#MeTooGay : libération de la parole des victimes de violences sexuelles dans la communauté gay

Après le #Metooinceste, le nouveau mot-dièse #MeTooGay inonde à son tour aujourd’hui Twitter de témoignages glaçants. Cette prise de parole massive survient après les accusations de viol et d’agression sexuelle visant l’élu de Paris Maxime Cochard et son conjoint Victor Laby. Pour l’heure, tous deux démentent les faits. Mais sur les réseaux sociaux, cette révélation a suscité une onde de choc et les paroles se sont peu à peu libérées. 

#MeTooGay, une arme de dénonciation

Dans la même lignée que le #Metooinceste qui a fait grand bruit au-delà de la toile, le hashtag #MeTooGay recense les témoignages des victimes de violences sexuelles au sein de la communauté gay. Depuis 24 heures, le hashtag s’inscrit dans la liste des mots-clés les plus utilisés sur Twitter.

« Je considère qu’ils ont profité de ma jeunesse, de ma naïveté, du fait qu’en raison de problèmes familiaux je n’avais pas vraiment d’endroit où dormir, de leurs responsabilités au sein du PCF pour avoir des relations sexuelles non-consenties avec moi ». C’est ainsi que Guillaume (@TT_Guillaume sur Twitter) décrit ce jeudi 21 janvier, les horreurs auxquelles il a été confronté alors qu’il était à peine majeur. Il raconte avoir été « violé par Maxime Cochard et son conjoint Victor Laby en octobre 2018″. Déjà plus de 1000 internautes ont partagé le tweet accusateur.

La twittosphère s’est alors transformée en véritable confessionnal. Chaque nouveau tweet s’affiche comme un nouveau signal d’alarme sur des violences sexuelles au sein de la communauté gay. Des centaines de victimes – des hommes en grande majorité – témoignent du viol (ou des viols) qu’il.elle.s ont subi(s).

L’élu nie les faits

De son côté, l’élu PCF Maxime Cochard, nie ces faits qualifiant ces accusations de « calomnies » et a déposé plainte pour diffamation, comme en atteste ce communiqué qu’il a partagé sur son compte Twitter.

Mais le Parti communiste a fait savoir qu’il avait demandé à l’un de ses élus à Paris de se mettre en retrait, sans préciser toutefois le nom de l’intéressé. Pour l’heure, la classe politique se fait elle discrète, mais parmi ceux.elles qui ont réagi au #MeTooGay, on retrouve Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

Des témoignages en cascade

Une fois de plus, les réseaux sociaux apparaissent comme l’arme de dénonciation la plus redoutable. D’ailleurs, suite à cette dénonciation, un élan de solidarité et une vague de soutien se dessine derrière le mot-dièse #MeTooGay. Plusieurs personnes publiques ont aussi tenu à se livrer.

Clément Pouré, journaliste de Mediapart, a par exemple rapporté avoir été violé à 12 ans par son correspondant allemand plus âgé. Mais aussi, Anthony Vincent, co-fondateur du podcast Extimité, qui évoque plusieurs faits de violences en l’espace de dix ans. Il dénonce « des violences sexuelles qui s’inscrivent évidemment dans le patriarcat ».

Un fléau silencieux

En se plongeant dans tous ces messages poignants du #Metoogay, on découvre que le phénomène est loin d’être nouveau. Il est simplement remis sur le devant de la scène en 2021 grâce aux réseaux sociaux.

Déjà en septembre 2020, le journaliste Matthieu Foucher avait en effet écrit pour le média Vice un article titré « À la recherche de #MeToo gay ». Il a enquêté sur « la très forte prévalence d’abus sexuels vécus par les gays dans l’enfance et l’adolescence puis l’âge adulte et les nombreuses difficultés spécifiques à en parler », écrivait-il sur Twitter le 23 septembre dernier.

Comme l’inceste, ce fléau restait finalement muré dans le silence, mais les victimes sont bien décidées aujourd’hui à prendre leur revanche. Au-delà de cette affaire et de ces témoignages, les messages de soutien se multiplient d’ailleurs pour saluer le courage de ceux.elles qui réussissent à témoigner, à se livrer presque à découvert.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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