Voici pourquoi le terme « Mid Girls » qui pullule sur TikTok abîme la confiance en soi

Sur TikTok, les auto-proclamées « mid girls » défilent entre les pouces et ramollissent l’estime au lieu de la muscler. Ces femmes, critiques envers leur physique, se considèrent ni moches ni belles, mais entre les deux. À les entendre, elles sont simplement « passables ». Mignonnes, elles n’attirent pas forcément les regards, mais elles ne sont pas repoussantes non plus. Du moins c’est ce qu’elles soutiennent avec cette théorie de la beauté, plus que douteuse. À travers leurs vidéos, qui ont des airs de tirades grecques, elles déballent tout ce qui leur manque pour atteindre cet idéal de la « bombe atomique ». Ces « mid girls » qui évaluent l’apparence comme on note un restaurant sur Tripadvisor, sont aveuglées par les standards de beauté et amplifient les complexes.

Découvrez le portrait-robot des « mid girls »

Vous les avez peut-être déjà croisées dans un swipe lorsque vous déambulez sur TikTok. Celles qui se font baptiser les « mid girls » envahissent les écrans et forment désormais un gang. Elles entament leur vidéo avec cette fameuse phrase d’accroche « je suis une mid, bien évidemment que… » et poursuivent leur laïus en listant tous les défauts qui les empêchent d’être « une 10/10 ». Elles se rangent dans la catégorie des filles « lambda », pas laides, mais pas « whaou » non plus, comme elles s’attèlent à le dire.

Le regard des autres comme indicateur

Victimes des standards de beauté, elles se mettent en concurrence avec des femmes qu’elles estiment « canons ». Pour elles, l’avis des autres est parole d’évangile. C’est une science exacte indubitable, une valeur sûre. Elles se construisent donc dans le regard des autres et s’en remettent à cette notion abstraite de beauté, qui varie selon les goûts. Pire encore, elles se fient à ce terrible « male gaze », ce regard masculin loin d’être objectif.

L’art de se rabaisser

Les « mid girls », ce sont ces femmes qui se sentent en insécurité lorsqu’elles sortent de chez elles sans maquillage. Ce sont celles qui restent toujours une « option » lorsqu’il est question de drague. Ce sont celles qui ne se font jamais aborder dans la rue pour échanger leur numéro. Petit extrait pour mieux percer à jour cette femme « moyenne ». « Je suis une meuf mid car quand je dis que je veux faire de la chirurgie esthétique ça ne choque pas les gens« , affirme l’une. « Je sais que je suis une meuf mid parce qu’un mec m’a déjà recalé et pour moi quand tu es une 10/10, aucun mec au monde ne te recale », avance l’autre.

En recherche d’approbation

Ces femmes, qui se font leur propre procès sur la toile, sont en mal d’estime. Une maladie contagieuse qui se transmet dans la viralité des réseaux sociaux. Sous couvert d’une acceptation de soi modeste se profile une quête d’affirmation dans un espace numérique qui valorise davantage l’image que les qualités de chacun.e. Ce qualificatif « mid girls », qui s’est démocratisé sur fond de bouche à oreille 2.0, s’accroche à toutes celles qui se considèrent « en dessous » ou « pas assez ».

Les « mid girls » matrixées par les standards de beauté

Les photos retouchées à coup de pinceau numérique s’exposent comme des objets de désir, des modèles types. Depuis plusieurs années, cette chirurgie de l’image ne fait qu’empirer la perception de soi. Face à ces clichés lissés, affûtés et peinturlurés, il est assez facile de devenir partie prenante des « mid girls ». Ces femmes, en déficit d’amour propre, ont subi un véritable lavage de cerveau. Bloquées sur l’apparence et désireuses de s’attirer des compliments, elles se comparent inlassablement aux autres. Elles prétendent que la beauté est une « donnée fixe », une unité de mesure à part entière.

Les « mid girls » se dénigrent sur « la place publique » comme pour anticiper les critiques et les désamorcer elles-mêmes. Certains internautes pensent, quant à eux, que c’est une manière sournoise de quémander les éloges. « Il faut savoir que cette trend sert juste à remonter son égo, comme les filles qui vont sur Tinder pour entendre dire qu’elles sont belles. Pathétique », justifie l’un d’entre eux. Mais en réalité, cette tendance montre surtout à quel point les « normes » de beauté montent à la tête des femmes.

À force de vouloir ressembler aux influenceuses, nouvelles idoles des temps modernes, les « mid girls » ont le sentiment de ne jamais être à la hauteur et d’être privées de ce « sacro-saint » pouvoir de séduction. Or, plagier le physique d’une autre, c’est renoncer à son charme unique et se trouver des complexes là où il y a RAS (rien à signaler). Si, selon la logique des « mid girls », la beauté réside uniquement sur le corps, elle est avant tout invisible à l’œil.

Accepter sa singularité et en faire une force

Les « mid girls » sont persuadées que la beauté peut s’échelonner sur une grille d’évaluation. Sur ce tableau, elles se situent d’ailleurs derrière les femmes fatales et devant celles qui ne sont pas « gâtées par la nature ». En clair, leur physique est ni « excellent », ni « à revoir », il est « assez bien » (selon leurs dires). Pour reconquérir leur reflet et en finir avec ces « grades de beauté », les « mid girls » peuvent compenser avec d’autres hashtags, plus réjouissants. Dernièrement, c’est la mouvance positive « Real Skin » qui panse les troubles de l’estime. Sous ce mot-dièse, des femmes de tous âges révèlent leur peau sans artifices et sans « masques virtuels ». Elles affichent fièrement leur peau irrégulière et chassent le mythe du « visage net ».

Autre tendance salutaire pour contrer le phénomène « mid girls » : le #effyourbodystandard qui invite les femmes à se libérer des standards pour se chérir sans limites. Toutefois, même si body positivisme s’est fait une place entre les pixels, la plupart des tendances vantent de vieux standards de beauté. Entre le « legging leg » qui fait culpabiliser les femmes d’avoir les cuisses qui se frottent et les vidéos « avant/après » qui font l’apologie de la chirurgie, la confiance a de quoi voler en éclat.

La trend des « mid girls » n’est qu’une énième variante des mots suivis d’un « girl ». D’autres l’ont précédé, à l’effigie de « girl dinner » ou du « hot girl walk », un peu plus émancipateurs. Pour éviter que la pensée des « mid girls » ne s’infuse dans votre esprit, il y a un bon remède : la technique du miroir.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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