En 2017, l’affaire Weinstein déclenchait le hashtag #MeToo. Une déferlante de témoignages sur le viol partagés en nombre sur Twitter. Depuis hier, samedi 16 janvier, un nouvel hashtag ouvre la voie à une vague de dénonciations glaçantes d’hommes et de femmes sous le hashtag #MetooInceste.
L’affaire Duhamel comme déclencheur
Les témoignages ne cessent d’arriver par milliers. Sur le modèle du mouvement #MeToo qui a enclenché, il y a trois ans déjà, une vague de libération de la parole des femmes dénonçant agressions et harcèlements sexuels et sexistes, une nouvelle onde de choc a vu le jour sur Twitter depuis ce week-end.
Sous le hashtag #MeTooInceste, des victimes ne cessent de prendre la parole et témoignent en nombre. Ces internautes français.es racontent les abus dont ils.elles ont été victimes enfants, dans la sphère familiale. Des confessions aussi glaçantes les unes que les autres sur l’inceste, acte qui reste encore tristement tabou dans notre société.
À l’origine de cette prise de parole 2.0, le livre de Camille Kouchner. Intitulé « La Familia grande » et paru le 7 janvier dernier il ne cesse de faire parler de lui depuis. Et pour cause. La juriste, aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années, révèle dans son livre que son frère jumeau a été victime d’inceste par son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, à la fin des années 1980 lorsqu’il avait 14 ans. Ces révélations ont déclenché l’ouverture d’une enquête judiciaire, et aujourd’hui donc une déferlante de témoignages sur Twitter.
« J’avais quatre ans et demi »
Tu venais me voir la nuit et tu me disais "c'est comme ça qu'un papa aime sa fille".
Et tu me violais, tu me traitais comme un vulgaire objet sexuel.
Tu m'as incestué, j'avais 3 ans lorsque tu as commencé.#metooinceste— Thecua Gwendoline (@ThecuaG) January 16, 2021
J'avais 6 ans, mes parents venaient de divorcer. Je devais dormir avec mon père dans son lit seul plusieurs fois…Au procès rien car "on ne veut pas d'un nouveau Outreau". On m'a obligé à le voir en garde alternée avec mon frère et ma sœur jusqu'à mes 13 ans. #metooinceste
— un gros satin (@datikro) January 17, 2021
#metooinceste j'avais 6 ans quand les attouchements ont commencé, 15 quand j'ai dû vivre maritalement avec mon père, être prostituée et violée sur son ordre, 16 quand j'ai dû avorter de ses oeuvres, 17 quand je l'ai dénoncé et été rejetée par la famille. Exil
— Corinne (@citoyenne0monde) January 16, 2021
Le grand-père qui caresse tes fesses parce que tu es en jupe. Et quand tu en parles aux adultes : "Mais tu sais qu'il faut pas se mettre en jupe quand on va chez papy !" #metooinceste
— ~ An3llys ~ 🏳️🌈 (@An3llys) January 16, 2021
#metooinceste Ca a duré des années, c'était ma grand mère. Même décédée elle me hante toujours
— Vallerent Sabine (@FloraFortuna) January 16, 2021
c’était ma petite sœur, ça a duré 4 ans et m’a dégoûté de mon propre corps. #metooinceste
— deb⁷ (@debobordel) January 17, 2021
J'avais entre 11 et 14 ans.
C'était mon frère.
J'ai 57 ans et je suis toujours victime de ce passé.
