Dans le sigle LGBTQIA+, le « I » fait référence à l’intersexualité ou intersexuation. Un terme générique, encore trop souvent méconnu, qui intrigue, questionne, et suscite parfois des malentendus. Il est temps de le démystifier. Voici 9 idées reçues à entériner une bonne fois pour toutes !
Qu’est-ce que l’intersexuation ?
Beaucoup de personnes aujourd’hui ne font pas la différence entre le genre et le sexe d’une personne. Le sexe correspond seulement aux caractéristiques biologiques et génétiques d’un.e individu.e. C’est-à-dire, un vagin pour une femme ou un pénis pour l’homme. Pour résumer, même si vous avez un pénis cela ne vous empêchera pas de vous sentir plutôt femme, homme ou aucun des deux genres et d’avoir une attirance sexuelle envers un homme ou une femme ou un autre genre.
Mais que fait l’intersexuation là-dedans ? Eh bien, cette notion repose justement, sur les caractéristiques biologiques des personnes et non sur leurs genres ou leurs orientations sexuelles. Être une personne intersexe signifie qu’à la naissance ou à la puberté les parties intimes sexuelles et les organes internes et externes (pilosité, masse musculaire, développement mammaire) sont difficiles ou impossibles à définir comme masculins ou féminins. Les organes sexuels sont souvent atrophiés.
À noter, cette caractéristique n’influe pas sur l’orientation sexuelle ni le genre. Une personne intersexe peut être hétérosexuelle, comme gay, lesbienne, bi ou encore asexuelle et peut s’identifier au genre masculin, féminin ou un autre (non binaire, etc.). Maintenant que vous savez ce qu’est être intersexe, il sera beaucoup plus simple pour vous d’éviter de véhiculer des clichés. Et en voici 9 à bannir !
On est obligatoirement un homme ou une femme
Vous l’aurez compris, c’est tout à fait faux. Tout d’abord, parce que près de 1,7 % de la population mondiale naît avec des caractères intersexués (source UNEF). En France, 13 600 personnes intersexes naissent tous les ans. Et d’autre part, comme expliqué au-dessus, naître avec un pénis ou un vagin ne définit pas notre genre.
Donc, bien que la société nous attribue des rôles dès la naissance, nous ne sommes pas obligé.e.s de nous reconnaître dans ce schéma binaire. Certain.e.s même, ne s’identifient à aucun genre ou aux deux en même temps. On parle alors de non-binarité.
L’intersexuation c’est rare, pas besoin d’en parler
L’intersexuation n’est pas un « phénomène » rare ni nouveau. Environ 1,7 % de la population mondiale est intersexe, ce qui équivaut à peu près au nombre de personnes ayant des cheveux roux. Oui, vous avez bien lu ! Les personnes intersexes ont toujours existé à travers l’histoire et les cultures.
L’intersexuation est tout autour de nous, mais souvent invisible à l’œil nu et dissimulée par des stéréotypes. Ce qui est nouveau, c’est la visibilité et la reconnaissance croissante des droits des personnes intersexes.
Les personnes intersexes sont hermaphrodites
Le terme « hermaphrodite » appartient au passé et devrait y rester. Il évoque des images mythologiques ou scientifiques désuètes et ne reflète pas la réalité des personnes intersexes aujourd’hui. Les personnes intersexes possèdent des variations naturelles des caractéristiques sexuelles, mais cela ne signifie pas qu’elles ont à la fois des organes reproducteurs masculins et féminins fonctionnels. L’intersexuation englobe une large gamme de variations biologiques. Donc, oublions ce mot et utilisons le terme approprié : intersexe.
Être intersexe c’est pareil qu’être transgenre
C’est encore une fois un grand NON. Être intersexe et être transgenre sont deux choses distinctes. Être intersexe se réfère aux variations biologiques des caractéristiques sexuelles d’une personne, tandis qu’être transgenre implique une identité de genre différente de celle attribuée à la naissance.
Il peut par contre exister des intersections entre ces deux identités. Certaines personnes intersexes peuvent également s’identifier comme transgenres si elles ressentent que leur identité de genre ne correspond pas à celle qui leur a été assignée à la naissance.
L’intersexuation est une anomalie médicale à corriger
Pendant des décennies, la médecine a souvent traité l’intersexuation comme une condition à « corriger » par des interventions chirurgicales ou hormonales précoces. Ce point de vue est aujourd’hui largement contesté (mutilations des personnes intersexes).
De nombreuses personnes intersexes et leurs allié.e.s plaident pour que ces interventions soient repoussées jusqu’à ce que la personne concernée puisse donner son consentement éclairé. L’intersexuation n’est pas une maladie ; c’est une variation naturelle du développement humain. Respecter l’autonomie et l’intégrité corporelle des personnes intersexes est crucial.
Les personnes intersexes ne subissent aucune discrimination
Notre société est dictée par des normes sociales relatives au genre. Nous devons être soit des femmes soit des hommes. Face à cela, les personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+ subissent de nombreuses discriminations. Les personnes intersexes n’y échappent pas. Cette discrimination peut prendre différentes formes, allant de l’ignorance et du manque de sensibilisation dans les systèmes de santé et d’éducation, à des préjugés sociaux profondément enracinés.
De plus, les interventions médicales non consensuelles pratiquées sur les enfants intersexes sans leur accord éclairé sont encore une réalité dans de nombreux endroits à travers le monde. Ces pratiques peuvent entraîner des conséquences physiques et psychologiques graves, affectant profondément le bien-être et l’autonomie des personnes intersexes. Il est donc crucial de reconnaître ces discriminations et d’œuvrer pour des politiques et des pratiques respectueuses des droits fondamentaux des personnes intersexes
Les personnes intersexes ne peuvent pas avoir une vie sexuelle épanouie
Faux, faux et encore faux ! Les personnes intersexes, comme tout le monde, peuvent avoir une vie sexuelle satisfaisante et épanouie. Leur expérience de la sexualité peut varier en fonction de leurs caractéristiques physiques et de leur identité personnelle, mais cela ne signifie pas qu’elles sont condamnées à une vie sans plaisir ni intimité. Chaque personne mérite de découvrir et d’explorer sa sexualité à sa manière, sans jugement ni stigmatisation.
Les personnes intersexes ne peuvent pas avoir d’enfants
Encore une fois, c’est une généralisation inexacte. Certaines personnes intersexes peuvent effectivement rencontrer des difficultés pour concevoir, mais ce n’est pas une règle absolue. Tout comme les personnes non intersexes, la fertilité varie d’un.e individu.e à l’autre. De plus, la parentalité ne se limite pas à la procréation biologique. L’adoption, les techniques de procréation assistée et d’autres formes de parentalité sont autant de moyens pour les personnes intersexes de fonder une famille.
Les droits des personnes intersexes sont suffisamment protégés
Malheureusement, les droits des personnes intersexes sont souvent négligés ou ignorés. Dans de nombreux pays, les interventions médicales non consensuelles sur les enfants intersexes se poursuivent. Les personnes intersexes font également face à des discriminations dans le domaine de la santé, du travail, de l’éducation et d’autres aspects de la vie. La lutte pour l’égalité et la justice est loin d’être terminée, et il est crucial de continuer à sensibiliser et à défendre les droits des personnes intersexes.
Il existe notamment le Collectif Intersexe Activiste – OII France qui militent pour le droit des personnes intersexes. Il est grand temps de célébrer la diversité et de défendre les droits de toutes les personnes, indépendamment de leurs caractéristiques sexuelles ou de leur genre. Pour soutenir la communauté LGBTQIA+ voici d’ailleurs 5 conseils.