Musclez votre culture G et votre tolérance : découvrez les origines surprenantes de la Pride !

Pour clôturer en beauté le mois des Fiertés, la Pride réinvestira les rues de la capitale le samedi 29 juin. Chaque année, cette marche symbolique réunit environ 500 000 personnes de tous horizons sur fond de drapeau arc-en-ciel. Hommage XXL aux combats portés par la communauté LGBT+, elle est devenue iconique. Ce défilé éclectique est un rendez-vous immanquable pour clamer son soutien aux minorités de genre à travers un show dantesque.

Slogans piqués de tolérance, drags sur leur 31, char en forme de préservatif… la Pride est à mi-chemin entre la manifestation et le carnaval haut en couleur. Mais si aujourd’hui ce rassemblement se déroule dans une ambiance chaleureuse et festive, ça n’a pas toujours été le cas. Aux origines de la Pride se trouve un mouvement de révolte bien loin des confettis et des paillettes multicolores. 

Avant la Pride euphorique, une veillée silencieuse formelle

La Pride fait désormais partie de l’agenda des sorties du grand public, sensible à la cause LGBT+. Le samedi 29 juin, à Paris, une foule opaque et dense partira de la Place de la Concorde pour rejoindre la Place de la République. Une marée humaine qui ne passera pas inaperçue sur le pavé parisien. Visages maquillés de traits multicolores, têtes coiffées de perruques chatoyantes, silhouettes affublées de déguisements politiques et mains remplies de pancartes militantes… le tout rythmé par « The Bitch is Back » de Elton John. C’est indéniable, la Pride n’est pas une manifestation comme les autres. C’est une célébration plus qu’une mobilisation comme il s’en fait dans les « règles de l’art ».

Mais si aujourd’hui, les participant.e.s se déhanchent sur du Kylie Minogue avec des costumes flamboyants dignes de RuPaul’s Drag Race, il y a 54 ans, aux origines de la Pride, le ton était bien plus solennel. Le premier plus grand rassemblement organisé à la gloire des droits LGBT+ était une veillée silencieuse, connue sous le nom de « The Annual Reminder ». Créée à l’initiative d’un groupe pionnier de défense des droits des hommes homosexuels, elle était très encadrée, voire bridée. À l’époque, rien ne devait dépasser, pas même un morceau de latex ou des plumes colorées.

Il y avait carrément un dress code imposé : cravate et vestes obligées pour ces messieurs et robes sur le dos pour ces mesdames. À l’opposé polaire des tenues expressives, glamours et non genrées aperçues les années passées à la Pride. La marche se déroulait sans un bruit. Ce rassemblement, à l’impact assez faible et aux retombées dérisoires, signait les prémices d’une procession beaucoup plus musclée. C’est un événement assez sombre qui a tout fait basculer et qui a donné naissance à la Pride, cette parade iconique, révérence à la diversité.

Aux origines de la Pride, les émeutes de Stonewall

Pour rembobiner la cassette et revivre les origines de la Pride, il faut remonter en juin 1969, à l’aube des années de libération sexuelle. La révolte a pris racine entre les murs du Stonewall Inn, un bar gay confidentiel et branché de New York. À l’époque, la fête était régulièrement interrompue par des descentes de police brutales et inopinées. Les forces de l’ordre menaient ces opérations sous prétexte « d’attentat à la pudeur ». Se trémousser avec un autre homme, se travestir avec une paire de talons hauts et commander un cocktail alcoolisé étaient formellement « défendus » en ces temps répressifs. Les policiers n’étaient pas tendres, ni vraiment protocolaires. C’était un passage à tabac plus que des petits rappels à la loi. Ils avaient réussi à imposer un climat de peur.

Mais le soir du 27 au 28 juin 1969, les client.e.s du bar, gagné.e.s par un sentiment d’agacement collectif, ne se sont pas laissé.e.s faire et ont résisté face aux autorités. En chœur, iels ont acté une manifestation spontanée. Les cinq jours d’après, les affrontements se sont prolongés autour de Christopher Street, point d’ancrage du bar. Certain.e.s protestataires sont ressorti.e.s avec des bleus, des visages ensanglantés et des habits en lambeau, preuve d’une violence policière inouïe. Cette rébellion, inscrite en lettre capitale dans l’Histoire LGBT+, a fait office de « déclencheur ».

Les premières marches des fiertés ont alors commencé comme des commémorations de l’anniversaire de Stonewall l’année suivante, unifiant les voix de celleux qui demandaient justice et reconnaissance. Plus pacifiques et moins incisives, elles se sont déroulées en bonne et due forme sur le bitume new-yorkais et à Los Angeles. C’est là la genèse de la Pride. De ses origines à notre époque moderne, la Pride a traversé les frontières pour devenir un hommage universel aux droits LGBT+.

Comment la Pride s’est déportée des États-Unis à la France ?

La Pride a traversé l’Atlantique pour investir le paysage français. Mais dans l’Hexagone, le déclic n’a pas été immédiat. Il a fallu attendre le 25 juin 1977 pour voir des cortèges pro-LGBT+ s’élancer dans les rues de la Ville Lumière. Initiée par le Mouvement de libération des femmes (MLF) et le Groupe de libération homosexuelle (GLH), cette marche des Fiertés inaugurative a fédéré 400 personnes.

Cependant, c’est en 1981 que la Pride prend un tournant et s’inscrit véritablement dans les maronniers, sous l’appellation « Marche nationale pour les droits et les libertés des homosexuels et des lesbiennes ». À cette période, le pays était secoué par une épidémie de SIDA. Un motif de motivation supplémentaire pour descendre battre le pavé. Le mouvement a pris timidement. Le succès a été progressif et n’a certainement pas encore atteint son paroxysme. L’an dernier, la Pride avait lieu dans plus de 30 villes françaises et regroupait près d’un demi-millions de personnes rien qu’à Paris. Le samedi 29 juin 2024, les chiffres seront peut-être encore plus éloquents.

Pourquoi la Pride est toujours aussi précieuse à l’heure actuelle ?

D’extérieur, la Pride s’apparente à un véritable show. Mais cet événement tonitruant n’est pas seulement un prétexte pour s’encanailler sur du Lady Gaga, avec un éventail de divas à la main et une bière dans l’autre. Derrière cette ambiance légère et décomplexée se cache des revendications fortes, qui font toujours sens 50 ans après la création de la Pride. Alors que le RN est aux portes du pouvoir, la communauté LGBT+ craint de voir ses droits, durement acquis, sauter. Selon les informations du média Têtu, les élu.e.s positionné.e.s à l’extrême droite avaient voté contre ou ne s’étaient pas prononcé.e.s sur huit textes visant à punir les crimes homophobes au Parlement européen.

À ses origines, la Pride a émergé pour mener une lutte constante : celle d’être pleinement soi. Or, encore aujourd’hui, 69 pays sur 193 interdisent l’homosexualité et 12 la condamnent à la peine de mort. Le combat est donc loin d’être gagné. Participer à la Pride, c’est donc se faire entendre (et pas uniquement à travers un mégaphone). Mais aussi et surtout défendre sa place dans la société.

De ses origines à nos jours, la Pride conserve toujours cette même fièvre militante. Avec un supplément de gaieté et d’amusement. Soyez un.e allié.e, allez-y avec les cordes vocales bien échauffées et des slogans acérés. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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