« Je me suis fait ligaturer les trompes pour être certaine de ne jamais avoir d’enfant », Marie-Michelle se livre sur son parcours

Dans sa vie, une femme aura malheureusement à faire face à de nombreuses injonctions. L’une des plus courantes étant très certainement le fait d’avoir des enfants. Parce que pour notre société, la féminité s’accompagne automatiquement d’un désir de maternité. En 2021, il est plus que temps de lever ce tabou et de rappeler aux femmes, aux filles, que non, rien n’est obligatoire. Et qu’elles ont le choix d’avoir ou non des enfants.

Pour répondre à toutes nos questions, nous avons fait la connaissance de Marie-Michelle, 28 ans, coach business pour les wedding planner. Basés à Orléans, son mari (Darryl) et elle ont décidé de ne pas avoir d’enfant. Après mûre réflexion, la jeune femme a décidé d’avoir recourt à une ligature des trompes pour ne plus avoir cette peur de tomber enceinte après chaque rapport sexuel. Elle nous raconte son histoire et adresse un message poignant à toutes les femmes qui ne souhaitent pas devenir mères. Recontre.

« J’avais comme l’impression d’un rôle projeté sur moi »

Marie-Michelle est au lycée, en Martinique, lorsqu’elle rencontre celui qui deviendra son âme soeur. Cinq ans après le début de leur relation, ils décident de se marier. À l’époque, ils souhaitent naturellement avoir un enfant, se disant que c’est « la suite logique ». Pourtant, une fois installée en France, une rencontre bouleverse les certitudes de la jeune femme :

« J’ai retrouvé une collègue, la trentaine, sans enfant, et qui n’en voulait pas. Je me suis dit « mais en fait, on a le choix ? ».

Photo prêtée exclusivement par Marie-Michelle à The Body Optimist

En effet, Marie-Michelle sent bien qu’elle a des doutes sur son désir de maternité. Aînée de la fratrie, elle s’occupe pourtant des plus petits depuis l’enfance. Ses parents lui répètent sans cesse qu’elle sera une superbe maman et qu’ils ont hâte que Darryl et elle fassent des enfants :

« J’avais comme l’impression d’un rôle projeté sur moi. C’est comme ça qu’on nous apprend depuis l’enfance. C’est pour cela qu’en arrivant en France, je voulais faire un bébé. Mais j’ai vite compris la raison, et pourquoi j’aurais fait un très mauvais choix. »

À l’époque, Marie-Michelle s’ennuie dans son métier de kinésithérapeute. Elle sent qu’elle a besoin d’un véritable projet. Et dans un premier temps, l’idée de fonder une famille la séduit. Mais lorsqu’elle découvre l’univers de l’entrepreneuriat, ses envies changent radicalement :

« J’ai eu l’impression de trouver ma voie. C’était comme un accomplissement. De son côté, Darryl était très pris par son travail. Nous avons abordé le sujet et j’ai vite compris qu’il n’avait pas forcément envie d’avoir des enfants non plus. »

« On ne fait pas un enfant pour avoir un.e infirmier.ère ! »

Plus le temps passe et plus son projet s’affine, plus le couple s’éloigne du désir d’enfant. En 2019, lors de vacances en Martinique, ils décident alors d’en parler clairement à la famille de la jeune femme. Ils s’attendent à une réaction virulente de la part des parents :

« Nous avions pris la décision depuis un moment et étions sûrs de notre choix de ne pas vouloir d’enfant. Lorsque nous l’avons annoncé, mes parents ont simplement dit « c’est vous que ça regarde et tant que vous êtes heureux, c’est l’essentiel ». J’étais contente, mais c’était bien trop simple. Il y avait forcément anguille sous roche. »

Photo prêtée exclusivement par Marie-Michelle à The Body Optimist

Et en effet, ses parents lui envoient quelques petites « piques », espérant qu’elle change d’avis. Cela s’accentue notamment lorsqu’un de ses deux frères donne naissance à une petite fille. En parallèle, Marie-Michelle continue à se renseigner et cherche des témoignages de femmes ou de couples ne souhaitant pas avoir d’enfant :

« Je voulais m’assurer d’être dans le bon camp. Il fallait mettre des mots sur mes sentiments. J’ai trouvé quelques comptes Instagram très intéressants comme @jeneveuxpasdenfant, @sterilisezmoi ou encore, @le_regret_maternel. Je me retrouvais complètement dans le discours et la pensée de ces femmes sans désir de maternité. Au final, j’avais l’impression de chercher une bonne raison d’avoir un enfant. Ne pas vieillir seule ? On ne fait pas un enfant pour avoir un.e infirmier.ère ! »

Non désir d’enfant et ligature des trompes

Lors du premier confinement, en mars 2019, Marie-Michelle réfléchit très sérieusement à se faire opérer pour cesser d’avoir peur de tomber enceinte après chaque rapport sexuel :

« Je psychotais sans arrêt. Je faisais des tests de grossesse dès que j’avais un retard de règles. Ce n’était pas une vie. J’étais certaine de ne pas vouloir d’enfant et Darryl aussi. Je suis jeune, j’aurais encore beaucoup de cycles menstruels. Hors de question que je passe le reste de ma vie à avoir peur. À ce moment-là, je me suis donnée jusqu’à début 2021 pour être certaine de ma décision. »