Hormis ma fille, je n'ai jamais rien construit. Ma vie sociale, professionnelle ou sentimentale n'est qu'une succession d'échecs et d'isolement. #MetooInceste— Anne-Marie JOVER (@jover_anne) January 16, 2021
J’avais 5 ans. 40 ans d’amnésie traumatique #MeTooInceste
— Geneviève Garrigos (@g_garrigos) January 16, 2021
J'avais 13 ans, lui 26. C'était mon oncle. Officier dans la Marine. La justice l'a condamné à 1an avec sursis. Il est maintenant coach agile (c'est de mauvais goût), père d'une petite fille de 13 ans et vit sa meilleure vie. #metooinceste
— Camille Gillet (@Gillet_Camille) January 16, 2021
#metooinceste 6 ans. Mon oncle. À l’arrière d’un taxi, assise sur ses genoux en jupe, pendant que la voiture roulait comme si de rien était. Il y avait ce témoin, le chauffeur, qui ne voyait rien pendant que ça se passait derrière son siège…
— 0010tab (@0010tab) January 16, 2021
J'avais 5 ans. C'était un cousin de 39 ans. 32 ans d'#AmnesieTraumatique #metooinceste #StopPrescription pic.twitter.com/P8inCilpQ1
— Mié Kohiyama (@MiKohiyama) January 16, 2021
#metooinceste
C’était mon “père”.
J’avais 4 ans la première fois.
Il a continué pour 12 longues et douloureuses années.
30 ans après les souvenirs ont remontés.
Ma mère était dans son emprise aussi.Mais je ne suis pas morte!
Je suis plus forte qu’avant!— Yvette Battegay (@BattegayYvette) January 16, 2021
J'avais 6 ans, 7, 8 et 9 ans. Il avait 12 ans de plus que moi. C'était mon cousin. Aujourd'hui, il a 2 enfants, j'ai essayé d'en parler avec lui l'année dernière mais impossible. L'affaire est toujours pas réglée et me hante encore. J'ai 31 ans #metooinceste
— OxymoreLitote (@OLitote) January 16, 2021
J’étais un petits garçons de 7 ans quand ça c’est passé, c’est mon demi frère de 6 ans mon aîné qui ma violé régulièrement pendant 2 ans. Je n’en ai jamais parlé. J’ai fait un déni, à mes 24 ans tout a ressurgi, j’ai compris d’où venait ma solitude et mon mal-être #metooinceste
— kevin (sauté à 4K) (@kevin24439701) January 16, 2021
#metooinceste
Mon père. De mémoire, de mes 6 à 12 ans. J'ai fini par réussir à parler…la 1ère fois, complètement torchée, le jour de mes 18 ans, devant une boite à un inconnu qui bossait pour la croix rouge (toi j'aimerais te retrouver).— Lily (@Zoulily) January 16, 2021
#metooinceste J'avais 8 ans, j'étais chez mes grand parents, ma mère était de sortie. J'étais assis sur le canapé en train de lire et un mes oncles s'est assis à côté de moi et a glissé sa main dans ma culotte. J'étais tétanisé, je ne savais pas quoi faire.
— Hot sexy baguette boi (@Trolltsky) January 17, 2021
J’avais 5 ans. En une soirée, ce frère de ma mère a bouleversé ma candeur et assombri le cours du reste de ma vie. En une seconde, j'avais 100 ans. #MetooInceste
— Marie Chenevance (@MChenevance) January 14, 2021
Moi c'était mon cousin qui était plus âgée que moi . Je devais avoir 8 ans et lui 15 ans . #metooinceste
Il me faisais du chantage , et il a mis son sexe dans ma bouche. Mais Dieu l'a punit il est mort d'un cancer des os 4 ans plus tard.— valerie (@magix59) January 16, 2021
Vers une prise de conscience collective
Ce hashtag #MeTooInceste est même apparu en deuxième position dans les tendances sur Twitter en fin d’après-midi samedi 16 janvier. En plus de lever le voile sur des actes inqualifiables tant ils sont abjects, il a aussi pour but de mettre fin au silence qui entoure l’inceste. Sujet qui reste profondément tabou dans la société et encore bien trop minimisé.
Ainsi, #MeTooInceste est l’occasion pour certain.e.s internautes d’élever leurs voix pour demander l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs. Ces derniers étant actuellement soumis à un délai de prescription de 30 ans, à compter de la majorité de la victime.
