Le vieillissement de la population, l’éclatement des familles, la mobilité sociale ou encore la pandémie ont largement favorisé l’isolement des personnes âgées. Nous sommes nombreux.ses à nous préoccuper du bien-être de nos seniors. Alors, que vous soyez vous-même isolé.e.s, qu’il s’agisse d’un.e de vos proches ou que vous vouliez vous engager contre ce fléau, de nombreux moyens dans notre société peuvent être sollicités pour lutter contre l’isolement social des personnes âgées.
Isolement social et solitude, deux notions différentes
On parle de solitude pour désigner « l’état de quelqu’un qui est seul momentanément ou habituellement ». À la différence de l’isolement, elle peut être choisie afin de se concentrer sur soi, se ressourcer, méditer…
Le Conseil économique, social et environnemental définit l’isolement social comme étant : « la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance ou de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance, un déficit de sécurité et une participation empêchée ».
Cet isolement social touche particulièrement les personnes âgées, handicapées ou dépendantes. On lui trouve de nombreuses causes comme la vie urbaine, la hausse du numérique, la précarité, la vieillesse, la dépression, la perte d’un.e être proche, la phobie sociale, la maladie ou encore le handicap.
Quelles sont les conséquences de l’isolement social ?
Nombreuses sont les études qui prouvent que l’isolement social n’est pas sans conséquences. D’abord, il agit sur la santé physique. En effet, il favorise grandement l’obésité, l’hyperglycémie (donc le diabète de type II) et les maladies cardio-vasculaires. Ensuite, il est la cause de troubles psychiques. Il peut être à la source d’un grand stress chronique, de comportements addictifs (tabac, alcool, drogues), d’une dépréciation de soi, de mort sociale ou de dépression pouvant mener au suicide.
Également, l’isolement social participe à la perte des capacités cognitives et fait augmenter de 60 % le risque de démence. Enfin, le Conseil national des ainés canadien considère l’isolement social comme « un facteur de risque de la maltraitance dû à la perte d’autonomie et d’indépendance (acte criminel, vol ou abus de confiance) ».
Le cas de l’isolement social chez les personnes âgées est particulièrement préoccupant. Nous savons qu’un.e sénior sur quatre vit seul.e, la moitié d’entre elleux n’a aucun lien amical et près de deux seniors sur trois sont sans activité pour rompre l’isolement. De fait, le vieillissement de la population entraîne un plus grand isolement social des personnes âgées. Le ministère des Solidarités et de la Santé considère qu’il touche environ 5 millions de Français.es.
Comment sortir nos aîné.e.s de l’isolement social ?
Ainsi, il est urgent de lutter contre cette solitude sociale que vivent nos seniors. En ce sens, chacun.e d’entre nous a un rôle à jouer (citoyen.ne.s, professionnel.le.s de santé, secouristes, facteur.rice.s, gardien.ne.s, voisin.e.s, aidant.e.s…). Il existe de nombreux moyens d’agir, en voici 10.
1 – Donner un sens au quotidien
Bien souvent, les personnes âgées associent leur sentiment de solitude à la sensation d’être inutile et de n’avoir plus de but. Une fois que la vie professionnelle prend fin, il devient essentiel qu’iels aient un objectif pour donner un nouveau sens à leur vie.
De nombreux loisirs et activités permettent par ailleurs de maintenir un rythme quotidien. Iels peuvent s’engager dans des activités de groupe ou devenir bénévoles. C’est une excellente façon de se sentir à nouveau utile. Vous pouvez vous renseigner auprès du Centre communal d’action sociale de votre ville pour trouver des activités à vos seniors ou des associations auxquelles iels pourraient appartenir.
2 – Prendre soin de la santé de nos aîné.e.s
Préserver la santé des personnes âgées est essentiel pour lutter contre leur isolement social. Les troubles de la santé liés à l’âge comme la perte d’audition, de vision ou l’incontinence sont un grand facteur d’isolement. Ils poussent les personnes touchées à éviter les situations impliquant des liens sociaux, à cause de la honte et des difficultés à communiquer.
C’est un fait dommageable dans la mesure où ce sont des problèmes facilement solvables avec des appareils auditifs, des lunettes ou autres matériels médicaux. Alors, pour aider nos proches à éviter un repli sur soi, vous pouvez les faire examiner régulièrement.
3 – S’occuper d’un animal de compagnie
Bénéficier de la présence d’un animal est un merveilleux moyen de réduire le sentiment d’isolement social des personnes âgées. Ce n’est pas un hasard si de nombreux EHPAD expérimentent la zoothérapie. La Fédération Française de Cardiologie nous apprend que l’adoption d’un chien réduirait de 36 % les risques cardiovasculaires liés à la sédentarité des seniors.
D’autres observations sur la colocation d’animaux de compagnie et de personnes âgées ne manquent pas de confirmer leurs bienfaits. Iels restent engagé.e.s socialement, sont moins déprimé.e.s, souffrent moins de la solitude, se sentent plus en sécurité, sont plus motivé.e.s à occuper leur temps libre et sont même moins médicamenté.e.s.
