S’il est parfois recommandé de demander son genre, il y a des questions encore courantes qu’il faut arrêter de poser à une personne trans. Cette dernière est une personne dont l’expression de genre n’est pas en adéquation avec les codes traditionnels du genre assigné à la naissance – genre assigné en lien avec les organes génitaux. Même si la transidentité tend à être davantage reconnue, elle reste la source de questions indiscrètes et intrusives. Voici donc 5 questions qu’il faut arrêter de poser à une personne trans.
« C’est quoi ton vrai prénom ? »
La notion de « vrai » prénom sous-entend que celui que la personne porte aujourd’hui n’est pas le bon, que son identité actuelle serait erronée. Si un changement de prénom a eu lieu, c’est régulièrement pour faire table rase d’un passé qui souhaite être oublié, un passé dans lequel la personne ne se sentait pas elle-même.
De fait, la notion d’un « vrai » prénom perd son sens puisque l’appellation précédente concernerait une identité qui, finalement, est en inadéquation avec qui est « vraiment » l’individu.e. Si une personne trans souhaite parler de son passé, il est préférable que le sujet vienne d’elle.
« Est-ce que t’es opéré.e ? »
En plus d’être brutale, cette question est terriblement indiscrète. La formuler, c’est entrer dans l’intimité de la personne en plus de la réduire à son corps. Dans ce sens, Christin Scarlett Millory commentait :
« Quand les gens et les médias s’intéressent à ce point à nos corps, cela fait de nous des objets et efface tous les autres aspects bien plus profonds de notre expérience »
Cette interrogation relève du sensationnel et relègue l’existence de la personne concernée à un statut « d’attraction » en lui retirant toute intériorité et cheminement personnel.
De plus, la détermination de genre ne repose en aucun cas sur les organes génitaux. Si cette confusion est récurrente, il est important de rappeler que le sexe et le genre sont deux choses différentes. Le genre relève d’un ressenti et d’un vécu psychique individuel qui n’est pas déterminé par le sexe, simple attribut physique. Il s’agit donc d’une des questions qu’il est important d’arrêter de poser aux personnes trans.
« Tu aimes les hommes/les femmes maintenant ? »
Quand le sexe n’affecte pas l’identité de genre, il en va de même pour l’identité (ou orientation) sexuelle. Cette dernière dépend elle aussi d’une sensibilité personnelle qui ne trouve aucun lien avec un quelconque aspect physique.
Il faut donc également arrêter de demander à une personne trans si son orientation sexuelle a changé, car cela fait de l’hétérosexualité la norme alors qu’il existe un nombre infini de vivre sa sexualité.
« Tu n’as pas peur de changer d’avis ? »
Pour citer la réponse du blog En Tous Genres : « Non. » Et même si cela devait se produire, ce n’est pas grave. Même dans le cas d’une transition hormonale, l’arrêt de celle-ci est possible.
La décision de transition – ou non – ne regarde que la.e principal.e intéressé.e. Il faut arrêter de poser cette question aux personnes trans, car elle nie leur auto-détermination. Comme à des enfants, elle annihile leur droit d’être qui elles sont.
« Comment ont réagi tes proches ? »
En mettant l’entourage de notre interlocuteur.rice au centre de la conversation, on fait de son vécu un aspect secondaire alors que la transidentité est avant tout une affaire personnelle. Cette question pose ainsi problème, car elle sous-entend que la transidentité est fatalement troublante, telle une nouvelle à « surmonter » et en fait alors quelque chose de négatif.
Malheureusement, les réactions hostiles existent et cette interrogation peut également renvoyer la personne à un coming out compliqué qu’elle n’a pas nécessairement envie de mentionner.
Ces 5 questions qu’il faut arrêter de poser aux personnes trans ne sont qu’une liste exhaustive. La règle principale est la suivante : si on ne se permettrait pas de poser la question à une personne cis*, on ne la pose pas à une personne trans. S’il s’agit ici de questions, des remarques similaires sont également à proscrire de nos échanges. Même si la curiosité peut-être sincère et bienveillante, elle n’en reste pas moins intrusive. Aujourd’hui, de nombreuses ressources sont accessibles sur Internet. Elles permettent de se renseigner sur la transidentité sans s’immiscer dans la vie privée des personnes concernées.
*une personne dont le genre attribué à la naissance est en adéquation avec son genre ressenti