L’Assemblée nationale a adopté dans la soirée d’hier 5 octobre en première lecture une proposition de loi contre les « thérapies de conversion ». Le texte prévoit la création d’un délit spécifique incluant des peines de prison pour les auteurs de ces pratiques discriminatoires. #RienAGuerir est le hashtag qui rassemble depuis plusieurs jours les associations et victimes, contre cette pratique moyenâgeuse qui prétend guérir les personnes lesbiennes, gays, bi ou trans. On fait le point.
Un délit spécifique contre les auteurs des « thérapies de conversion »
Bonne nouvelle ! Hier soir 5 octobre, le projet de loi visant à interdire les « thérapies de conversion » a été voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Ces pratiques aberrantes prétendent modifier l’orientation sexuelle d’une personne ou son identité de genre, à travers diverses activités. Par exemple des entretiens, stages, prières de délivrance, médicaments, excisions, exorcismes ou encore séances d’électrochocs. Le texte définit ce phénomène comme des « pratiques, comportements ou propos répétés visant à modifier ou réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre » d’une personne et « ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ».
#TherapiesDeConversion | La proposition de loi de @LaREM_AN votée à l'unanimité ce soir.
Merci aux députés d'avoir unanimement rappelé qu'il n'y a #RienAGuerir.@LaurenceVanceu @CCastaner pic.twitter.com/QpESkGFUZq
— Élisabeth Moreno (@1ElisaMoreno) October 5, 2021
Les « thérapies de conversion » sont des pratiques qualifiées de « torture » par les Nations unies. Afin de lutter contre ce phénomène violent et discriminatoire, le texte de la députée Laurence Vanceunebrock (LREM) et porté par la majorité a prévu d’instaurer un délit spécifique. Celui-ci traduit des peines de prison de deux ans et 30 000 euros d’amende. Et dans le cas où la victime est mineure, dépendante ou que l’auteur est un ascendant, la peine est de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende.
Cette proposition de loi peut permettre de « sauver des vies », a estimé la ministre déléguée à l’Egalité, Elisabeth Moreno. Le Sénat doit encore toutefois l’entériner.
Les « thérapies de conversion » ou la torture
Si nous n’avons pas de données statistiques en France sur le nombre de victimes, déjà en 2019 Laurence Vanceunebrock et Bastien Lachaud (LFI) recensaient une « centaine de cas récents » et relevaient « l’augmentation des signalements ». Benoit Berthe, lui-même victime de ces « thérapies » lorsqu’il avait 15 ans et porte-parole du collectif « Rien à guérir« , affirme à France Inter avoir récolté « plus de 200 témoignages en ce sens ».
« Tu seras viril mon kid,
je n'veux voir aucune once féminine,
Tu seras viril mon kid
Tu hisseras ta puissance masculine
Virilité abusive. » @eddydeprettoAujourd'hui à l'Assemblée Nationale, nous continuons de protéger nos enfants. #RienAGuérir #DirectAN pic.twitter.com/f2HULy6sZB
— Laurence Vanceunebrock (@LaurenceVanceu) October 5, 2021
Les « thérapies de conversion » sont parfois pratiquées sous couvert religieux, ou sous justifications soi-disant médicales. Ces pratiques touchent particulièrement les jeunes LGBTQIA+, personnes lesbiennes, gays, bi et trans, à un moment où les adolescent.e.s sont en pleine construction. Elles créent souvent de grandes fragilités psychologiques sur le long terme, destructrices, entre autres, pour l’estime de soi et pour la confiance en soi. Ce sont des pratiques totalement abjectes qui vont à l’encontre des droits humains.
#RienAGuerir : le hashtag puissant qui dénonce
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #RienAGuerir (tiré du nom du collectif de victimes lancé en 2020) qui montre son soutien au projet de loi, est entré dans les Trending Topics de Twitter. Son succès est élevé par des personnes soutenant la cause à travers des personnalités et de plusieurs personnes ayant subi ces « thérapies ». Les voix s’élèvent pour fustiger ce qui n’a de « thérapie » que le nom.
Il ya 30 ans, l'OMS a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
Depuis 2010, la transidentité n'est plus considérée comme une maladie mentale en France
Cependant les "thérapies de conversion" restent légales en France.
Il n'ya pourtant #RienAGuerir— 𝐀𝐤𝐢𝐫𝐨𝐬 (@_alann_soen_) October 3, 2021
J'ai survécu à presque 4 ans de thérapie de conversion entre mes 8 ans et mes 12 ans, j'ai mis presque 20 ans à me reconstruire avant d'oser être moi même.
Les thérapies de conversion sont des pratiques abusives et cruelles.
Laissez nous exister.#RienAGuerir— Jade Whirl (@JadeWhirl) October 3, 2021
🥰🤍 ON L’A FAIT ! Le hashtag #RienÀGuérir est entré dans les Trending Topics #TT de @TwitterFrance ce soir pour notre campagne de sensibilisation à l’occasion du vote de la loi interdisant les #ThérapiesDeConversion en 🇫🇷 contre les personnes #LGBTQIA+🏳️🌈⚧🏳️⚧️ MERCI 🙏
Continuez! pic.twitter.com/XL4KBP9Kap
— RIEN À GUÉRIR (@RienAGuerir) October 3, 2021
✌️🥳 Quelques heures après le vote à l’#unanimité de l’interdiction des #ThérapiesDeConversion à l’@AssembleeNat, nos 🤍 sont à la fête.
✊NOUS AVONS ÉTÉ ENTENDU.E.S👂
🙏MERCI – MERCI – MERCI – MERCI🙏A tour du @gouvernementFR @JeanCASTEX de trouver une date de vote au @Senat. pic.twitter.com/uwFSsmr4cn
— RIEN À GUÉRIR (@RienAGuerir) October 6, 2021
Être soi-même ne se guérit pas, ça se célèbre.#RienAGuérir pic.twitter.com/NHsjmMWH8Z
— Mélanie Vogel 💪🏽🏳️🌈🌻🇪🇺 (@Melanie_Vogel_) October 4, 2021
Pour aboutir, le texte, désormais entre les mains du Sénat, devra être adopté avant fin février, date de la fin des travaux du Parlement avant les élections d’avril. En attendant, l’heure est à la fête !