Transphobie : une violence et souffrance de tous les jours

Mercredi 23 septembre, une jeune femme transgenre nommée Doona s’est suicidée en gare de Montpellier Saint-Roch, sur les coups de 17h. Âgée de 19 ans, elle a mis fin à ses jours après plusieurs tentatives de suicide et appels à l’aide. Sur Twitter, ses proches sont effondrés et décident de témoigner pour raconter son histoire. Le soutien afflue en masse pour dénoncer la transphobie et rendre hommage, à travers le hastag #soutienDoona.

Selon Revolutionpermanente.fr, un rassemblement est appelé devant le CROUS de Montpellier lundi 28 septembre à midi. Un drame qui met une nouvelle fois en lumière la précarité du statut de personne transgenre en France.

L’histoire de Donna, qui subissait la transphobie au quotidien

« Aujourd’hui, une de mes meilleures amies est morte. Le système médical tue« . C’est ainsi que commence le thread de « Balancetondoc », proche de Doona, étudiante en licence de psychologie à l’Université Paul Valéry Montpellier 3. L’internaute raconte comment, en 5 jours, la vie de son amie a basculé vers l’impensable :

De nature discrète, Donna est confrontée quotidiennement à la transphobie, à commencer par le harcèlement de rue. Elle souffre aussi des personnes utilisant le pronom « il » au lieu de « elle ». Très active sur les réseaux sociaux, Twitter en particulier, elle n’hésite pas à parler de son mal-être avec communauté, le jour même de sa mort :

En effet, elle vient d’apprendre une mauvaise nouvelle. Lors d’un entretien, le CROUS lui aurait dit qu’il lui retirerait sa bourse de 400 € si elle faisait une nouvelle tentative de suicide (deux dans la semaine précédant son décès) :

« Le cynisme des assistantes sociales »

Quelques heures plus tard, elle se suicide en se jetant sous un train. Dès le lendemain, le SUM (Syndicat de combat universitaire de Montpellier) envoie un courrier au CROUS Occitanie et à son rectorat, l’accusant de manquements graves, rapporte France 3 Régions :

« Si les causes exactes de son suicide ne sont pas encore connues, ce geste fait suite à des tentatives précédentes dont vos services avaient été informés. Or, suite à la deuxième tentative de suicide, une assistante sociale du CROUS et un médecin scolaire étaient directement en lien avec Doona. (…). Nous aimerions aussi avoir rapidement des réponses sur un élément qui vous concerne tout particulièrement, en tant que directeur du CROUS de Montpellier – Occitanie. Il lui aurait été dit, lors de la réunion du mercredi 23 septembre, soit quelques heures avant son suicide, qu’elle ne pouvait plus tenter de mettre fin à ses jours, sous peine d’être expulsée de son logement. Nous espérons que le cynisme des assistantes sociales n’en est pas arrivé à ce point. Car une telle brutalité dans un moment de flottement, de questionnement et de crise existentielle d’un individu est tout bonnement inacceptable. Ce que le suicide de Doona nous montre, c’est qu’une énième fois, le CROUS semble être davantage une machine bureaucratique qui traite les plus fragiles comme de simples numéros avec le mépris et l’infantilisation qui vont bien… »

De son côté, la région académique Occitanie, par un communiqué de presse de la rectrice Sophie Béjean, associant Khaled Bouabdallah, recteur délégué à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation et Pierre Richter, directeur général du Crous de Montpellier-Occitanie adresse un message de condoléances à la famille de Doona. Elle amorce aussi un début de réponses aux accusations :

« Cette étudiante, résidente d’une cité universitaire du Crous, avait bénéficié d’un accompagnement renforcé de la part des services sociaux, comme des personnels assurant la gestion de la résidence du Crous de Montpellier-Occitanie, également éprouvés par ce drame et auxquels le soutien s’adresse également ». Dans ce contexte, vos accusations gratuites : « une énième fois, le CROUS semble être davantage une machine bureaucratique qui traite les plus fragiles comme de simples numéros avec le mépris et l’infantilisation qui vont bien…» sont simplement abjectes.. Je vous invite à davantage de retenue, et à éviter toute accusation gratuite et qui souille le travail du CROUS. »

En parallèle de cet échange de balle, la vie quotidienne de nombreuses personnes transgenre en France reste un calvaire au quotidien.

85 % des trans seront agressé.e.s au cours de leur vie

Selon Liberation.fr, environ 15 000 personnes vivent dans l’hexagone. En 2015, dans leur ouvrage « Sociologie de la transphobie« , les sociologues Karine Espineira et Arnaud Alessandrin estiment qu’environ 85 % des personnes trans seront agressées au cours de leur vie. De son côté, SOS Homophobie dresse un constat alarmant :

« Les appels et messages liés à des cas de transphobie sont d’année en année plus nombreux. En 2017, 186 témoignages étaient remontés jusqu’à la ligne d’écoute, soit une augmentation de 53 % par rapport à l’année précédente. »

En 2019, le ministère de l’Intérieur fait part d’une hausse de 15 % des plaintes déposées pour des actes LGBTphobes entre janvier et septembre 2018 par rapport à l’année précédente, à la même période. À ce propos, Giovanna Rincon (directrice de l’association Acceptess-T en 2019), soulevait une question importante :

« On dénonce la transphobie au quotidien, mais quid de la transphobie d’État ? »

En effet, cela fait des années que les associations alertent sur la difficulté de faire modifier son état civil. Même si depuis 2016, la présentation d’un certificat médical n’est plus obligatoire pour effectuer ce changement, les personnes trans doivent toujours se présenter devant un juge pour être reconnues dans leur genre ressenti, témoignages de proches à l’appui :

« Il faut en finir avec ce paternalisme abusif, cette infantilisation des personnes trans. »

Dans certains pays, il est effectivement possible de faire un changement d’état civil sur simple déclaration.

Si vous vous posez des questions sur la transition, si vous avez besoin de soutien, n’hésitez pas à demander de l’aide. Vous trouverez tout un tas d’informations précieuses sur Soutenonslespersonnestrans.inter-lgbt.org, Entrans.org, Infotransgenre.be, Outrans.org ou encore sur les réseaux sociaux via plusieurs comptes Instagram comme Collectif Anti Transphobie, sur des pages Facebook ou des groupes tels que Association Nationale Transgenre.

Le gouvernement a également mis en place un numéro d’écoute gratuit pour les victimes et/ou témoins de transphobie en milieu scolaire : le 0 810 20 30 40 (7j/7 de 8h à 23h) ou au 01 41 83 42 81 (gratuit selon le forfait). On vous attend aussi sur notre forum

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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