Photo prêtée exclusivement par Marie-Michelle à The Body Optimist

Mais plus le temps passe, moins Marie-Michelle a de doute. Elle a la sensation de laisser ce délai pour les autres. Pour qu’il.elle.s soient certain.e.s qu’elle a bien pesé le pour et le contre. Darryl la soutient toujours et a bien réfléchi sur son désir de paternité. Il n’a pas envie d’avoir d’enfant. C’est décidé, la jeune femme prend alors rendez-vous avec sa chirurgienne :

« En septembre 2020, j’ai pris rendez-vous avec le Dr Dhainaut Caroline, à l’Hôpital Privé Nord Parisien. Elle a été extraordinaire. Et quatre mois avant, j’avais demandé à ma gynécologue de m’écrire une lettre à propos de mon désir d’opération. En France, la stérilisation est possible en ayant 18 ans et au moins 4 mois de réflexion. Face à tout cela, la chirurgienne m’a dit ok pour l’opération et m’a proposé le 16 octobre 2020 ! »

Marie-Michelle n’a eu aucune séquelle et les 3 cicatrices sont quasi invisibles 8 mois après l’opération. La ligature des trompes a fonctionné et elle n’a désormais plus à subir la pression de la contraception. Elle se sent pour le moins libérée d’un poids.

« Nous sommes femmes avant d’être mères »

Lorsqu’on aborde le sujet des femmes qui ne veulent pas d’enfant, Marie-Michelle est catégorique : il faut en parler le plus possible pour justement briser ce tabou. Elle détaille :

« Les gens doivent prendre conscience qu’un enfant n’est pas la suite logique d’un mariage ou d’une relation. On ne devrait plus demander « alors, quand est-ce que tu fais un enfant ? ». Mais plutôt : « est-ce que tu veux un enfant ? ». Ne pas en vouloir est un choix comme un autre. C’est un choix normal. »

Elle dénonce aussi la pression d’une société qu’elle juge nataliste :

« Prenons l’exemple des allocations familiales : plus tu as d’enfants, plus tu as le droit à des aides. Nous sommes presque encouragé.e.s à faire des enfants. C’est même bien vu. Et ne parlons pas du monde des entreprises. On passe toujours en dernier pour les congés ou les gardes, car, c’est bien connu, je n’ai pas d’enfant donc pas de vie ou d’obligations. »

À toutes ces femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant, Marie-Michelle aimerait donc les rassurer en leur disant que la féminité ne réside pas dans la maternité :

« Nous sommes femmes avant d’être mères. Le devenir ne change rien à ce que l’on est à la base. Même si une femme ne veut pas avoir d’enfant, elle reste toujours une femme. Le fait de ne pas vouloir d’enfant est normal. Il ne faut pas se sentir seule. C’est la société qui ne nous a pas habitués à les voir. Il faut qu’elles sachent qu’elles trouveront toujours une oreille attentive. Et surtout, qu’elles gardent en tête de faire les meilleurs choix POUR ELLES et non pas pour les autres. Quant à ceux.celles qui ne comprennent pas : tant pis pour eux.elles ! »

« Soit je suis mère, soit je suis none »

Selon Marie-Michelle, si notre société met les mères sur un piédestal c’est tout simplement parce que les femmes qui ne veulent pas d’enfant font en quelque sorte peur :

« Tout simplement, car elles sont indépendantes. Elles sont des femmes puissantes qui disent « non » et qui n’ont pas peur de donner de la voix pour exprimer leur choix. Désormais, nous avons tellement de préoccupations écologiques, d’insécurité… Les femmes (et même les hommes) sont de plus en plus sur la réserve concernant les enfants. On le voit notamment sur les réseaux sociaux où le sujet est de plus en plus abordé. On se rend enfin compte qu’on a le choix. »

Contrairement à avant où les femmes ne souhaitant pas avoir d’enfant rentraient très souvent dans les ordres :

« Soit je suis mère, soit je suis none ! Et je précise que je n’ai absolument rien contre les nones. C’est seulement la différence de traitement qui m’agace. Les gens pensent que l’on est égoïste si l’on ne veut pas d’enfant. Je pense personnellement que c’est l’inverse ! Car en mettant un être au monde, on l’impose en quelque sorte aux autres, à la société. »

Pourtant, la coach en wedding business n’a absolument rien contre les enfants :

« J’entretiens surtout des rapports avec ma nièce de un an. Je l’adore, mais je suis bien contente de la rendre à sa mère. J’aime jouer et discuter avec les enfants. Mais il faut que cela reste ponctuel. Je ne veux pas avoir à organiser ma vie autour d’un enfant. »

Photo prêtée exclusivement par Marie-Michelle à The Body Optimist

Et lorsqu’on lui demande comment elle voit son couple dans 5 ans, Marie-Michelle répond tout simplement :

« Dans une belle et grande maison, avec notre chat ! On recevra nos ami.e.s. On partira en vacances et on pourra aller vivre 3 mois dans un autre pays sans se poser de question. En fait, on va kiffer notre vie tous les deux ! Nous n’avons pas besoin de laisser quelque chose derrière nous. Je n’ai pas l’envie de transmettre. Je suis là, sur Terre, je ne fais que passer alors autant profiter à fond du temps qui m’est donné. Darryl est totalement en accord avec moi. Et désormais, nous ne parlons plus d’avoir des enfants ou non. Nous sommes heureux, épanouis et cela nous suffit amplement. »

De notre côté, on aborde aussi le sujet des regrets maternels ou encore, de la dépression post-partum du côté des pères. Et enfin, on aborde le sujet de l’épuisement parental, très présent depuis le début de la pandémie. 

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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