« Grande taille », « size plus », « mode inclusive »… on voit littéralement ces termes pulluler de plus en plus sur les sites de marques de vêtements. Que veulent-ils dire ? Est-ce du marketing pur et simple ? Ou une réelle avancée pour toutes les personnes qui s’habillent en taille 44 et plus ? La rédaction se penche sur le sujet.
Une mode qui revient de loin
Il a fallu attendre des années pour que la mode daigne enfin s’intéresser aux personnes, et particulièrement aux femmes, qui dépassent la taille 42. Il y a à peine 10-15 ans, seules quelques marques proposaient des vêtements dits « grande taille ». Et encore, peu d’entre elles commercialisaient des collections conçues pour mettre réellement en valeur les courbes. Il s’agissait le plus souvent de « sacs » informes, mal coupés ou juste avec quelques centimètres de tissu en plus.
En prime, il fallait bien souvent faire son shopping sur d’obscurs sites internet ne disposant pas toujours d’un guide des tailles précis. Ou bien se rendre dans des enseignes de prêt-à-porter grande taille haut de gamme. Si ce n’était pas à la portée de notre bourse, il fallait commander aux États-Unis, au Canada ou encore au Royaume-Uni où les frais de douanes pouvaient être exponentiels. Vous l’aurez compris, le tableau n’était pas franchement des plus reluisants lorsqu’on souhaitait s’habiller en France et à la mode, tout en dépassant la taille 44.
Aujourd’hui en 2023, les choses ont radicalement changé. Et cela est en grande partie du au fameux mouvement body positif. De plus en plus de femmes rondes ont décidé de s’emparer des réseaux sociaux pour faire entendre leur voix et dénoncer cette hégémonie de la taille 38. Peu à peu, les mannequins grande taille femme à l’image d’Ashley Graham ou Clémentine Desseaux ont alors gagné en popularité.
Le virage de la mode inclusive
Certain.e.s couturier.ère.s célèbres (on se souvient de Jean Paul Gaultier faisant défiler Beth Ditto) ont même décidé de prendre le virage de l’inclusivité. Toujours à travers les réseaux sociaux, le mouvement body positif continu à prendre toujours de l’ampleur en 2023. Les marques n’ont plus d’autres choix que de s’y intéresser. L’expression « mode inclusive » devient populaire et la fast fashion s’adapte en proposant des collections dédiées aux femmes rondes.
Et gare aux personnes/marques qui décident d’ignorer sciemment le mouvement body positif. On se souvient d’ailleurs que cela a coûté très cher à Victoria’s Secret et son PDG qui avançait que « les femmes rondes ne faisaient rêver personne ». À l’heure actuelle, on peut aisément dire que la tendance s’est inversée. On trouve énormément de collections grande taille.
Ainsi donc, certaines enseignes (encore trop peu nombreuses, il faut le reconnaître) sont entièrement dédiées à la grande taille. D’autres (la majorité), font le pari de ce que l’on appelle une mode inclusive. C’est-à-dire qu’elles proposent soit une collection grande taille du 46 au 52 et plus. Soit que toute la collection proposée va du 36 au 48 et plus. Bonne nouvelle nous direz-vous ! Mais peut-on parler réellement d’inclusivité ?
Qualité, savoir-faire et éthique
Le terme « inclusivité » induit d’inclure tout le monde, et non pas de scinder deux collections. Véhiculant une fois de plus que les femmes rondes et celles minces ne peuvent pas porter la même chose. Cela questionne aussi en termes de tailles. Où commence et où s’arrête l’inclusivité ? Du 38 au 58 ? Mais que fait-on des femmes qui font un un 32, 34, un 36, un 60 et plus ? Finalement, ce terme veut-il dire quelque chose ?
Se pose également la question de la qualité. On sait que la confection de vêtements grande taille demande un patron spécifique, plus de tissu, des coupes étudiées et certaines zones qui doivent être renforcées comme l’entrejambe par exemple. C’est pour cela que la plupart des collections qui vont du 38 au 52 perdent franchement en qualité sur les dernières tailles.
Produire un vêtement grande taille de qualité demande du matériel particulier et un certain savoir-faire. Qui plus est, nous savons à quel point la fast fashion est nocive pour la planète. Il est dérangeant d’acheter une tunique 10 €, de la mettre 3 fois et de devoir la jeter parce qu’elle n’a pas supporté les lavages en machine. Moralité, s’habiller tendance, responsable et abordable peut être un véritable défi.
Mode inclusive : entre faux espoir et nécessité
Alors, à la question : « la mode inclusive est-elle une réelle avancée ou un atout marketing ? », nous répondons « oui » et « non« .
Oui, parce que la situation était si catastrophique qu’il était grand temps que les marques se rappellent que c’est à la mode de se mettre au service des femmes, et non l’inverse. Oui, car le fait de voir des mannequins grande taille et des collections de vêtements dédiées aux formes est excellent pour la confiance en soi.
Mais non, parce que malgré toute la bonne volonté des marques, il ne s’agit pas d’altruisme. Bel et bien de marketing pour la majorité d’entre elles. Surtout que le terme « inclusive » peut aussi impliquer de présenter des mannequins noir.e.s, poilu.e.s, asiatiques ou encore en situation de handicap. Alors que ce devrait être la norme.
Non, parce que le terme de « mode inclusive » est biaisé. Et enfin, non, car nous faisons toujours face en 2023 à un souci éthique et à un problème de savoir-faire lorsqu’il est question d’acheter des vêtements grande taille.
Pour conclure, notre conseil pour s’habiller lorsqu’on dépasse la taille 44 ? Bien choisir les marques chez qui l’on décide de dépenser notre argent. Éviter la fast fashion : mieux vaut investir dans un vêtement de qualité qui nous suivra plusieurs années. Aussi, se montrer curieux.se et être toujours à l’affût des petites marques qui se lancent ou qui sont plus anonymes que les grandes enseignes. Une mode réellement inclusive, on dit oui !