L’univers de The Handmaid’s Tale n’est pas si exagéré. À travers le monde, une multitude de lois sont tristement équivalentes à celles décrites dans la série. Laissez-nous vous expliquer en quoi cette production diffusée sur OCS et Amazon Prime tient plus de la réalité que du cauchemar.
1 – Aux États-Unis, avorter ne fait plus partie des droits constitutionnels
Le 24 juin dernier, la Cour suprême américaine révoquait le droit à l’avortement inscrit dans sa constitution en 1973, laissant le sort de ses citoyennes aux mains de ses états fédéraux. Missouri, Arkansas, Louisiane, Texas, Oklahoma… dans plus de 13 états, avorter est déjà ou sera très prochainement puni par la loi, parfois très lourdement comme en Arkansas où cela peut valoir jusqu’à 10 ans de prison, soit à peine 5 années de moins que pour un viol. À terme, ce chiffre pourrait même monter jusqu’à 26, soit plus de la moitié du pays.
Ces mesures ne sont pas sans rappeler les lois terribles auxquelles sont soumises les femmes de la série The Handmaid’s Tale (ou La Servante Ecarlate en français). Les Servantes, dont fait partie June, l’héroïne principale, ont pour seul et unique rôle de procréer jusqu’à ce qu’elles ne le puissent plus, et cela dans des conditions physiques et psychologiques atroces. Si elles tentent d’intenter à la vie de leur enfant à naitre, en ayant recours à l’avortement artisanal, elles risquent des châtiments physiques allant jusqu’à la mort par lapidation.
2 – Dans 11 pays, les personnes LGBTQIA+ risquent une condamnation à mort
Aime et tu périras. C’est le credo de l’Arabie Saoudite, de la Mauritanie, de l’Iran, de Brunei, du Nigéria, du Yémen, de l’Afghanistan, du Qatar, de la Somalie, du Pakistan et des Émirats arabes unis. Soit 11 pays au total. Dans chacun d’eux, la loi ou la coutume désigne l’homosexualité (et tout ce qui ne relève pas de l’hétérosexualité) comme un crime puni par des sanctions allant jusqu’à la mort.
Ainsi, les Saoudiens LGBTQIA+ peuvent être exécutés pour ce simple postulat. Leur nation avait d’ailleurs voté en 2008 contre un appel de l’ONU à la dépénalisation universelle de l’homosexualité. De même, en Mauritanie, le Code pénal indique que tout.e adulte musulman.e pris.e en flagrant délit « d’acte contre nature » avec un.e membre du même sexe sera puni de mort par la lapidation publique.
En somme, on n’est pas si loin de ce qu’inflige la République de Gilead décrite dans la série The Handmaid’s Tale. Son but étant de « purifier la société », les personnes de la communauté LGBTQIA+ ou soupçonnées d’en faire partie risquent la pendaison.
3 – L’Afghanistan empêche les filles d’aller à l’école
Depuis le 22 mars 2022, le régime taliban, qui avait repris le pouvoir en Afghanistan en août, a interdit aux jeunes filles d’aller à l’école. Le gouvernement en place ne considère donc aucunement le droit à l’éducation de ces jeunes femmes en devenir.
Un décret de plus qui fait tristement écho à The Handmaid’s Tale. À Gilead, si vous naissez avec une vulve, vous n’avez pas le droit de lire. Et garde à celles qui voudraient contourner la règle. Être surprise en possession d’un ouvrage, quel qu’il soit, vous fait encourir des châtiments corporels.
4 – En Jordanie, les femmes n’ont pas le droit de travailler librement
Même quand il s’agit de travailler, et on ne parle même pas ici de salaires égaux, les femmes ne sont pas considérées comme les égales des hommes. De nombreux pays dans le monde les empêchent encore d’exercer librement un emploi.
En Jordanie, les femmes ne représentent que 15 % du marché du travail. L’explication se trouve dans la loi. Elle leur interdit l’accès à de nombreux métiers, essentiellement manuels. Elles n’ont pas non plus le droit de travailler de nuit. Un peu comme les femmes de la série The Handmaid’s Tale, réduites elles aussi à leur « rôle » en tant que filles. Quel que soit leur statut. Les Épouses dirigent la maison, les Marthas s’occupent des tâches ménagères et les Servantes enfantent. Rien de plus.
5 – Au Soudan, la tenue des femmes obéit à une réglementation stricte
À Gilead, on reconnait une femme à son habit. Une longue robe bleue pour les Épouses, grise pour les Marthas, rouge pour les Servantes. Toujours ultra couvrante et auquel on ajoute un bonnet à l’extérieur de la maison. Si cela peut sembler appartenir à un temps révolu, Margaret Atwood, l’autrice des romans dont est inspirée la série n’est pas si loin du monde dans lequel nous vivons.
Au Soudan, le terme de « fashion police » n’est pas pris à la rigolade. La tenue des femmes est très réglementée. À un tel point que le pays a déjà condamné plusieurs d’entre elles par le passé pour port de « vêtements indécents », à savoir, un pantalon.
En juillet 2009, la journaliste Lubna Hussein avait été arrêtée avec une dizaine d’autres femmes dans un restaurant de Khartoum, la capitale. Parmi elles, 10 avaient plaidé coupables et se sont vues infliger 10 coups de fouet et une amende équivalente à 140 euros.
6 – En Russie, les violences conjugales sont légales
Comme le fait le Commandant Fred Waterford avec sa femme Serena dans la série, les Russes ont le droit de lever la main sur leur compagnon/compagne de vie. En 2017, le président Vladimir Poutine a promulgué une loi qui dépénalise les violences domestiques. Seule condition : que cela ne laisse pas de traces visibles. Résultat : en moyenne 14 000 femmes sont victimes de féminicides par leur conjoint ou ex-conjoint chaque année dans le pays. Cela fait froid dans le dos…
Le plus paradoxal dans tout ça est que cette loi était l’idée d’une femme, la députée russe Yelena Mizulina. Tout comme Serena Waterford a imaginé la République de Gilead présentée dans The Handmaid’s Tale… Triste ironie.
7 – En Afghanistan, les femmes n’ont pas le droit de sortir sans chaperon
Dans The Handmaid’s Tail, aucune Servante n’a le droit de sortir non accompagnée à minima par l’une de ses consœurs. En Afghanistan, depuis août dernier, aucune femme n’a le droit de sortir sans escorte masculine. Rien ne sert de vous lancer dans le jeu des différences, il n’y en a presque aucune malheureusement.
Comme vous l’aurez compris, la dystopie de The Handmaid’s Tale prend ses racines dans notre réalité. Et pas celle d’il y a 200 ans. Nous parlons bien ici de lois valables en 2022, pour certaines même tout juste adoptées. À nous donc d’œuvrer pour que le monde ne devienne pas une République de Gilead géante.
TW : Si vous souhaitez regarder la série, nous devons vous prévenir que les images peuvent être très dures à regarder. On y trouve notamment des scènes de violences conjugales et sexuelles assez crues.