut, « acquérir » un meilleur ami gay presqu’en claquant des doigts, c’est perpétuer l’hypothèse qu’il n’a pas d’exigences ni de libre arbitre. C’est s’imposer à lui, sans consentement.

Le meilleur ami gay propulse notre réputation

Parmi les autres clichés : voir le meilleur ami gay tel un booster de notoriété. Dans Sex and the City, Carrie exhibe Stanford comme elle le ferait avec un sac à main ou un nouveau pendentif. D’ailleurs, il est plus présent en tant qu’enluminures que véritable personnage. Il est dans l’ombre de Carrie, mais paradoxalement il la met en lumière.

Le meilleur ami gay est trop souvent utilisé à des fins « intéressés ». Il est pris pour une déco personnelle. Grosso modo, le meilleur ami gay est converti en accessoire. Il n’est plus apprécié pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il apporte à l’estime. Or, les meilleurs amis gays sont des individus complets avec leurs propres rêves, désirs, et préoccupations. Ils ne sont pas là simplement pour égayer la vie des personnes hétéros.

Tous ces clichés sur le meilleur ami gay témoignent d’une représentation très perméable et régressive des orientations sexuelles. C’est d’ailleurs également valable pour les lesbiennes, qui pâtissent, elles aussi, de nombreux fantasmes déplacés et autres affabulations. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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