4 – Avoir une image positive de son corps
Nous n’y pensons pas forcément, mais de nombreuses personnes âgées évitent les interactions sociales, car elles ont une image négative de leur corps. Alors, vous pouvez les aider à reprendre confiance en elleux en les complimentant.
Parfois, il s’agit simplement de les emmener chez le.a coiffeur.se ou l’esthéticien.ne. Cela favorisera leur estime d’elleux en plus de les aider à maintenir un lien social.
5 – S’impliquer dans une association
Nous l’avons dit, le passage à la retraite favorise la sensation de vide au quotidien et d’inutilité. Pour ne pas laisser s’installer ce sentiment, vous pouvez encourager votre proche à s’engager dans des associations.
Qu’il s’agisse de bénévolat, comme précédemment évoqué, ou de loisirs, les associations sont idéales pour rompre l’isolement des personnes âgées. Ainsi, vous pouvez encourager les activités culturelles ou sportives comme le chant, la danse, la peinture, la marche, les cartes, etc.
6 – Lui offrir un bain de connaissance
Il est recommandé à tou.te.s de travailler sa mémoire et stimuler sa curiosité, mais ce conseil est d’autant plus important pour les seniors. Pour cela, mille et une initiatives existent. On trouve les fameuses sorties culturelles au musée, au cinéma ou au théâtre, lieux qui proposent souvent des réductions pour le troisième âge.
Aussi, les différentes institutions territoriales leur proposent de nombreux programmes à la culture. Enfin, la technologie leur permet de se cultiver à volonté en ligne (Canal U ou CNED) ou en live (UFUTA ou l’Université Française de Tous les Âges). Cela peut être l’occasion de proposer des cours de numérique à ces personnes âgées qui sont victimes de la fracture numérique. En effet, ne sachant pas utiliser les nouvelles technologies et les moyens de communication digitaux, elles sont mises à la marge d’un pan de la société.
Qui plus est, il est désormais plus aisé pour elleux de se déplacer grâce à la carte d’inclusion mobilité ou à des facilités (stationnement, caisses prioritaires, places handicapées…).
7 – Leur permettre de s’évader
Si vous en avez les moyens, pourquoi ne pas sortir vos proches de leur environnement quotidien ? Vous pouvez par exemple les emmener en week-end ou en vacances.
Sinon, il existe des dispositifs qui offrent aux personnes âgées des vacances à prix réduit hors de la période estivale, parfois même avec leur aidant.e. Les voyages constituent une excellente occasion de faire de nouvelles connaissances et de changer d’air !
8 – Encourager les seniors pieux.ses à poursuivre leur pratique religieuse
L’église, le temple, la mosquée ou la synagogue sont traditionnellement des lieux de rencontre et de socialisation. Des études américaines constatent un taux de mortalité plus faible chez les personnes âgées se rendant régulièrement sur des lieux de culte.
Iels profitent du lien social généré par la rencontre de pratiquant.e.s. En plus de réduire leur isolement, les lieux de cultes permettent aux seniors de bénéficier du regard des autres fidèles qui peuvent constater d’éventuels déclins de santé.
9 – Envisager d’autres formes d’hébergement
Généralement, le sentiment de solitude s’empare de nous lorsque nous sommes à la maison. Ayant pris conscience du fort isolement social des personnes âgées, de nombreuses initiatives ont germées.
Il existe désormais des formules dans lesquelles des personnes âgées accueillent de jeunes adultes chez elleux. D’autres encore proposent des colocations entre seniors avec un service inclus. Cela leur permet de retrouver un sentiment de vie en communauté sans avoir la préoccupation des tâches ménagères ou de l’organisation du quotidien.
10 – Faire appel à des associations spécialisées
Connaissez-vous toutes ces bonnes adresses pour rompre l’isolement social des personnes âgées ? En effet, partout en France, de nombreuses initiatives se sont montées pour leur venir en aide. On trouve notamment l’association MONALISA qui rassemble 518 organisations luttant ensemble contre l’isolement « en soutenant et suscitant l’engagement bénévole de proximité ». Vous pouvez donc prendre contact avec l’une de ses coopérations territoriales.
Aussi, si vous avez un.e proche âgé.e en situation d’isolement social, vous pouvez vous intéresser à l’organisation Mamie Boom. Présente dans plusieurs villes de France, elle propose à des étudiant.e.s de tenir compagnie à une personne âgée quelques heures durant au cours de la semaine. Il s’agit d’une activité rémunérée permettant à la fois de lutter contre la précarité étudiante et l’isolement social des personnes âgées.
Finalement, lutter contre ce phénomène signifie en premier lieu créer un rituel social. C’est-à-dire qu’il faut implanter des habitudes sociales comprenant des interactions. Il est important de favoriser les liens, de prévoir des rendez-vous réguliers tout en prenant soin de leur santé. Ainsi, elles garderont le goût du quotidien et l’envie d’échanger.