Elle a fait une apparition remarquée sur le terrain. Quelle fierté pour l’Israélienne Sapir Berman d’arborer le sifflet et de fouler la pelouse du stade de Belfast, carton en poche et crampon aux pieds. La trentenaire, qui avait annoncé sa transition de genre en 2021, a inauguré son costume d’arbitre à l’issue d’un match de qualification à l’Euro féminin U17. Première arbitre transgenre à officier une rencontre aussi importante, elle laisse ainsi son empreinte sur le gazon et bien au-delà. C’est une grande enjambée dans le monde du ballon rond, encore assez arriéré, mais aussi une belle victoire pour cette fine connaisseuse de foot, longtemps laissée sur la touche. En investissant ce rôle, Sapir Berman ne se contente pas de relever les fautes ou les hors-jeux, elle porte haut les couleurs des minorités.
« Défendre mes sœurs de la communauté LGBTQ+ »
Sapir Berman, une arbitre transgenre israélienne de 30 ans, vient d’officier son premier match international en dirigeant les qualifications à l’Euro féminin des moins de 17 ans entre l’Irlande du Nord et le Monténégro, à Belfast. Une première qui, au-delà de sa carrière professionnelle, revêt une portée bien plus grande. Sapir Berman s’impose dans un sport qui se dit fair-play, mais qui ne l’est pas toujours avec les femmes, d’ailleurs rares derrière ce maillot “neutre”.
Il y a quatre ans, elle faisait son coming-out. Aujourd’hui elle maintient l’ordre sur le terrain et s’attèle à faire respecter les règles du jeu. Alors que les femmes arbitres peinent à prendre leur place sur le terrain, Sapir Berman entend bien laisser son nom dans l’histoire du foot et diversifier le casting. Même si elle « s’efface » derrière les joueurs et n’intervient qu’en cas de faute, elle apporte une précieuse visibilité aux personnes transgenres.
« Je vais aborder ce match avec une profonde humilité, dans l’espoir de faire de mon mieux, de représenter mon pays et de défendre mes sœurs de la communauté LGBTQ+ », a-t-elle affirmé avant de prendre ses fonctions
Ce discours, en toute modestie, en dit long sur sa mentalité. À travers son parcours personnel, cette arbitre promise à une belle carrière, donne une leçon d’espoir et cadre parfaitement son message d’inclusion.
Une arbitre aux couleurs arc-en-ciel
En plus d’être le pilier du match, la figure d’autorité, Sapir Berman est une militante dans l’âme. Lors de ses matchs, elle ne se contente pas seulement de gérer le déroulement de la rencontre, elle incarne aussi les valeurs fondamentales du sport : la cohésion, l’entente et le respect. Elle donne de la résonance à ce dicton qui dit que « seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ».
« La visibilité dans le sport professionnel est un instrument puissant pour faire avancer la reconnaissance de la communauté LGBTQ+ », a-t-elle expliqué à l’AFP
Même si elle reste en retrait et n’a pas les caméras braquées sur elle, Sapir Berman challenge les préjugés et se bat pour toutes les personnes comme elles, régulièrement mises dans l’ombre. Son histoire rappelle que chaque rêve, aussi ambitieux soit-il, peut devenir réalité à force de persévérance et de passion.
« Quand de jeunes joueuses voient de la diversité sur le terrain, ça aide à rendre l’inclusion normale, et ça envoie un message fort que ce qui compte vraiment, c’est le talent et l’engagement », a confié l’arbitre
Une figure d’inspiration au-delà du foot
Avec une carrière déjà bien établie, Sapir Berman n’est pas une novice dans le monde de l’arbitrage. Depuis 14 ans, elle officie dans la Première ligue israélienne masculine, notamment dans la prestigieuse Ligat ha’Al. Sa désignation pour des matchs de haut niveau, comme celui du play-off entre le Maccabi Tel-Aviv et l’Hapoël Haifa, témoigne de son expertise et de sa réputation.
D’ailleurs une autre arbitre transgenre l’a précédé. En 2018, Lucy Clark, arbitre anglaise, est devenue la première femme transgenre à officier un match dans le championnat semi-professionnel en Angleterre.
Sapir Berman comble un manque criant de représentation et convie la diversité sur le gazon. Elle fait évoluer l’image de ce sport, cramponné à des normes dépassées. Son crédo : même quand les obstacles semblent insurmontables, il ne faut jamais déclarer forfait. Un état d’esprit qui fait l’arbitre qu’elle est aujourd’hui.