À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant le 20 novembre 2020, l’association « Face à l’inceste » révélait notamment un chiffre alarmant : un.e Français.e sur dix, soit 6,7 millions de Français.es, dont 78 % de femmes et 22 % d’hommes, ont été victime d’inceste en 2020. Camille Kouchner elle-même s’exprimait, le 13 janvier dernier, sur le plateau de l’émission « La Grande librairie » sur France 5 par ces mots : « L’inceste, l’emprise, la maltraitance des enfants, c’est vraiment partout, dans tous les milieux (…) dans beaucoup de familles. ». S’il en fallait une, ce hashtag #MetooInceste en est la triste preuve…
Non la majorité des violeurs ne sont pas des inconnus dans un parking, des étrangers, des migrants, ou je ne sais quel mythe. C'est tonton, papy, papa, le grand frère, le beau-frère, le cousin, l'ami de la famille… #metooinceste
— Jean-Fabrice Pietri (@globhumanitaire) January 16, 2021
Je suis bouleversée par le courage de celles et ceux qui témoignent. 💜💜💜
On vous voit. On vous croit. On vous soutient.
Le consentement d'un enfant n'existe pas. Et aucune excuse n'est à chercher du côté des bourreaux. #MeTooInceste— Aurore Bergé (@auroreberge) January 16, 2021
Les personnes sur le #metooInceste sont vraiment très courageuses 💙
— 𝐿𝑎𝑔𝑒𝑟𝑡𝘩𝑎 𝐿. (@naikidd_) January 16, 2021
Se réveiller.
Se rendre compte que #metooinceste est toujours en TT sur Twitter.
Se dire que quelque chose est en train de bouger.
Avoir une immense gratitude pour toutes celles et ceux qui témoignent. Et pour toutes celles et ceux qui n’y arrivent pas encore.
❤️— #NousToutes (@NousToutesOrg) January 17, 2021
J'suis rarement sérieux mais ce # me touche particulièrement de par mon métier, nous, professionnels de l'enfance sommes, particulièrement attentifs à ce genre de choses et je réalise que nous devons encore mettre en place des choses pour voir des signes. #metooinceste
— мσנιтσ ℓє ¢нαкαℓ (@mojitoleretour) January 17, 2021
Les témoignages #metooinceste sont glaçants, et ils font changer la honte de camp.
Que plus personne ne dise "la famille c'est sacré"…— Misteral ♡ (@alguily) January 17, 2021
J'en profite pour poster ce collage fait par des sœurs féministes afin d'en éduquer plus d'un !! #metooinceste pic.twitter.com/P4X6VjbvQj
— S ♥ (@sirinexium_) January 17, 2021
Je vous crois.
Vous êtes courageuses et courageux.
Vous n’y êtes pour rien.
Nous sommes des centaines de milliers à vos côtés.#MeTooInceste @NousToutesOrg— Caroline De Haas (@carolinedehaas) January 16, 2021
y'en a beaucoup trop c'est hallucinant #metooinceste
— 银 (@seojunsama) January 17, 2021
Les témoignages de #metooinceste sont bouleversants. J'ai envie de serrer fort dans mes bras chacun et chacune des ces enfants de 25, 35, 45 ou 65 ans qui ont été abusés. Merci à vous de témoigner, nous vous lisons, nous vous croyions.
— N-IB (@noemie_issan) January 16, 2021
#metooinceste #metooenfant ce déferlement de témoignages ne représente qu'une petite partie de ttes les victimes, ns pensons à ttes celles et ceux qui ne peuvent pas se faire entendre, qui st trop traumatisé.e.s, qui ont trop peur, trop handicapé.e.s, trop jeunes ou trop agé.e.s
— Muriel Salmona (@memoiretrauma) January 17, 2021
Chaque témoignage #metooinceste abat le mur de silence. En finir avec le tabou, c'est permettre aux victimes de sortir de la honte, la peur, l'impunité. De revivre et non seulement survivre. De faire prendre conscience de l'ampleur et la gravité de ces violences. Immense merci 😘 pic.twitter.com/ZR3R2GT3qd
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) January 17, 2021
#metooinceste 💔Continuez à parler. Vos paroles sont extrêmement importantes. Votre courage est contagieux.
— inna shevchenko (@femeninna) January 17, 2021