Qui sont les xenogenders, ces personnes qui ne s’identifient pas au genre humain ?

L’arc-en-ciel LGBT+ s’enrichit sans cesse. Ce sigle qui illustre toute la pluralité des orientations sexuelles et identités de genre est en constante évolution, et se rallonge d’année en année pour laisser place à encore plus de diversité. Récemment, les xenogenders sont venus se greffer à cette communauté qui s’émancipe des normes hétéro-centrées. Ces personnes se définissent à travers des identités métaphoriques qui surpassent parfois le rationnel. Encore incomprises du grand public, elles sont au cœur de toutes les moqueries et subissent une haine insidieuse, cachée sous le filtre de l’humour. Pourtant, les xenogenders prétendent à plus de crédibilité. Voici comment se caractérise réellement cette identité non-binaire.

Xenogender, une identité de genre polymorphe

Depuis quelque temps, le terme « xenogender » est partout sur la toile. Régulièrement perverti ou sali, il souffre de nombreux clichés. Des internautes médiocres le détournent à des fins purement satiriques et l’utilisent de façon grossière pour humilier les principaux.ales concerné.e.s. Pourtant, contrairement aux idées qui circulent sur internet, les xenogenders sont tout sauf anecdotiques. Ces personnes ne sont pas des « illuminées » qui s’identifient à un mur ou un stylo du jour au lendemain. Leur champ d’expression est bien plus profond et complexe qu’il en a l’air.

Pour poser un regard plus juste sur ces individu.e.s, encore malmené.e.s sur le net, il faut remonter à la racine du mot. Le néologisme « xénogenre » est issu du grec xeno qui signifie « l’autre » et la terminaison genre. Les xenogenders ne se retrouvent ni dans le genre masculin ni dans le genre féminin. Iels reflètent une connexion profonde avec des concepts, des entités ou des éléments qui transcendent la nature humaine. Les xenogenders peuvent donc ressentir une affinité particulière envers des animaux, des objets, des phénomènes naturels, ou même des éléments abstraits tels que des émotions.

Iels s’affirment hors des représentations traditionnelles et s’associent à ce qui les touche spirituellement et non pas physiquement. Ainsi, les personnes qui se sentent reliées au chat ne vont pas reproduire les mimiques du félin ou lécher leur congénère en signe d’affection. Elles vont s’attarder plus particulièrement sur ce que dégage l’animal, son aura. D’ailleurs, cette « association » ou ce mimétisme n’est pas prédéfini ou choisi, il est instinctif. Les xenogenders ne se disent pas, sur un coup de tête, « je vais devenir un chiffre », iels le savent intérieurement. Ce genre est sans frontières ni limites. Il fusionne les mondes et agrandit un peu plus le terrain d’exploration identitaire.

Pourquoi les xenogenders ne sont pas pris.es au sérieux ?

Le hashtag « xenogender » comptabilise plus de 30 millions de vues sur le réseau social TikTok. Cependant, l’engouement autour de cette identité de genre n’est pas vraiment bienveillant. La plupart des vidéos rebondissent sur ce terme avec une ironie très grinçante et beaucoup de second degré. Elles décrédibilisent totalement le fond du « xénogenre » et le vident de son sens premier. Elles témoignent d’une hostilité criante à l’égard de cette projection asexuée et immatérielle. Les xenogenders sont parodié.e.s et subissent un mégenrage insidieux, feutré sous l’excuse de la simple « rigolade ». Les internautes prennent un malin plaisir à tourner cette identité de genre en dérision.

Pourtant, en 2018, un sondage 20 Minutes révélait que 13 % des 18-30 ans interrogés ne s’identifiaient pas à un genre prédéfini. Si de nombreux.ses individu.e.s restent hermétiques au exénogenree, c’est parce qu’iels sont fermé.e.s d’esprit et aveuglé.e.s par les estandardse. Depuis la nuit des temps, la société attribue des étiquettes selon le sexe assigné à la naissance et l’expression de genre. Cependant, en se rattachant à des éléments « impalpables », les xenogenders torturent cette vision très « simpliste » inculquée dès le plus jeune âge.

Les personnes qui s’identifient en dehors du spectre binaire homme-femme ont longtemps été marginalisées. En ouvrant encore un peu plus les horizons de l’identité de genre, les xenogenders peuvent être perçu.e.s comme une menace pour ces normes établies. Le « xénogenre » n’est pas une lubie passagère conçue pour attirer l’attention, c’est une réelle intention d’être « soi ».

Une identité de genre divisée en plusieurs sous-catégories

Le xénogenre peine encore à se faire une place « digne » dans la pensée collective. Pourtant, ce terme n’est que la partie visible d’un profond iceberg. Comme l’explique la page Wikipédia dédiée au genre, il abrite une pléiade de représentations sous-jacentes. Xenogender est en quelque sorte le mot « générique » mais il comporte de nombreux « dérivés ».

Il existe trois grandes « familles » de xenogenders. Il y a les archétypes de pensée qui reposent sur des créatures fictives ou légendaires, des concepts ou des symboles. D’autres personnes se qualifient davantage à travers des textures, des formes ou des sons, c’est qui s’appelle la synesthésie. Enfin, il y a la neurodiversité, qui est étroitement liée aux variations mentales.

Le xénogenre est ainsi pluriel et protéiforme. À mesure du temps et des expériences personnelles, les xenogenders ont comblé un grand néant lexical. Plusieurs néologismes ou contractions linguistiques ont germé pour incarner avec exactitude toute la richesse de cette identité de genre. Ainsi, les aliengenders se réfèrent aux OVNIS ou aux extraterrestres, les astrumgenders à tout ce qui se rapporte à la galaxie et les gendervoid au vide. Les xenogenders se façonnent une identité en toute liberté, sans contraintes corporelles.

Quelle place dans la communauté LGBT+ ?

Les xenogenders ont apporté un nouvel éclat à l’arc-en-ciel LGBT+. Depuis 2017, cette identité de genre possède un drapeau à son effigie. Encore rare dans les manifestations, il se caractérise par ses bandes multicolores horizontales et son motif en arc de cercle surmonté d’une étoile qui s’esquisse en relief. Cet astre qui culmine au centre du « logo » est un clin d’œil au signe astronomique de l’astéroïde Iris.

Si le terme « xénogenre » a émergé en 2014 sur la plateforme Tumblr, il s’est officiellement inscrit dans l’abécédaire queer à compter du 15 mai 2021, date à laquelle se déroule la Journée de visibilité xénogenre. Souvent considéré comme une « néo-identité », plus souple et permissive, le « xénogenre » tient surtout à démontrer que notre enveloppe charnelle ne dit rien de nous.

Les xenogenders, qui pâtissent encore d’innombrables clichés, donnent de nouveaux itinéraires, plus « subjectifs » pour accomplir la quête de soi. Victimes d’une certaine méconnaissance, iels ne sont pas les seul.e.s à affronter les regards curieux et les regards déconfits. D’autres identités de genre sont aussi en proie à une médisance générale.  

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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